Un futur brillant pour le basketball masculin à Montréal
Les succès individuels des basketteurs québécois Luguentz Dort et Chris Boucher font des petits. À Montréal, les talents émergents abondent. Après avoir rencontré deux des meilleures jeunes joueuses de la province la semaine dernière, Métro vous présente Olivier-Maxence Prosper et Karim Mané.
Olivier-Maxence Prosper
Olivier-Maxence Prosper était destiné à manier le ballon orange. Sa mère a joué une partie de son basketball universitaire au Manhattan College, dans l’État de New York, et porté le chandail d’Équipe Canada. Son père a joué pour l’université Concordia.
«Ça a toujours été dans mon sang, dans ma famille. Depuis que je suis tout petit, j’allais les voir jouer et j’ai trouvé ma passion comme ça», explique le jeune joueur, qui a eu 17 ans au début du mois de juillet.
À cet âge, l’arrière est encore loin de la NBA, mais sa taille imposante pourrait faire croire qu’il s’approche déjà des ligues professionnelles. Prosper mesure déjà plus de deux mètres. Peu de joueurs à sa position atteignent cette taille dans la NBA.
Après avoir été formé au sein du programme de basketball Brookwood, à Pierrefonds, dans l’ouest de l’Île de Montréal, l’athlète a décidé de faire ses bagages pour l’Illinois. La saison dernière, il a participé à sa première saison avec l’Académie de Lake Forest, au nord de Chicago.
«Au début de l’année, c’était un peu dur pour moi, se remémore-t-il. S’adapter au basket aux États-Unis, à la communauté… Mais avec du temps et de la pratique, je me suis habitué.»
Il ne regrette pas d’avoir rejoint cette école — qu’il occupera pour deux ans encore — malgré son attachement au Québec.
«Il y a plus de ressources aux États-Unis pour aller plus loin au plan basketball, explique Prosper. Montréal c’est bien, mais le Canada n’est pas reconnu pour son très bon niveau. Les États-Unis, c’est là ou le basketball professionnel est basé, où les recruteurs se retrouvent.» – Olivier-Maxence Prosper
Prosper est fier de l’uniformité de son jeu, mais il travaille particulièrement sur son habileté à «créer de l’espace» et réussir des lancers à l’intérieur de la ligne des trois points. L’an prochain, l’entraîneur-chef de Lake Forest compte lui donner les clés de l’équipe.
L’espoir qui a grandi à Laval ne doute pas de sa capacité à atteindre les grandes ligues. «Je veux montrer aux Américains que les Canadiens aussi sont capables de jouer au basket», lance-t-il.
Karim Mané
L’arrivée du basketball dans la vie de Karim Mané s’est faite assez tardivement pour un espoir d’élite comme lui. Celui qui est arrivé à sept ans au Québec en provenance du Sénégal n’a commencé à dribbler qu’en 2012.
Ce retard par rapport à la crème du basketball québécois s’est particulièrement rétréci en 2016, lorsque le meneur de jeu a pris part à une saison complète avec le programme de basketball Pagé, qui a entre autres développé l’ex-joueur de la NBA Samuel Dalembert.
«Lucien-Pagé a transformé mon jeu et ma mentalité, observe Karim Mané. Les entraîneurs là-bas m’ont aidé à développer un “instinct du tueur”. Le nombre d’heures que j’ai passées dans le gymnase, ça m’a vraiment rendu meilleur. J’ai évolué là-bas.»
Après avoir fait ce bond majeur dans son développement, l’athlète de 19 ans a été recruté au sein du programme de basketball du collège Vanier, dans Saint-Laurent. La saison dernière, il a été nommé joueur de l’année par le Réseau du sport étudiant du Québec. Il a aussi été nommé sur l’équipe d’étoiles de l’Association canadienne du sport collégial.
«C’est un honneur, mais, avec le travail que j’ai mis, je savais que ça allait arriver un jour ou l’autre», affirme-t-il.
Karim Mané tente d’être un créateur de jeu sur le terrain. Quand il décrit son jeu, il insiste sur son esprit compétitif et son leadership. «Je peux marquer des points facilement, sans effort», ajoute-t-il.
Le jeune espoir, qui a grandi à Longueuil, a utilisé ces attributs pour afficher des statistiques impressionnantes la semaine dernière à la Coupe du monde des 19 ans et moins de la Fédération internationale de basket-ball. Il a terminé le tournoi avec près de 12 points, 3 passes décisives et 4 rebonds par match. «J’ai prouvé que j’ai le niveau de la plupart de ces gars-là», soutient Mané.
Au contraire de plusieurs de ses coéquipiers au sein de l’équipe nationale, le basketteur a fait le choix conscient de rester en place au Québec pour son parcours collégial.
«J’ai toujours pensé que, si tu veux quelque chose, tu vas tout faire pour l’avoir, peu importe ta situation. Si je travaille et je prouve mon niveau sur le terrain, les recruteurs vont savoir je suis qui. C’est ce qui est arrivé» – Karim Mané
Si le Québec peut s’améliorer sur le plan basketball, c’est surtout dans la publicité qu’il fait à son talent local, selon le meneur de jeu. «Dans mon cas, j’ai été découvert plus tard, parce que je n’avais pas la publicité que les gens aux États-Unis ont», poursuit-il.
Les yeux des recruteurs, Karim Mané les a attiré grâce à son niveau de jeu: le Longueuillois a déjà reçu des offres d’une quarantaine d’université américaines en vue de la saison 2020-21.