La pollution de l’air pourrait aussi nuire à la mémoire
Des chercheurs britanniques ont montré que l’exposition à la pollution atmosphérique pouvait affecter de manière significative la rétention mentale.
Des recherches menées par des scientifiques de l’université de Warwick au Royaume-Uni ont analysé un échantillon représentatif de la population nationale de 34 000 individus, disséminés dans 318 zones géographiques anglaises.
Les chercheurs ont collecté des informations sur la qualité de l’air pour chaque région, notamment les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) et de particules fines (PM10), de toutes petites poussières d’un diamètre de 10 micromètres ou moins. Le NO2 et les PM10 sont des produits des combustibles fossiles émanant des véhicules et de l’industrie.
Les participants devaient mémoriser 10 mots sous forme de test standardisé et étaient notés de zéro à dix en fonction de leurs réponses.
Les chercheurs ont aussi pris en compte l’âge des participants, leur santé et leur niveau d’instruction, leur ethnicité et leur emploi, autant de facteurs qui peuvent jouer sur la mémoire.
Leurs résultats, à paraître dans la revue Ecological Economics, ont montré que les personnes vivant dans les zones où se concentraient de forts taux de NO2 et PM10 affichaient de moins bons scores au test de mémoire que ceux vivant dans les régions les moins polluées.
Les scientifiques ont même estimé que les personnes qui résidaient dans les zones les plus polluées (comme Kensington et Islington à Londres) affichaient un niveau de mémoire inférieur aux individus qui vivaient dans les zones les moins polluées d’Angleterre (comme sur la côte ouest, dans le Devon et West Somerset).
«Lorsqu’il s’agit de se souvenir d’une suite de mots, un cinquantenaire résidant dans la pollution de Chelsea affiche le même score qu’un sexagénaire à Plymouth. Nous ne sommes pas encore exactement sûrs de la manière dont le dioxyde d’azote et les particules fines agissent pour produire cela», a commenté le co-auteur Andrew Oswald.
Les scientifiques notent que bien qu’il soit toujours nécessaire de faire preuve de prudence pour interpréter ce type de résultats, ils les trouvent «inquiétants», et ils s’inscrivent dans la lignée d’études réalisées sur des animaux.
«Il existe très peu de preuves précédentes de l’association négative entre de forts niveaux de pollution et la mémoire sur des sujets âgés et sur les enfants», a précisé le co-auteur Nattavudh Powdthavee, «mais la plupart de toutes les recherches menées sur l’homme sur ce sujet se fondaient sur des corrélations élémentaires et non pas sur des échantillons représentatifs de la population à l’échelle d’un pays. Nous avons essayé de résoudre ces deux problèmes avec notre étude.»