À Wuhan, l’hôpital bâti dans l’urgence reçoit ses premiers malades
Le gouvernement chinois a admis lundi qu’il y avait eu des «insuffisances» dans sa réaction à la crise du nouveau coronavirus, le jour où les premiers malades ont été admis dans le nouvel hôpital bâti dans l’urgence à Wuhan, l’épicentre de l’épidémie.
Avec 362 morts en Chine continentale, le bilan du nouveau coronavirus y dépasse désormais celui du Sras, qui en 2002-2003 avait tué 349 personnes.
Les autorités chinoises ont annoncé avoir un besoin urgent de masques de protection et de matériel médical pour faire face à l’épidémie.
Les ministres de la Santé des pays du G7 devaient avoir une conférence téléphonique le même jour pour coordonner leur réponse, a annoncé le ministère français de la Santé à l’AFP.
Dix jours après le début de la crise, marqué par le confinement de la métropole de Wuhan (centre) et de sa province, le Hubei, les places boursières chinoises de Shanghai et de Shenzhen ont plongé d’environ 8% après une interruption de dix jours des cotations. Soit la plus forte baisse des indices chinois depuis le krach boursier de 2015.
Dans le contexte de la paralysie de la Chine par la peur du virus, qui a contaminé plus de 17 000 personnes, Pékin a reconnu des «insuffisances» dans sa réaction et a aussi admis compter sur le reste du monde pour répondre à la crise.
Le Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste a demandé une amélioration du dispositif de réaction aux situations d’urgence à la suite d’«insuffisances et de difficultés apparues dans la réponse apportée à l’épidémie», a écrit lundi l’agence officielle de presse Chine nouvelle.
«Ce dont la Chine a besoin d’urgence, ce sont des masques, des combinaisons et des lunettes de protection», avait précédemment déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying.
Elle a précisé que plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni, le Japon et la Corée du Sud, avaient déjà envoyé des fournitures médicales.
La Chine s’efforce d’en importer d’Europe, du Japon et des États-Unis, selon le ministère de l’Industrie.
À Genève, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a mis en garde contre l’utilisation de masques de mauvaise qualité, qui peuvent donner «un faux sentiment de protection».
Tandis que le virus s’est diffusé dans 24 autres pays, la Commission nationale de la santé a fait état pour la Chine d’un bilan de 362 morts, dont 57 décès supplémentaires au cours de la seule journée de dimanche, un record.
Ce coronavirus a désormais fait en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) plus de morts que l’épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) qui y avait fait 349 décès en 2002-2003.
Le virus a également fait un mort pour la première fois en dehors de Chine, un Chinois de 44 ans originaire de Wuhan qui a succombé aux Philippines, a annoncé dimanche l’OMS.
Le nombre des malades a grimpé à plus de 17 200, dépassant largement celui du Sras qui avait au total provoqué la mort de 774 personnes dans le monde, en majorité en Chine continentale et à Hong Kong.
La plupart des décès et des cas de contamination sont à déplorer à Wuhan et dans sa province où quelque 56 millions d’habitants sont coupés du monde depuis le 23 janvier.
Face à un système hospitalier débordé, cette métropole a accueilli lundi les premiers malades dans un nouvel hôpital construit en dix jours, a indiqué le Quotidien du Peuple.
Depuis le 24 janvier, la Chine s’est passionnée pour la construction de cet hôpital, les caméras de télévision filmant quasiment en continu les milliers d’ouvriers, ainsi que les pelleteuses et les grues qui s’activaient sur le chantier.
Un autre hôpital encore plus grand (1600 lits) est en construction et devrait ouvrir dans quelques jours.
Le gouvernement a octroyé trois jours de congés supplémentaires dans l’espoir de retarder le retour vers les villes des centaines de millions de travailleurs migrants rentrés dans leur province pendant le Nouvel An lunaire.
Les personnes originaires du Hubei sont parfois en butte à l’ostracisme et à la suspicion.
Les Bourses chinoises ont été rattrapées à leur réouverture par l’inquiétude qui fait dévisser les autres places mondiales depuis dix jours.
Les autorités chinoises avaient pourtant pris les devants pour tâcher de rassurer les investisseurs. La banque centrale chinoise avait annoncé dimanche l’injection de 1200 milliards de yuans (156 milliards d’euros) dans le système bancaire pour soutenir l’économie.
Mais elles n’ont pu empêcher Shanghai de reculer de 7,72% et Shenzhen de 8,41%.
Inquiets, de nombreux pays ont multiplié les mesures de protection. États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Irak, Israël et Philippines notamment ont interdit l’entrée sur leur territoire aux étrangers s’étant récemment rendus en Chine.
Hong Kong a annoncé lundi la fermeture de presque tous les points de passage terrestres avec la Chine continentale, ne laissant ouverts que deux ponts.
La Russie a annoncé lundi qu’elle pourrait procéder à l’expulsion des étrangers porteurs du virus, après avoir décidé la semaine dernière de fermer sa frontière de plus de 4000 km avec la Chine et réduit les liaisons avec ce pays.
Mais c’est aux États-Unis que s’en est est prise la porte-parole de la diplomatie chinoise, les accusant de «semer la panique» par leurs mesures restrictives et de donner «un très mauvais exemple».
Les croisiéristes n’en ont pas moins décidé d’interdire la présence à leur bord de passagers ou membres d’équipage ayant voyagé en Chine au cours des 14 derniers jours, a annoncé lundi leur fédération internationale.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a proclamé la semaine dernière l’urgence internationale, a dit le même jour travailler avec des géants du net à combattre la désinformation en ligne autour du virus.
Pendant ce temps, les opérations de rapatriement d’étrangers coincés à Wuhan se poursuivent. La France a accueilli dimanche un deuxième avion, avec des passagers de 30 nationalités. Les tests effectués pour une vingtaine d’entre eux en raison de «symptômes» se sont révélés «négatifs».
Un avion ramenant 243 personnes, dont 89 enfants, a atterri lundi en Australie qui envisage l’envoi d’un deuxième appareil.
Enfin, à six mois des jeux Olympiques de Tokyo, l’agence antidopage chinoise Chinada a décidé de suspendre «momentanément» ses activités de contrôle «dans un souci de protection de la santé» en raison de l’épidémie.