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Roxane Bruneau, les pieds sur terre avec «Acrophobie»

Roxane Bruneau Acrophobie
Roxane Bruneau Photo: Kevin Millet/Collaboration spéciale

Roxane Bruneau sort son deuxième album, Acrophobie, ce vendredi. Trois ans après avoir rencontré un succès fulgurant avec Dysphorie, l’artiste se confie sur ses angoisses, ses doutes, mais également sur le lien si fort qui l’unit à son public.

La peur des hauteurs. C’est ce que signifie acrophobie, mais c’est aussi ce qui pourrait résumer l’état d’esprit de la phénoménale Roxane Bruneau, véritable modèle pour la jeune génération. L’autrice-compositrice-interprète-humoriste aux millions d’écoutes a ainsi raconté à Métro l’histoire de son dernier disque, de sa carrière.

Pourquoi avoir appelé votre album Acrophobie?

Avec le succès assez rapide du premier, je me suis sentie propulsée très haut dans les airs. J’ai donc eu peur de retomber brutalement, d’où le titre. Dans Acrophobie, il y a beaucoup d’angoisses, c’est très introspectif et je parle directement aux gens. Sur l’intro, on entend les entrevues que j’ai faites dans les dernières années. La première chanson suit ça et j’explique que je crains que tout ça ne s’arrête, qu’ils disparaissent. Je leur demande de rester avec moi.

Le premier extrait d’Acrophobie, À ma manière, relate votre anticonformisme, qui est sûrement l’une des raisons pour lesquelles vous avez autant de succès. Quelle importance a cette chanson pour vous?

On est à l’ère des médias sociaux, où tout le monde nous dit quoi faire. Depuis que j’ai commencé, beaucoup de gens m’écrivent pour me remercier et qui me disent «je me fie sur toi, tu t’en fous, tu as les cheveux courts, des tatouages». Avec À ma manière, j’avais envie de dire aux gens «fais ta route, comme moi j’ai fait la mienne». C’est ça mon call. Je me sens très privilégiée. Alors si tu veux devenir ébéniste, sois ébéniste. Fais les trucs à ta manière, vis ton rêve. Et ça peut être n’importe quoi.

Quand j’étais jeune, je n’avais pas tant de modèles à qui m’identifier. Ellen Degeneres ne se rendait pas dans le poste de TQS… Là, on dirait que je veux être pour les autres cette personne qui m’a manqué.

Sur un plateau de tournage, un monsieur de 50 ans m’a dit «ta toune À ma manière, c’est tellement venu me chercher, je me suis reconnu là-dedans.» C’est à ce moment que j’ai compris mission accomplie! Tout le monde peut s’identifier à mes chansons.

Quelle relation avez-vous avec votre public?

Beaucoup d’artistes se la jouent un peu «je m’en fous, je fais de la musique pour moi»… Dans mon cas, ce n’est pas vrai. Quand tu fais de l’art, c’est pour que les gens écoutent, regardent. Moi, le public m’a choisie et créée de toute pièce: je travaillais dans un fast-food et je ne savais pas où j’allais dans la vie.

«Si tu fermes ta télé, ça me fait disparaître», je le dis dans mon album. Être dans la télé, la radio, faire des spectacles, sont les seules choses que je sais faire. C’est pour ça que la relation avec mon public est précieuse. Ce sont les gens qui m’ont ouvert la porte des médias traditionnels. Quand il y a un intérêt aussi fort sur les plateformes numériques, évidemment les radios sont curieuses.

J’ai hâte que ce public que j’aime entende cet album-là. Même si Acrophobie est en vente à partir de vendredi, je vais aussi le rendre accessible en streaming gratuitement. On s’entend que ce n’est pas l’époque de l’année où les gens sont les plus riches, surtout avec l’année qu’on vient de passer. Alors je souhaite que tous ceux qui ne peuvent pas se permettre d’acheter le disque puissent au moins l’écouter.

Justement, quel impact a eu la pandémie sur votre métier?

Il n’y a plus de contact avec mes fans en spectacle, mais il n’y a aucune déconnexion avec eux. Au contraire. Ils sont toujours sur leur téléphone parce qu’on n’a rien le droit de faire d’autre. Donc ils sont encore plus là avec moi. Oui la pandémie m’affecte car je ne vois plus mes proches, mais ce n’est rien à côté des gens qui perdent leur job, la vie, les personnes âgées qui sont en CHSLD… Moi je ne peux pas me plaindre. Non. Je ferme ma gueule et je crée du contenu pour ceux qui souffrent.

Pendant le confinement, je suis passée en mission divertissement. Et je me suis brûlée au début. Je publiais une vidéo par jour. Ça a l’air peu, mais quand tu réalises, que tu filmes, que tu joues dedans, que tu fais le montage, etc. c’est beaucoup de travail. Ma blonde me disait «Rox, il va falloir que tu t’arrêtes». Je ne prenais même pas de congé. J’ai donc appris à doser, et elle m’a beaucoup aidée là-dessus. Si je ne me préserve pas, tout ce que j’ai fait n’aurait servi à rien .

Je me rends compte aujourd’hui que ce que je suis, c’est le fou du roi, l’espèce de clown qui divertit les gens et qui leur fait oublier la réalité dans laquelle on est présentement. Donc oui, je fais vraiment tout ça pour les autres.

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