«Faites votre travail!», les anti-Trump mobilisés devant le Capitole
«Trump doit partir», «Le monde regarde», «Protégez la Constitution»: brandissant des pancartes sans équivoque, une foule de plusieurs centaines de personnes est venue soutenir mercredi matin, devant le Capitole à Washington, les élus démocrates qui s’apprêtent à mettre en accusation le président américain.
Sur une parcelle d’herbe, entre les arbres et sous un ciel bleu, les orateurs des différentes organisations à l’origine du rassemblement défilent sur une petite scène, installée devant l’emblématique coupole du Congrès et entourée de grandes lettres orange: «impeach».
«Notre président est un criminel», «un traître», cingle Susanna Kanner, 37 ans, venue manifester avant de se rendre à son travail.
Les républicains «sont prêts à ignorer la Constitution juste pour garder leur homme au pouvoir. C’est répugnant», dit avec colère cette habitante de la capitale américaine, une ville profondément démocrate.
Au milieu des drapeaux américains, la foule n’a qu’un seul et unique message, scandé en coeur à l’adresse des parlementaires en train de débattre à quelques centaines de mètres de là: «Faites votre travail!»
«Trump a utilisé des moyens diplomatiques pour son propre bénéfice politique», s’insurge Mark Grace, 56 ans, venu avec son chien Ben. Se décrivant comme «un simple citoyen inquiet», il estime que le milliardaire septuagénaire est «une menace pour la démocratie». Il espère que ce rassemblement «montrera aux républicains que nous n’avons pas complètement capitulé».
En ce 18 décembre, un homme déguisé en Père Noël souhaite un «merry impeachment» (joyeuse destitution) à Donald Trump, qui doit devenir plus tard dans la soirée le troisième président américain à être renvoyé en procès.
Plus loin, un vendeur ambulant profite de l’occasion pour proposer des pin’s proclamant fièrement «Je suis la résistance».
Les démocrates ne devraient-ils pas plutôt se concentrer sur l’élection de novembre 2020 pour empêcher la réélection de Donald Trump? «Non, il est trop dangereux», oppose Jill Watson, 72 ans. «Et plus l’élection approche, plus il sera intenable».
Pour cette retraitée, l’«impeachment» du milliardaire n’a rien à voir avec celui subi par Bill Clinton en 1998 pour avoir nié sous serment avoir eu des relations sexuelles avec une stagiaire à la Maison-Blanche. «C’était une peccadille sexuelle, cela n’a pas affecté notre gouvernement, alors que Trump détruit nos valeurs», juge-t-elle.
Toutes les générations sont représentées. Un groupe de lycéens de l’État voisin de Virginie est aussi venu se faire entendre. «Nous voulons que les gens sachent que nous allons voter à la prochaine élection et que nous regardons ce que fait Trump. Et ça ne va pas du tout!», proclame Anna Meleski, 17 ans, les cheveux teints en rose.
De l’autre côté de la route, seuls trois pro-Trump ont fait le déplacement, avec à la main une pancarte «impeach Pelosi», à l’adresse de la chef des démocrates à la Chambre.
Depuis l’élection de Donald Trump en 2016, les manifestations se sont multipliées aux États-Unis. Greg DiConstanzo, 49 ans, n’était jamais descendu dans la rue «avant ce président». Mais après y avoir soutenu la cause des femmes et des immigrés à plusieurs occasions, ainsi que l’«impeachment» aujourd’hui, il en est venu à défendre l’idée que «la démocratie, ce n’est pas juste rester inactif et attendre que quelqu’un d’autre fasse tout» pour vous.
Une coalition d’associations militantes progressistes avait déjà organisé mardi soir plusieurs centaines de rassemblements dans tout le pays.