40 ans après la mort de John Lennon, on imagine toujours…
Sur la pochette de Two virgins, il pose nu avec Yoko Ono: cette sincérité brute, présente aussi dans sa musique en solo ou avec les Beatles, permet à John Lennon de rester actuel, 40 ans après sa mort.
L’icône pop est toujours une source d’inspiration, y compris pour ses pairs et pas des moindres. Cette année, Bob Dylan évoque dans son dernier album l’assassinat d’un autre John, Kennedy, dans Murder most foul («Le meurtre le plus odieux»). Et les exégèses de celui qui est aussi prix Nobel de littérature pensent que ce morceau a été écrit à la même période que l’album Tempest (2012), dans lequel Dylan célèbre Lennon.
«Oui, les circonstances de sa mort (Lennon a été abattu par un fan déséquilibré à New York, le 8 décembre 1980, et les théories plus ou moins complotistes pullulent depuis, ndlr) font que c’est un Murder most foul, comme dirait Dylan, et cela rajoute au traumatisme de sa disparition», décrypte pour l’AFP Yves Bigot, directeur général de TV5Monde, ex-rock critic et ex-dirigeant de maison de disques.
On ne compte plus les hommages et reprises des chansons de Lennon, y compris par des artistes a priori très éloignés des Fab Four.
Match Lennon-McCartney
Ainsi, Ozzy Osbourne, leader de Black Sabbath, groupe fondateur du metal, a livré sa version de How ? (chanson du mythique album Imagine). Dans le clip, Ozzy, ongles vernis gothique et long manteau en cuir, va déposer des fleurs sur la plaque commémorative de Lennon à Central Park.
Chez les musiciens, il y a ceux qui refusent d’opposer Lennon et Paul McCartney, querelle classique dans la musique à l’instar des comparaisons Beatles/Rolling Stones. «Non, c’est stupide, John et Paul faisaient partie du plus grand groupe du monde, les Beatles, qui a changé la face de la musique et inspire toujours aujourd’hui pour sa science des harmonies», insiste auprès l’AFP Sharleen Spiteri, leader du groupe Texas.
D’autres se prennent volontiers à ce petit jeu. «Lennon avait ce côté un peu artiste surréaliste, plus politique, rebelle, intellectuel, mais je joue de la guitare-basse (rires) et dès le départ, tout m’a plu chez Paul, ses arrangements qui ont de la grâce, la sensibilité de ses mélodies et de ses textes, comme Penny Lane», avoue à l’AFP Laurent Voulzy.
«Génie intuitif»
Comme pour Che Guevara, l’image de Lennon monétisée aujourd’hui sur des t-shirts — avec ses petites lunettes rondes et ses meilleures punchlines — ne saurait le résumer. «John est resté comme le provocateur de la bande avec le terrible scandale à l’époque quand il dit que les Beatles sont plus connus que le Christ. Mais il ne s’est politisé et n’a commencé à fréquenter les galeries d’art qu’avec Yoko Ono. Or, à l’origine, le plus branché culture, celui qui court les expositions, c’est Paul», rappelle à l’AFP Stan Cuesta, auteur de The Beatles (éditions du Layeur).
«Chez Lennon, il y a eu un côté «teddy boy» (rockeur tendance petite frappe en Angleterre, ndlr), c’est quelqu’un qui a eu une Rolls à moment, il est complexe », poursuit Stan Cuesta. Et Eric Burdon, ex-leader des Animals, raconte dans le documentaire Rock’n’roll animal qu’il a inspiré à Lennon des paroles de I am the walrus, des Beatles, lors d’une «orgie sexuelle» à laquelle ils participaient tous deux à Londres.
Pour en revenir à la musique, Stan Cuesta insiste sur la beauté intemporelle de la ballade Jealous guy (dans l’ombre du morceau-titre de l’album Imagine). Et de décrire Lennon comme un «génie naturel de la musique, le plus intuitif des Beatles», celui capable de composer Strawberry fields forever, ce qui n’a pas été fait avant ni après».
Yves Bigot cite lui Working class hero (sur l’album solo Plastic ono band, 1970) comme l’héritage laissé par Lennon aux générations suivantes: «Il dit pensez par vous-mêmes».