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CHSLD Yvon-Brunet: les médecins n’ont pas été impliqués dans la gestion de la COVID-19

Le Centre d'hébergement Yvon-Brunet Photo: Josie Desmarais/Métro

Une docteure du CHSLD Yvon-Brunet déplore une culture de hiérarchisation «très forte» au sein des CIUSSS alors que les médecins ne sont pas impliqués dans la prise de décision ni dans la gestion des protocoles, même durant la pandémie de COVID-19.

C’est ce qu’on a appris à la quatrième journée d’audience de l’enquête publique portant sur les décès survenus dans le centre d’hébergement situé à Ville-Émard. 

Lors de leurs témoignages jeudi, les docteures Isabelle Julien et Emmanuelle Fourestié ont indiqué ne pas avoir été sollicitées pour participer à la préparation de la crise sanitaire au CHSLD Yvon-Brunet.

Cette information a grandement surpris, voire «inquiétée», la coroner Géhane Kamel en charge de l’enquête. 

«C’est particulier que vous ne soyez ni interpellée pour les admissions ni interpellée pour les protocoles qui sont mis en place alors que vous êtes le médecin de 120 résidents», a déclaré la coroner Kamel à la Dre Isabelle Julien.

En effet, si un premier cas positif du CHSLD Yvon-Brunet a été déclaré parmi les employés le 31 mars, l’établissement a continué d’accueillir de nouveaux résidents, majoritairement transférés des centres hospitaliers, au moins jusqu’au 6 avril, a raconté Dre Julien.

À la barre jeudi après-midi, la coordonnatrice du site au moment des événements, Nathalie Séguin, a reconnu que cette douzaine de nouvelles admissions tardives ont favorisé les éclosions au centre d’hébergement. Elle a toutefois ajouté avoir sonné l’alarme à ce sujet à ses supérieurs.

Une «culture de hiérarchisation très forte»

Au sein des CIUSSS, il y a une «culture de hiérarchisation qui est quand même très forte», a affirmé Dre Isabelle Julien.

Elle a expliqué que, dans tous les établissements où elle avait travaillé, l’organisation des soins était principalement gérée par la direction des soins infirmiers. 

Toutefois, comme la coroner Kamel, Dre Julien pense que les médecins devraient participer au processus décisionnel. «Le spectre de l’ingérence est toujours au-dessus de nos têtes. Moi, c’est comme ça que je me suis sentie depuis 2002, depuis que je pratique», a-t-elle ajouté.

La médecin est aussi revenue sur la directive de l’interdiction du port du masque au CHSLD Yvon-Brunet avant le début du mois d’avril, un élément abordé par plusieurs autres témoins dans cette enquête. 

«S’il y a une chose aujourd’hui dont je suis absolument certaine, c’est qu’à Yvon-Brunet, on nous interdisait de porter un masque», a-t-elle déclaré. Si un employé amenait son propre masque, on lui demandait de le retirer au risque de se faire sanctionner. 

Dre Julien pense même avoir porté un masque à l’épicerie avant de porter un masque au CHSLD. «J’en ai des frissons», a-t-elle dit.

Les audiences de l’enquête sur le CHSLD Yvon-Brunet ont débuté lundi au palais de justice de Laval, et s’échelonneront jusqu’au 14 juin. À compter du 15 juin, les audiences porteront sur le CHSLD Sainte-Dorothée de Laval.

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