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SPVM: trois arrondissements réclament le port de caméras portatives

caméras portatives
Axon Body 2 Camera by TASER International, Inc., Scottsdale, AZ, USA (PRNewsFoto/TASER International, Inc.) Photo: Kenneth Krehbiel/PR NEWSWIRE

Trois arrondissements montréalais ont adopté à l’unanimité lundi soir une motion de l’opposition officielle demandant que tous les policiers de Montréal disposent de caméras portatives afin de lutter contre le profilage racial et social.

«Nous pensons que le malheureux événement de George Floyd, à Minneapolis, est une occasion d’aller de l’avant avec les caméras portatives», explique à Métro le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, en référence à l’Américain noir victime d’une intervention policière brutale à Minneapolis, le 25 mai.

Dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, les trois élus de Projet Montréal ont d’ailleurs appuyé cette motion, tout comme les autres élus de l’arrondissement. Celle-ci a aussi récolté un vote unanime dans Montréal-Nord et Pierrefonds-Roxboro.

«Ne nous leurrons pas en pensant que la violence policière est exclusivement un problème américain», a déclaré un peu avant l’adoption de cette motion lundi soir la mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery. Cette dernière a ensuite énuméré les noms de plusieurs jeunes hommes noirs qui ont perdu la vie entre les mains de policiers montréalais au cours des dernières décennies, dont Anthony Griffin (1987), Marcellus François (1991) et, plus récemment, Nicholas Gibbs (2018). 

«Pour nous, c’est une mesure concrète. C’est une mesure réaliste qui va faire avancer les choses», ajoute M. Perez. 

L’adoption de ces motions a eu lieu au lendemain d’un vaste mouvement de mobilisation aux États-Unis et au Canada contre la brutalité policière et le racisme. À Montréal, des milliers de personnes ont manifesté au centre-ville dimanche pour demander notamment la fin du profilage racial.

Projet pilote

En janvier 2019, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a publié le bilan d’un projet pilote sur le port de caméras portatives par 78 patrouilleurs de Lachine, du Plateau-Mont-Royal et de Montréal-Nord tenu de mai 2016 à avril 2017. Ce rapport affirme notamment que cette initiative n’a pas permis de prouver que le port de caméras portatives par les forces de l’ordre assure la transparence des opérations policières.

Le document mentionne par ailleurs que la Ville devrait débourser 17 M$ pour acheter les caméras portatives et former les quelque 3000 patrouilleurs du SPVM. À cela s’ajouteraient des frais annuels de 24 M$ pour le maintien du système. Devant ces constats, l’administration de Valérie Plante a rejeté en février 2019 l’idée de munir les policiers de cette technologie à court terme.

Ensemble Montréal, de même que plusieurs organismes, remet toutefois en question les conclusions de ce rapport. Le parti affirme notamment que les coûts reliés à ce projet pilote sont exagérés. Il souligne également que cette technologie est plus efficace maintenant qu’elle ne l’était il y a quatre ans.

«Ça fait un an et demi que cette administration rejette cette option. Je pense qu’elle doit revoir sa position», estime le conseiller de Montréal-Nord Abdelhaq Sari. Selon lui, le port de caméras portatives par les policiers de Montréal augmenterait «la confiance des citoyens» envers ceux-ci. 

Inaction déplorée

Dans les derniers mois, l’administration Plante a répété à plusieurs reprises qu’elle ne ferme pas la porte à un nouveau projet pilote sur les caméras portatives. Ailleurs au pays, les corps de police de Toronto et de Calgary ont notamment adopté celles-ci.

«Même s’ils disent qu’ils sont d’accord, ils n’ont rien fait en ce sens», déplore M. Sari, qui est d’ailleurs vice-président de la Commission de la sécurité publique de la Ville. 

«Jusqu’à maintenant, on ne trouve aucun leadership de la part de l’administration Plante sur ce dossier-là.» -Abdelhaq Sari, vice-président de la Commission de la sécurité publique 

Dans une déclaration écrite à Métro, la responsable de la sécurité publique au sein du comité exécutif, Rosannie Filato, s’est de nouveau dite «favorable à l’implantation de caméras portatives» au sein du SPVM. Pour ce faire, toutefois, la Ville devra travailler avec le gouvernement du Québec afin que le «redéploiement» de cette technologie dans les forces de l’ordre «soit cette fois un succès», estime l’élue de Projet Montréal.

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