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REV Bellechasse: des citoyens ne décolèrent pas

Quelques 800 places de stationnement ont été supprimées sur la rue de Bellechasse, entre Pie-IX et Châtelain. Photo: Naomie Gelper/Métro

La rue de Bellechasse, à l’est du boulevard Pie-IX, n’est plus ce qu’elle était depuis l’implantation du Réseau express vélo (REV) et la suppression de centaines de places de stationnement, affirment des citoyens et des commerçants du secteur. Plusieurs évoquent un «bordel».

C’est le cas de Pauline Boucher-Ouellette, une septuagénaire qui réside sur la rue de Bellechasse.

Elle-même n’a pas de voiture, mais sa fille qui habite au deuxième étage de son immeuble en possède une. «Si on sait qu’on reçoit de la visite, ma fille va garer son auto en dehors de notre stationnement. Elle peut se rendre quatre rues plus loin [pour trouver une place]. Ça n’a pas de bon sens!»

Selon elle, c’est carrément le «pire coin» de Montréal pour se stationner. Et le fait qu’il soit même interdit d’immobiliser sa voiture sur la rue de Bellechasse complique davantage les choses.

Des citoyens s’inquiètent de l’impact du REV Bellechasse sur les personnes âgées, nombreuses dans le quartier. Ces dernières n’ont pas le choix de laisser leurs sacs d’épicerie devant chez elles pendant la recherche d’une place de stationnement, rapportent certains.

«C’est l’enfer! C’est dégueulasse ce qu’ils ont fait!», s’est exclamé un résident, qui a préféré taire son nom.

Fatal pour des commerçants

Des commerçants qui ont pignon sur la rue de Bellechasse sont du même avis. Ils sont plus d’une cinquantaine à avoir signé une pétition exigeant des ajustements au projet du REV.

Ils demandent la réintégration des espaces de stationnement du côté nord de la rue de Bellechasse, l’aménagement d’une piste cyclable bidirectionnelle de l’autre et le retrait de la piste cyclable lors de la saison hivernale.

Sans quoi la situation pourrait être fatale pour certains propriétaires de commerces, comme Jimmy Di Fruscia. Aujourd’hui, la survie de sa cordonnerie, située sur la rue de Bellechasse depuis 1955, serait en péril.

M. Di Fruscia estime avoir perdu plus de la moitié de sa clientèle dû au retrait des places de stationnement. «C’est horrible pour nous parce qu’on a des clients d’un certain âge. Ils venaient avant en voiture avec leur marchette ou leur canne. On les a tous perdus», explique-t-il.

Des clients de la cordonnerie le confirment. «Je n’ai même plus le goût de venir ici. Et pourtant j’aime ce commerce, je viens depuis des années», dit l’un d’eux

Simon Boutros, propriétaire de la pharmacie Proxim située au coin de la rue de Bellechasse et de la 39e avenue, raconte que ses employés et ses patients ont du mal à se stationner dans les rues transversales.

«Ce n’est pas normal qu’on mette des bâtons dans les roues pour accéder à un service essentiel», émet-il.

«Ça va massacrer les commerçants, ça va les tuer»

Simon Boutros, propriétaire d’une pharmacie sur la rue de Bellechasse

L’arrondissement indique que «les places de livraison existantes et le stationnement 60 minutes ont été relocalisés sur les rues transversales».

Selon MM. Boutros et Di Fruscia, cela ne règlera pas le problème. «C’est tout le temps plein et ce n’est jamais respecté!», disent-ils

Manque de collaboration

Selon les commerçants, il n’y a eu aucune consultation sur ce projet, comme le soutiennent l’administration de l’arrondissement et de la Ville de Montréal.

«Avoir su qu’ils coupaient les 800 places de stationnement, on aurait réagi plus tôt, déclare M. Boutros. C’est avec stupeur qu’on a constaté l’implantation d’une piste cyclable des deux côtés.»

Le porte-parole du regroupement de commerçants qui revendique le retour de centaines de places de stationnement, David Martin, déplore surtout un manque de collaboration.

Il réclame depuis des semaines l’organisation d’une rencontre avec les élus afin de trouver des solutions. Pour le moment, M. Martin soutient que seuls le directeur de l’arrondissement, Daniel Lafond, et un conseiller, Jean-François Simoneau, l’ont contacté.

«Il y a possiblement une fenêtre qui s’ouvre pour rencontrer quelqu’un d’autre à la Ville, mais on n’est pas plus avancé», émet M. Martin.

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