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Ali Nestor, le combat d’un jeune prince

Ali Nestor dans le ring.
Ali Nestor lance son autobiographie, Moi, Ali Nestor, petit prince de la rue. Photo: Félix Lacerte-Gauthier

Figure respectée dans le milieu communautaire de la métropole, Ali Nestor publie cette semaine son autobiographie, le résultat d’années d’écriture. Son récit, c’est celui d’un long combat qui l’a mené à quitter les gangs de rue pour devenir une inspiration pour la jeunesse.

Ancien combattant professionnel, Ali Nestor est aujourd’hui entraîneur de boxe œuvrant auprès de jeunes en difficulté. Son organisme, Ali et les Prince.sse.s de la Rue, est devenu un incontournable dans le paysage montréalais.

Plutôt que de vouloir faire une autobiographie typique se concentrant sur ses réussites, il a aussi choisi de mettre de l’avant les embûches et les malheurs qu’il a vécus, qui ont influencé sa trajectoire.

«Avec le livre, j’espère que les gens arrêteront de juger à la première apparence. Le comportement d’une personne ne représente pas nécessairement ce qu’il est. Il y a une raison derrière qui va l’amener à avoir un certain comportement.» – Ali Nestor

Le livre est le fruit d’un travail de longue haleine. En 2003, il rédigeait les premiers mots de ce qui ne devait être qu’un simple guide pour des intervenants jeunesse. Au fil des années toutefois, le projet s’est métamorphosé

«J’ai écrit le parcours de plusieurs personnes qui ont fait partie de mon cheminement, de façon que beaucoup puissent se reconnaître. Ce n’est pas seulement mon histoire. Il y a des gens qui ont bien fini, d’autres moins bien. Ça amène une autre perspective», ajoute l’auteur.

«L’année passée, la maison d’édition Libre Expression m’a approché en se disant intéressée à écrire sur moi. C’est ce qui m’a encouragé à le finaliser», révèle-t-il.

Le long processus lui a également permis de prendre de la maturité et de la sagesse, alors qu’au balbutiement de l’écriture, il n’était encore qu’au début de la trentaine. «En vieillissant, on comprend les choses différemment, constate-t-il. J’ai aussi appris à pardonner, et j’ai fait la paix avec moi-même.»

Racisme

Même si le processus d’écriture s’est étalé sur plus d’une décennie, le livre reste néanmoins criant d’actualité, notamment avec des passages traitant du racisme systémique ou du traitement des autochtones.

«J’avais une crainte que ça puisse froisser des gens, mais il fallait que je sois honnête. C’est ce que j’ai vécu, et que beaucoup de personnes vivent. C’est mon devoir de m’exprimer et de faire comprendre ce qu’on peut vivre», confie Ali Nestor.

Il espère que son expérience pourra amener les lecteurs à réfléchir à ses enjeux, qui sont encore au cœur de bien des débats.

«C’est désolant qu’on en parle encore. Ce qui est bien, c’est qu’il y a une conscientisation qui est en train de se faire. Ça me dit qu’on est dans une période de changement», croit-il avec optimisme.

Parcours

Arrivé au Québec dans son enfance, Ali Nestor a eu une jeunesse plutôt turbulente qui l’a mené à joindre les rangs d’un gang de rue avec son frère.

«Ma bougie d’allumage a été ma mère. Elle m’a fait réaliser les dommages collatéraux que je faisais autour de moi ; que mon comportement était destructeur pour mon entourage, dont elle. Son état de santé s’était dégradé», confie-t-il.

Il s’est alors accroché à son rêve de devenir un combattant, qu’il caressait depuis l’enfance. «À l’âge de 10 ans, j’avais vu le film Opération Dragon. Je me suis senti transposé et je m’étais promis de devenir un Bruce Lee Noir», révèle-t-il.

Un rêve qu’il a pu accomplir, en devenant professionnel en boxe et en arts martiaux mixtes. Mais c’est surtout pour la création, en 2001, de son organisme Ali et les Prince.sse.s de la Rue, qu’il est reconnu. Le tout s’est fait plutôt naturellement.

«Quand les jeunes venaient vers moi, je me reconnaissais. Je comprenais ce qu’ils vivaient; ils passaient par les mêmes difficultés que moi.», se rappelle-t-il.

Depuis, l’organisme a naturellement évolué au fil des années, à un point qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Et depuis, il y a eu de nombreuses histoires de succès.

«Je me rappelle une journée où j’étais à la Pharmacie pour prendre un médicament. J’étais au comptoir, et le pharmacien était l’un de mes anciens, qui m’a parlé de l’importance que j’ai eue dans son parcours. C’est un beau cadeau de voir les gens réussir», conclut-il.

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