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Caméras corporelles pour les policiers: l’administration Plante reporte le dossier

Les policiers sont munis de caméras corporelles depuis un certain moment dans plusieurs grandes villes.
Les policiers sont munis de caméras corporelles depuis un certain moment dans plusieurs grandes villes. Photo: Clint McFarlin/Axon Entreprise

La Ville de Montréal refuse de commencer «immédiatement» à munir ses policiers de caméras corporelles, car elle dit vouloir prendre le temps d’évaluer les enjeux financiers et technologiques identifiés dans le projet pilote du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM).

L’opposition officielle Ensemble Montréal déplore cette décision qui, selon elle, est synonyme de refus d’aller de l’avant avec cette technologie.

En février dernier, le conseiller d’Ensemble Montréal et vice-président de la Commission de la sécurité publique (CSP), Abdelhaq Sari, avait présenté une motion en séance du conseil municipal demandant l’implantation immédiate de caméras portatives sur les policiers de la métropole et d’adapter son budget en conséquence.

D’abord reportée à la séance du conseil municipal de mars, une version amendée de la motion a finalement été adoptée à majorité par les élus mardi matin.

Version amendée

Cette version amendée stipule que l’administration poursuive ses travaux avec le gouvernement du Québec pour solutionner les enjeux identifiés dans le projet pilote du SPVM et accélère le déploiement des caméras portatives au sein du corps policier.

«On ne peut pas faire fi de ces problèmes. Ce serait foncer dans un mur de dire on va faire comme si de rien n’était, comme si ces problèmes n’existaient pas parce qu’on veut rapidement que les policiers aient des caméras portatives», a déclaré la responsable de la Sécurité publique au comité exécutif, Caroline Bourgeois. 

Or, selon Ensemble Montréal, les amendements proposés par l’administration Plante «dénaturent» la motion d’origine puisqu’ils reportent à plus tard l’implantation de la technologie. 

En effet, Abdelhaq Sari estime qu’il y a «l’urgence d’agir» dans ce dossier considérant la dégradation de la confiance du public envers le SPVM dans les dernières semaines, notamment avec l’affaire Camara.

Problèmes soulevés par le projet pilote

Les enjeux auxquels fait référence l’administration Plante dans ses amendements sont surtout des problèmes technologiques et financiers révélés par le projet pilote réalisé en 2016 auprès de 78 patrouilleurs répartis à Lachine, dans le Plateau-Mont-Royal et à Montréal-Nord. 

Le rapport du projet pilote concluait que des dépenses importantes seraient nécessaires pour munir tous les policiers de cette technologie. Il faudrait aussi embaucher de nombreux employés pour analyser la quantité massive d’images captées par ces caméras.

Concernant les problèmes technologiques, Caroline Bourgeois a cité en exemple un partage de preuve difficile avec l’utilisation de DVDs et de disques durs externes. «On sait très bien qu’à moyens et à longs terme, ça ne pourra pas fonctionner ainsi parce que nos tribunaux ne sont pas adaptés pour recevoir toute cette preuve vidéo», a-t-elle précisé.

Toutefois, les élus de l’opposition démentent ces arguments, soulevant notamment de nouvelles avancées technologiques et une diminution des coûts reliés aux caméras portatives depuis quelques années.

«S’il y a un obstacle, il n’est pas technologique. Il n’est pas financier. S’il y a un obstacle, il s’appelle Projet Montréal», a affirmé M. Abdelhaq Sari. 

Le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, a déploré un manque de connaissances de l’administration sur les véritables enjeux du projet pilote, ainsi que sur l’évolution technologique et financière. «Les soi-disants problèmes, le marché les a solutionnés», a-t-il indiqué évoquant l’enclenchement automatique des caméras et le système infonuagique.

Selon le conseiller indépendant à la Ville Marvin Rotrand en faveur de l’implantation immédiate des caméras corporelles pour les policiers, les arguments évoqués par l’administration Plante sont «erronés, dépassés, inexacts et en contradiction complète avec ce qui arrive ailleurs».

Il citait notamment en exemple des villes d’Amérique du Nord. En effet, à Toronto, près de 2000 policiers ont incorporé cette technologie à leur équipement, tandis qu’à New York, l’ensemble des patrouilleurs disposent de caméras portatives depuis 2018.

Lionel Perez demande aussi à l’administration de la Ville de Montréal de ne pas «être à la remorque de Québec» en attendant du financement du gouvernement provincial. «Il y a plein d’autres projets au sein de l’administration où on a pas attendu le financement des autres paliers de gouvernement pour annoncer une intention d’agir», a-t-il ajouté.

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