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Même si efficace, l’appli Alerte COVID pourrait faire mal au réseau de la santé

Une main tient un téléphone montrant l'application Alerte COVID pendant le point de presse où François Legault a mis au défi les influenceurs du Québec de télécharger l'application Alerte COVID
Photo: Ryan Remiorz/La Presse canadienne

Le doute plane sur la capacité du réseau de la santé à bien encaisser une hausse de dépistage dans le contexte de l’activation de l’application Alerte COVID au Québec. Des experts lancent un avertissement.

De passage en commission parlementaire, au mois d’août, l’expert en sécurité de l’information Steve Waterhouse avait évoqué la hausse anticipée de «faux-positifs» créés par l’application fédérale. C’est à dire que deux personnes séparées par un mur ou un plexiglas peuvent recevoir la notification de l’application malgré un risque quasi-nul.

«Ça va engorger le système de santé, ça va amener davantage de gens à aller se faire tester. Est-ce que le réseau est prêt?», s’interroge-t-il aujourd’hui.

«Ça serait difficile», répond d’emblée Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

Encore hier, le quotidien Le Devoir rapportait des temps d’attente importants dans l’attente de résultats de tests. Depuis son entrée en poste, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, convient que le réseau des soins est «fragilisé» par le manque de personnel infirmier. Il y a deux semaines, il rouvrait le site «JeContribue» pour attirer des bénévoles en clinique de dépistage.

Étapes supplémentaires

Québec a approuvé lundi l’application de conception ontarienne. Les personnes qui possèdent l’outil technologique et obtiennent un test positif à la COVID-19 doivent y entrer manuellement un code fourni par la Santé publique par téléphone.

Il s’agit là d’un processus chancelant, souligne l’experte en organisation des services de santé Roxane Borgès Da Silva.

«On a pensé aux ressources qu’on va mettre au téléphone? Est-ce qu’on utilise ces ressources-là de manière efficiente? Est-ce qu’on ne devrait pas les mettre plutôt en traçage?», demande-t-elle.

La collègue de Mme Borgès Da Silva à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), Marie-Pascale Pomey, se réjouit de voir arriver de nouvelles méthodes de tests – en provenance notamment du fédéral – qui pourraient se faire plus rapidement.

«Il faut changer un peu nos méthodes de réalisation de tests», souligne-t-elle.

Après avoir peiné à dépister plus de 10 000 personnes par jour, Québec teste régulièrement 20 000 personnes, désormais.

Pas d’enjeu de sécurité

Malgré les craintes de certains, Steve Waterhouse maintient que l’application Alerte COVID ne présente aucun danger pour la vie privée. À ses yeux, même «les applications de médias sociaux sont moins sécuritaires parce qu’elles sont réalisées pour ramasser beaucoup d’information».

«L’application Alerte COVID est là pour informer de façon très générique, très anonyme», assure-t-il.

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