Danny Maciocia : pour l’amour du football
Pandémie oblige, Danny Maciocia n’a pas vu son équipe sur le terrain depuis qu’il a été nommé à la tête des Alouettes il y a un an. Malgré le choc de l’annulation de la saison 2020, cet homme de football travaille en coulisses pour se préparer au retour au jeu et laisser son empreinte au sein de club. En ces temps de COVID-19, rien n’est simple, mais les attentes demeurent élevées.
«Le but ultime est d’aller chercher un championnat. Ça va être un objectif qu’on va se donner chaque année; ça ne devrait jamais changer», s’exclame d’emblée Danny Maciocia, un peu plus de 12 mois après son entrée en poste.
L’objectif est ambitieux. Pourtant, les Alouettes seront à nouveau confrontées à un adversaire implacable, bien plus redoutable que les huit autres clubs de la Ligue canadienne de football (LCF). La COVID-19 avait déjà forcé l’annulation de la dernière saison. La pandémie a depuis imposé des choix déchirants pour resserrer les finances de l’équipe et elle empêche toujours le directeur général d’évaluer ses joueurs sur le terrain.
«C’est difficile de faire un bilan ou un scénario exact de tout ce qu’on a vécu avec la pandémie. Mais quand on regarde l’année au complet, on avait besoin, probablement, de faire un peu de ménage concernant les contrats», révèle-t-il.
Danny Maciocia est bien conscient du défi gigantesque dressé devant lui, mais demeure optimiste. Selon lui, les équipes retrouveront les terrains de la LCF cet été, et ce, même si rien n’a encore été officialisé.
Se réinventer
Malgré l’annulation de la saison, le nouveau directeur général n’a pas chômé.
«En général, les 10 derniers mois nous ont donné l’opportunité de nous connaître un peu mieux et de nous réinventer. Je pense qu’on a fait du chemin là-dessus, qu’on s’est amélioré comme organisation, que ce soit sur le terrain ou à l’extérieur», confie-t-il.
Le délai aura également été l’occasion pour lui de revoir certains contrats et de revisiter le modèle d’affaires de l’équipe.
«On a moins de gens qui travaillent dans l’organisation. On avait besoin de trouver du monde qui était capable de faire plus que ce dans quoi ils étaient spécialisés», ajoute-t-il.
«Il y a toujours des rêves et des chapitres qu’on peut écrire sur l’histoire de notre vie. J’ai gagné avec Edmonton et avec les Carabins, mais malheureusement, j’ai perdu une coupe Grey avec les Alouettes en 2000. Le but, à court terme, pour moi, c’est d’aller chercher un championnat avec les Alouettes.» – Danny Maciocia
Une équipe différente
L’influence du nouveau DG sur l’alignement de l’équipe est déjà bien visible. Dès ses débuts au sein de l’organisation, il a rapatrié quatre anciens des Carabins: Félix Brière, David Ménard, Frédéric Chagnon et Junior Luke.
«Ce sont des joueurs que je connais assez bien, qui ont une certaine expérience dans la Ligue canadienne. Ce sont de bons joueurs, et ils nous aideront à améliorer notre contenu canadien, en espérant que ça peut nous donner des résultats», révèle M. Maciocia.
Cela, sans compter le repêchage en avril dernier qui a permis à l’équipe de recruter plusieurs talents locaux.
«Pour nous, c’est important qu’on garde nos meilleurs effectifs chez nous, en sachant que beaucoup de joueurs sont capables de jouer au prochain niveau», explique M. Maciocia. Il rappelle que de nombreux Québécois évoluaient déjà au sein de la ligue pour d’autres organisations.
«Est-ce que ce sera possible de les garder tous à Montréal ? C’est vraiment difficile. Mais identifier les meilleurs effectifs et les garder chez nous, c’est un objectif important», ajoute-t-il.
Apprentissage
Danny Maciocia avait commencé sa carrière professionnelle avec les Alouettes de Montréal en tant que coordonnateur à l’attaque avant de se joindre aux Eskimos d’Edmonton dans le même rôle. Il a par la suite été promu entraîneur-chef, puis directeur général de l’équipe albertaine.
Malgré deux victoires en finale de la Coupe Grey, son passage avec les Eskimos s’est terminé en dents de scie, menant à son renvoi peu après le début de la saison 2010. Un échec duquel il estime avoir appris.
«Je crois que la chose qui est très importante est de s’entourer avec du monde qui amène un autre élément à l’organisation. Il faut que tu te connaisses toi-même et que tu sois capable d’identifier tes forces et tes limites», confie-t-il.
Il admet d’ailleurs certaines faiblesses, comme le manque de maîtrise des nouvelles technologies et la méconnaissance de l’analytique sportive.
«On engage du monde qui ont une expertise dans ces chiffres et on voit comment on peut attacher tout ça ensemble pour prendre les meilleures décisions pour l’organisation.»
Retour à Montréal
Fin 2010, Maciocia s’est joint à l’organisation des Carabins de l’Université de Montréal comme entraîneur-chef. En neuf saisons, son équipe s’est imposée comme l’une des meilleures au Canada, remportant la coupe Vanier en 2014 et participant à deux autres championnats canadiens en 2015 et en 2019.
«C’est sûr que quand j’ai quitté Montréal pour Edmonton, c’était un choc culturel. D’être de retour chez nous, près de ma famille, dans un environnement que je connais tellement bien, ça peut seulement aider», souligne-t-il.
C’est un leitmotiv chez lui: il faut bien s’entourer pour connaître le succès.
«C’est ce que j’ai appris à Edmonton et j’ai appliqué à l’Université de Montréal. On va l’appliquer ici avec les Alouettes.»
Après avoir gagné à tous les niveaux du sport, Danny Maciocia estime avoir encore de nouveaux défis à relever.