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Possession simple de drogues: Montréal appelée à faire pression sur Ottawa

SIS coronavirus
Le site d'injection supervisée de l'organisme Spectre de rue, sur la rue Ontario. Photo: Josie Desmarais/Métro

Deux élus et plusieurs organismes pressent la Ville de Montréal de faire pression sur le gouvernement fédéral en faveur de la décriminalisation de la possession simple de drogues, alors que le nombre de surdoses est en hausse dans la métropole.

Les conseillers indépendants Marvin Rotrand et Christian Arseneault tenteront à la prochaine séance du conseil municipal, lundi prochain, de convaincre l’administration municipale d’adopter une motion en ce sens. Le document de quatre pages reçoit d’ailleurs le soutien de plusieurs organismes communautaires montréalais, qui ont tenu une conférence de presse virtuelle mardi matin.

«Au cours des derniers mois, Urgences-santé rapporte jusqu’à quatre fois plus d’interventions en situation de surdoses sur le territoire montréalais [par rapport à l’an dernier]», a évoqué mardi avant-midi la directrice générale de l’Association des intervenants en dépendance du Québec, Sandhia Vadlamudy.

Stigmatisation

Des données de l’Institut national de santé publique du Québec font d’ailleurs état d’une hausse importante du nombre de surdoses cet été, dans le contexte de la pandémie. Montréal est d’ailleurs la région la plus touchée au Québec par le phénomène des surdoses.

«Face à de tels chiffres, on se rend vraiment compte que la criminalisation ne réduit pas l’usage ni la disponibilité des drogues. Par contre, elle alimente la stigmatisation des personnes qui en font usage et les met face à des préjudices qui peuvent les empêcher d’avoir accès aux soins dont elles ont besoin pour assurer leur survie», a soulevé Mme Vadlamudy.

Elle souligne qu’environ la moitié des arrestations pour possession de drogues au pays le sont pour possession simple. Une décriminalisation permettrait ainsi de «diminuer les arrestations inutiles», de «désengorger le système de justice» et de «réduire le gaspillage de fonds publics», a-t-elle énuméré.

«On a la capacité d’agir à Montréal. Et contrairement à la COVID-19, les mesures pour lutter contre la criminalisation de la possession de drogues ne coûte rien et nous permettent même de réaliser des économies», a renchéri la présidente de la Table des organismes communautaires montréalais de lutte contre le sida (TOMS), Sandra Wesley.

Les impacts du couvre-feu

Cette demande survient d’ailleurs alors que plusieurs organismes s’inquiètent de la possibilité que le couvre-feu imposé par Québec entraîne une diminution importante de l’utilisation des sites d’injection supervisée (SIS) en soirée, ce qui augmenterait alors les risques de surdoses dans la métropole. Car, même si les utilisateurs de drogues peuvent obtenir une exemption de la Santé publique pour se rendre dans un SIS après 20h, plusieurs craignent de croiser des policiers sur leur chemin.

«Moi, si je veux aller dans un SIS, je pense que ça peut être une expérience traumatisante d’avoir à dealer avec la police. Ça crée un climat de peur où on ne veut pas sortir, ce qui augmente les risques de surdoses», a expliqué Vincent De Maisonneuve, de l’Association québécoise pour la promotion de la santé des utilisateurs et utilisatrices de drogues.

«On recommande aux personnes de ne pas consommer seules, mais quand elles doivent rester à la maison, c’est très difficile.» -Sandra Wesley, présidente de la TOMS

«Une bonne idée»

Dans les derniers mois, tant Toronto et que Vancouver ont demandé au gouvernement fédéral de décriminaliser la possession simple de drogues. En juillet dernier, L’Association canadienne des chefs de police (ACCP) a d’ailleurs elle aussi d’ailleurs effectué une telle demande, tandis que le Service de police de la Ville de Montréal s’est montré «ouvert» à cette idée.

Le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, et son homologue à Montréal, Mylène Drouin, ont d’ailleurs tous deux montré une ouverture à une décriminalisation de la possession simple de drogues.

«Il faut que Montréal fasse elle aussi cette demande pour mettre fin aux mesures punitives imposées aux personnes pour la possession simple de drogues», a martelé le directeur général du Réseau juridique VIH, Richard Elliott.

Questionnée en marge d’une conférence de presse, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, n’a pas voulu s’avancer à savoir si elle appuiera ou non cette motion, la semaine prochaine.

«On voit que d’autres villes font des demandes similaires, donc ça pourrait être une bonne idée», a-t-elle toutefois ajouté.

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