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Une motion sur les médias locaux «édentée» par l’administration Plante

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La baisse des revenus publicitaires est observée depuis une dizaine d’années dans les médias locaux du Québec. Photo: iStock

Des élus de l’opposition fustigent l’administration Plante pour un ajout de dernière minute à l’ordre du jour du prochain conseil municipal: une déclaration en appui aux médias locaux viendrait concurrencer une motion demandant des actions précises, tout en copiant de larges pans de ladite motion.

La déclaration souligne «l’apport essentiel des médias d’information dans la politique municipale». Citant notamment la fermeture récente du HuffPost Québec, elle sera proposée par l’administration Plante lors de la prochaine séance du conseil municipal, le 14 juin.

La déclaration proposée par la mairesse d’arrondissement Emilie Thuillier se rapprocherait dans son contenu à une motion qui sera proposée par Marvin Rotrand lors de la même séance. Or, cette motion va plus loin que la simple déclaration. Elle vise «à aider les médias locaux qui vivent des pertes de revenus», explique Marvin Rotrand à Métro.

Pour Marvin Rotrand, la déclaration de Mme Thuillier vient «édenter sa motion en lui enlevant l’obligation d’action de l’administration municipale». Par exemple, la proposition d’examiner la décision du maire de New York de consacrer au moins 50% de leur budget annuel de publicité imprimée et numérique à des médias communautaires et ethniques.

Selon Danielle Pilette, experte en administration municipale et professeure à l’UQAM, si l’intention des deux documents est la même (reconnaître le rôle clé des médias locaux), le processus auquel les deux documents sont soumis est différent.

«Une déclaration vise à mobiliser de parties prenantes (organismes, médias, citoyens, élus), contrairement à une motion qui s’accompagne de mesures précises soumises au vote.»

Danielle Pilette, politologue, professeur associée, UQAM.

Une question de «plagiat»?

M. Rotrand souligne la similitude entre sa motion et la déclaration de l’administration. Plusieurs passages de la déclaration sont tirés mot pour mot de la motion, déposée deux semaines plus tôt. Il accuse l’administration Plante de plagiat.

«C’est un cas flagrant de plagiat. Projet Montréal a volé ma motion sans consultation et sans même la décence d’un coup de téléphone. Ils se sont approprié la majorité de mon texte sans changements et en on fait leur déclaration.»

– Marvin Rotrand, Conseiller indépendant de Snowdon, Côtes-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce.

Lionel Perez, candidat d’Ensemble Montréal pour la mairie de CDN-NDG, s’est joint à l’élu dans un post Twitter dans lequel il souligne les similitudes entre les deux documents. La déclaration, de part ses similitudes, représenterait selon lui une «honte et un affront aux droits des conseillers».

Le cabinet de la mairesse Valérie Plante, joint par Métro a déclaré qu’il s’agit d’une «procédure courante et régulière que de transformer des motions en déclarations, particulièrement quand il s’agit de motions non partisanes – comme celle déposée par M. Rotrand – qui méritent une approbation unanime du conseil municipal.»

Le cabinet de la mairesse fait valoir que l’enjeu dont il est question ici c’est de «reconnaître le travail essentiel des médias d’information dans la vie politique municipale.»

Marvin Rotrand précise qu’une motion est «la propriété de son auteur jusqu’à ce qu’elle soit débattue au Conseil et qu’elle soit amendée». Il considère l’action de Mme Thuillier de «non éthique» et lui demande des excuses ainsi qu’à la présidente du conseil municipal, Suzie Miron.

Si certains passages des deux documents déposés se ressemblent, et si celle de Marvin est antérieure, pour Danielle Pilette, «au sens strict, on ne pas parler de plagiat». Mme Pilette précise qu’il y a plagiat quand «on prélève du contenu d’un autre auteur, mais pas quand on fait référence à des faits et à des évènements».

Dans la déclaration de l’administration Plante sur les médias locaux, si plusieurs paragraphes sont effectivement tirés de la motion déposée par M. Rotrand, la majorité concerne des évènements et des faits. Par exemple, la COVID-19 et son impact sur les médias, la fermeture du HuffPost Canada et Québec ainsi que des décisions prises par les maires de Toronto et de New York.

Pour Madame Pilette, plus que du plagiat, il y aurait plutôt une «concurrence sur un enjeu progressiste de société tel que la reconnaissance de l’importance du rôle des médias, un enjeu qui aurait pu faire l’objet d’un travail commun.»

Marvin Rotrand dit ne pas voir été contacté par l’administration après le dépôt de sa motion le 28 mai dernier.

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