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Une intervenante qui donne plus que le «extra mile»

Sarah Joanette, intervenante au Groupe Entraide Lachine et à la halte-chaleur.
Sarah Joanette, intervenante au Groupe Entraide Lachine et à la halte-chaleur. Photo: Josie Desmarais / Métro / Montage Métro

Lachinoise d’origine et LaSalloise de résidence, Sarah Joanette, 32 ans, travaille pour le Groupe Entraide Lachine et à la nouvelle halte-chaleur de l’arrondissement, tout en étudiant à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue à la maîtrise en art-thérapie.

Le Groupe Entraide Lachine soutient et accompagne des adultes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale. De son côté, la halte-chaleur a été inaugurée cette année pour offrir un lieu de repos aux personnes en situation d’itinérance durant les longs mois d’hiver 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Spontanée et généreuse de son temps, Mme Joanette a pour mission d’aider et de motiver le reste de la communauté à s’impliquer également.

Métro s’est entretenu avec Mme Joanette afin de souligner l’importance de son impact sur la communauté lors de la Journée internationale des droits des femmes.

Ça fait maintenant plus de deux ans que vous travaillez au communautaire. Comment avez-vous commencé dans ce domaine?

J’ai obtenu mon diplôme en psychoéducation de l’Université de Laval à Québec en 2018 même si je ne me voyais vraiment pas aller à l’université. Quand tu viens du bas de Lachine et que tu pars en appartement à 16 ans sans argent, tu ne t’imagines pas finir un baccalauréat.

Mais finalement, c’est un parent d’un des enfants que je connais parce que je faisais de la suppléance pour la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys qui m’a convaincue que je devais le faire.

Pendant mes études, je suis allée en Nouvelle-Zélande, où j’ai travaillé pour l’Arche avec des adultes avec des déficiences. Finalement, j’ai terminé mes études en stage à [l’Institut national de psychiatrie légale] Philippe-Pinel.

C’est important d’avoir des gens qui travaillent avec les enfants, mais le fait de travailler avec les adultes m’a fait réaliser que je voulais avoir un impact différent et que j’avais l’énergie pour le faire.

Photo : Josie Desmarais

En plus de la maîtrise, vous travaillez dans deux organismes communautaires à Lachine. Qu’est-ce qui vous motive pour vous impliquer d’une telle façon?

Je pense que tout ce que je fais, je le fais à 200%. Je dis toujours que je suis une personne qui va toujours faire le extra mile. J’étais présente à l’ouverture de la halte-chaleur à Lachine pour offrir mes services. J’étais tellement contente qu’un endroit comme ça arrive à Lachine. Ça m’est déjà arrivé d’être au téléphone le soir ou avec un usager en sortant de l’hôpital à minuit et je cherchais une place pour qu’il passe la nuit.

Chez nous, ma mère et mon père ont toujours voulu aider tout le monde. On recevait des gens à la maison qui en avaient besoin. On prenait des personnes qui faisaient du pouce sur la route. On est juste comme ça dans ma famille.

Ça prend beaucoup de temps, mais je l’ai le temps.

Qu’est-ce que les gens ne comprennent pas du métier que vous faites et des usagers avec qui vous intervenez?

Il y a tellement une stigmatisation sur cette clientèle-là et on l’a nourrie trop facilement. Les gens lancent en l’air le fait d’être bipolaire. Mais c’est quoi être une personne bipolaire? C’est beaucoup plus difficile à vivre que ce que les gens peuvent comprendre.

Aussi, beaucoup de mes amis vont venir à l’organisme et interagir avec les personnes et réaliser qu‘elles sont super le fun et attachantes. Le monde pense que c’est un endroit difficile, mais ce n’est pas le cas. Il faut simplement leur parler et écouter leur histoire pour se rendre compte que ce sont des personnes très intéressantes qui méritent d’être entendues.

Il faut que la société reconnaisse enfin que le travail que l’on fait est essentiel. Tout le monde est tellement centré sur eux-mêmes qu’ils ne voient pas les besoins des autres.

Sarah Joanette

Le 22 février, le Groupe Entraide Lachine a marché dans les rues de l’arrondissement pour soutenir la cause communautaire. Quel message voudriez-vous lancer à la population sur les besoins de cette cause?

Aider ces gens-là est un travail de société. C’est difficile de voir le monde ignorer ces problèmes. Je ne sais pas s’ils sont trop occupés ou s’ils s’en foutent, mais c’est dur à comprendre.

Comme je suis dans le système, ça ne me sert à rien de chialer. Il faudrait que tout le monde le fasse. On ne nous écoute pas.

Plus particulièrement, j’aimerais voir la population de Lachine s’impliquer davantage.

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