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Affaire Bernard Adamus: la maison de disques Dare to Care dans la tourmente

Les Soeurs Boulay
Les Sœurs Boulay Photo: Pablo Ortiz/Métro

La prestigieuse maison de disques Dare to Care est fortement ébranlée par les accusations d’inconduite formulées à l’endroit de Bernard Adamus: son président Éli Bissonnette a quitté temporairement ses fonctions, jeudi, tandis que des artistes et des employés se sont publiquement dissociés de sa direction.

Le président et directeur artistique de la maison de disque indépendante (à laquelle sont notamment associé Émile Bilodeau, Fred Fortin ou Coeur de Pirate) était pointé du doigt pour avoir fermé les yeux sur les agissements d’Adamus.

Adamus a reconnu la veille avoir eu des comportements inappropriés.

Éli Bissonnette a avoué qu’il n’avait pas agi assez tôt concernant les comportements reprochés à Bernard Adamus.

«Je reconnais qu’en n’agissant pas, j’ai été complice de tout un système qui maintient les victimes dans le silence», a-t-il écrit dans un message qui a été retiré de Facebook depuis.

«Est-ce que j’étais au courant des rumeurs le concernant? Oui. Est-ce que j’ai déjà essayé de creuser pour comprendre à quoi on faisait face? Oui, mais pas assez. Est-ce que je savais tout? Non. (…) Est-ce que j’ai pris la décision de continuer à travailler avec Bernard Adamus? Oui. Est-ce que c’était une erreur? Oui. Je la dénonce et l’assume», a-t-il ajouté.

Il a aussi admis avoir lui-même eu des comportements répréhensibles.

«Mon rôle de président au sein d’une maison de disques établie m’offre un passe-droit insidieux et malsain: je représente une figure d’autorité. Je réalise maintenant à quel point, vu mon statut, certains de mes agissements, remarques, relations n’étaient pas forcément d’égal à égal», a-t-il écrit.

«Je n’ai jamais volontairement utilisé ce privilège et je n’ai jamais voulu rendre qui que ce soit inconfortable, mais suite à ma réflexion de la dernière année, je ne peux nier que ça s’est produit.»

Les employés de dissocient

Les employés de la maison de disques se sont également dissociés officiellement de leur patron.

«Nous nous dissocions de ces gestes, car ce sont ces individus qui les ont commis, mais nous ne pouvons pas laver la partie du blâme qui nous est dû», peut-on lire dans un message rédigé au nom des 25 employés de la boîte.

«À travers notre expérience professionnelle chez DTC, nous avons endossé et normalisé trop souvent et à tort des comportements déplacés. Nous n’avons pas été en mesure de créer un espace sécuritaire pour que les voix soient entendues et nous avons manqué d’écoute à plusieurs reprises. Nous en sommes sincèrement désolés.»

La missive indique qu’Éli Bissonnette, seul actionnaire de l’entreprise, n’est plus présent au sein du comité de direction et ne prend plus part à aucune décision.

Les employés indiquent envisager la voie de la méditation pour modifier la structure de l’entreprise et assurer la poursuite de ses opérations.

Rejoint par Métro, des employés de Dare to Care n’ont pas voulu commenter davantage la situation.

Les soeurs Boulay quittent

Les soeurs Boulay, deux des artistes les plus en vue du label, ont également annoncé jeudi qu’elles quittaient la maison de disques.

Mélanie et Stéphanie Boulay ont expliqué dans un message publié sur Instagram qu’elle quittaient «dès maintenant l’équipe de gérance», de laquelle faisait autrefois fois partie Adamus.

«Sachez qu’on prend l’entière part du blâme qui nous revient et qu’on ne se cachera pas: on était au courant de certaines allégations inacceptables. Avait-on eu accès à toute l’information? Non. Mais a-t-on fait l’autruche par peur d’y perdre des plumes ? Oui. »

Le duo précise qu’il avait déjà décidé de ne pas renouveler son contrat avec la maison de disques.

«On aurait pu faire plus. On ne l’a pas fait. C’était hypocrite et inconséquent». -Mélanie et Stéphanie Boulay

Sur les médias sociaux, Béatrice Martin, alias Coeur de Pirate, a également fait part de son malaise face à cette situation exceptionnelle.

«Mon travail, mes efforts, ma réussite ne devrait pas servir à nourrir le mal, les secrets, les abus de pouvoir, les artistes qui n’ont franchement pas d’affaire là», a-t-elle écrit.

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