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Mort de Kobe Bryant: l’approche «impitoyable» de TMZ

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Le fondateur de TMZ, Harvey Levin, avocat de formation et ancien journaliste Photo: Frederick M. Brown/Getty Images

Déjà réputé pour ses cancans et ses indiscrétions en tous genres sur les célébrités, le site people américain TMZ s’est trouvé une autre spécialité: être en tête pour annoncer la mort des grands de ce monde, coûte que coûte.

TMZ a effectivement été le premier à faire état de l’accident d’hélicoptère dans lequel la légende du basket Kobe Bryant et huit autres personnes ont trouvé la mort dimanche près de Los Angeles.

Outrés, des responsables de la police ont vivement réagi, critiquant le site internet pour avoir divulgué l’identité du sportif avant même que sa famille et celles des autres victimes aient pu être officiellement prévenues.

Le shérif du comté de Los Angeles, Alex Villanueva, a jugé cette pratique «extrêmement irrespectueuse» et «totalement inappropriée».

Son adjoint, Tim Murakami, s’est quant à lui dit «attristé», soulignant qu’il était en train de rassembler des informations «lorsqu’un média a rapporté que Kobe avait disparu». «Je comprends qu’on veuille avoir un scoop, mais s’il vous plaît laissez-nous le temps de prévenir personnellement les proches», a-t-il écrit sur Twitter.

«C’est vraiment dur d’apprendre une perte par les médias. Cela me brise le coeur», a estimé le policier.

Sollicité par l’AFP sur sa stratégie et ses procédures en la matière, TMZ, propriété du groupe WarnerMedia, n’avait pas répondu lundi après-midi.

Créé en 2005, le site basé à Los Angeles a déjà plus d’un coup d’éclat à son actif dans ce funèbre domaine: c’est TMZ qui avait annoncé la mort de Michael Jackson, Whitney Houston ou encore Prince, avant les grands médias traditionnels.

Parmi ses scoops mémorables figurent aussi l’arrestation pour conduite en état d’ivresse de l’acteur Mel Gibson, durant laquelle il avait tenu des propos jugés anti-sémites, et les violences de Chris Brown sur sa petite amie de l’époque, la chanteuse Rihanna.

Selon les experts, c’est l’étroit réseau d’informateurs, particulièrement à Los Angeles, la ville des stars, qui permet à TMZ d’être si réactif.

Certains affirment que des chauffeurs de limousines, des responsables aéroportuaires et autres employés de tribunaux figurent parmi les sources du site, bien que cela n’ait jamais été officiellement confirmé. Des policiers et officiers de justice ont toutefois déjà perdu leur emploi après avoir été accusés d’avoir fourni des informations confidentielles à TMZ.

«Effectivement, quand il s’agit d’informations people qui font les gros titres, comme l’histoire de Kobe, TMZ est en tête», estime Simon Thompson, journaliste et producteur spécialisé dans l’industrie du divertissement à Hollywood. «Ils ont des gens partout».

Le média est connu pour rémunérer les «tuyaux», des récompenses qui peuvent atteindre plusieurs milliers de dollars, au détriment des règles déontologiques de base du journalisme, écrivait le magazine New Yorker dans un portrait de TMZ évoquant une «approche impitoyable» de la presse à scandales.

Le fondateur de TMZ, Harvey Levin, avocat de formation et ancien journaliste, déclarait en 2014 à la chaîne Fox News qu’il ne voyait «rien de mal» à acheter à des sources des vidéos de surveillance.

Contacté par l’AFP, M. Levin n’a pas réagi.

Les médias traditionnels rechignent généralement devant ces pratiques mais TMZ n’est pas pour autant un cas unique et la primeur des informations qu’il obtient lui ont parfois valu d’être reconnu pour son travail d’enquête.

Le nom du média vient de «Thirty Mile Zone» (zone des trente miles), une vielle expression utilisée à Hollywood pour désigner les limites du quartier de l’industrie du divertissement.

Fort de son succès, le site produit désormais des émissions de télévision et gère des excursions autour des villas de stars et autres célébrités.

Les méthodes de TMZ ont beau être très critiquées, elles sont efficaces. «Que vous aimiez ou non leur manière de faire, ils ont un très bon réseau en place lorsqu’ils ont besoin d’obtenir des informations précises rapidement», résume Simon Thompson.

Et le journaliste d’ajouter: «Leur historique est plutôt solide».

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