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Non, les Québécois blancs n’ont pas vécu la même oppression que les Noirs

Racisme et discrimination
Le 31 mai dernier, plus de 10 000 manifestants ont marché à Montréal contre le racisme et la brutalité policière. Photo: Pablo Ortiz/Métro

«Les québécois sont parmi les moins racistes dans le monde car ils sont passés par le même genre de chemin». La mort de George Floyd aux États-Unis réveille des comparaisons entre l’expérience des Afro-Québécois et des Canadiens-Français. Des propos inutiles, selon plusieurs experts noirs, qui exhortent les Québécois blancs de s’éduquer sur le «passé de colonisateur» de leur peuple.

La mort de George Floyd, tué par un agent de police aux États-Unis, trouve des échos au Québec et à Montréal. Dimanche, dans les rues de la métropole, des milliers de personnes ont dénoncé les comportements de racisme et de profilage racial.

Sur les réseaux sociaux, des usagers dressent des comparaisons entre les Québécois de descendance canadienne-française, «colonisés» par les Anglais, et l’esclave noir. «Les Québécois sont parmi les moins racistes dans le monde car ils sont passés par le même genre de chemin, écrit l’un d’eux sur Twitter. On a été colonisé, exploité et exproprié.»

«Les Canadiens-Français, comme on nous appelait, portent 400 ans d’injustices anglo-canadiennes», ajoute un autre utilisateur.

«Foutaises»

Des «foutaises», selon le rappeur et historien Webster. Il exige de faire attention à ces comparaisons. «Je n’ai jamais vu des Québécois à vendre dans les journaux. Il n’y a jamais personne qui a possédé des Québécois de par leur langue», constate-t-il.

Même son de cloche chez la militante noire Anastasia Marcelin. «Ce n’est pas la même chose. Les Québécois ont pu passer à autre chose», lance-t-elle.

Selon elle, les Québécois dits «de souche», devenus majoritaires avec le temps, ont pu construire un Québec à leur image. «Ils sont chez eux», indique-t-elle.

Webster convient que les Québécois ont pu faire face à de la discrimination. «On n’est pas en train de nier que, par la langue, il y a eu des injustices. Mais on ne peut pas analyser l’histoire de par ce que le Québec a vécu», lance-t-il.

«Les gens veulent en faire un concours de la misère et de l’oppression.» – Webster, artiste et historien

Selon l’activiste Will Prosper, les internautes derrière ces messages font preuve d’«égoïsme». «C’est un jeu de hiérarchisation qui est centré sur soi-même», dénonce-t-il.

«Histoire coloniale»

Ces propos enragent d’autant Webster, de son vrai nom Ali Ndiaye, que «le Québec a aussi une histoire de colonisateur», explique-t-il.

«Je serais curieux de demander aux Autochtones ce qu’ils pensent de tout ça», affirme l’artiste.

La réalité oubliée, croit-il: l’esclavage des Noirs ici même au Canada français. «C’est une information qui a été évacuée de notre histoire.»

Anastasia Marcelin souhaite voir l’histoire des Noirs au Québec mieux illustrée dans les livres d’histoire. Une façon, selon elle, d’éviter des propos du genre. «Certains ne comprennent pas le privilège blanc qu’ils ont. Ça passe par l’éducation», lance-t-elle.

M. Prosper demande pour sa part au premier ministre François Legault de revoir ses opinions sur le racisme au Québec. Lundi, le chef de la Coalition avenir Québec affirmait qu’il «n’y a pas de discrimination systémique» dans la province.

«Le rôle du politicien, c’est un rôle de pédagogue. Ce n’est pas juste d’aller chercher des votes, insiste le militant. Si tu n’es pas capable de reconnaître les injustices profondes dans notre société, tu crées un Québec injuste.»

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