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On a testé l’accès à la pilule du lendemain

La "pillule du lendemain" Contingency ONE.
La «pilule du lendemain» Contingency ONE. Photo: Josie Desmarais/Métro

Questions invasives, jugements, interrogatoires graves et longs semblaient être fréquents, il y a quelques années, pour les femmes qui cherchaient à se faire prescrire la pilule du lendemain en pharmacie. Ces pratiques sont-elles toujours la norme aujourd’hui? Métro a tenté l’expérience.

La contraception orale d’urgence (COU), mieux connue sous l’appellation de «pilule du lendemain» ou «Plan B», est un médicament hormonal pouvant être prescrit directement par un ou une pharmacien.ne et couvert par la Régie de l’assurance maladie du Québec.

Des journalistes de Métro se sont rendues dans quatre différentes pharmacies situées sur l’île de Montréal – un Pharmaprix, un Uniprix et deux Jean Coutu – prêtes à vérifier si l’accès à la pilule contraceptive serait pour elles un chemin de croix.

Surprise, il semble y avoir eu un changement de mentalité. Règle générale, mis à part quelques questions maladroites, mais sans mauvaises intentions apparentes – assumer que le rapport sexuel non protégé avait eu lieu au petit matin ou le qualifier de «relation ayant posé problème» –, c’est avec un sourire bienveillant ou avec une indifférence polie que se sont déroulées les transactions.

Règle générale, les pharmacien.es ou technicien.nes de laboratoire posaient les questions nécessaires avec professionnalisme. En moyenne, nos journalistes ont passé entre 5 et 15 minutes au comptoir des ordonnances avant de se voir remettre la pilule.

C’est seulement dans le quart des cas que notre journaliste a été invitée à s’assoir derrière un paravent pour plus d’intimité. Dans les trois quarts des cas, les questions ont été posées au comptoir des ordonnances.

Dans une des pharmacies où nous nous sommes rendues, la journaliste a répondu aux questions à même un questionnaire papier et il n’a pas été nécessaire de rencontrer le pharmacien. Le technicien de laboratoire a simplement demandé si la cliente connaissait le fonctionnement de la pilule du lendemain. L’option de rencontrer le pharmacien a tout de même été offerte et un mode d’emploi a été remis avec la COU.

Dans les autres pharmacies, c’est le pharmacien ou la pharmacienne qui posait les questions et remplissait le questionnaire.

Le document à remplir dans l’une des pharmacies visitées. Des réponses fictives y ont été écrites. Crédit: Zoé Arcand/Journal Métro.

Des questions essentielles

Pour ce qui est des questions posées, les pharmacien.ne.s ont semblé s’en tenir à l’essentiel. Des questions liées à l’historique du cycle menstruel sont nécessaires, nous explique certain.e.s des pharmacien.ne.s, pour évaluer les chances qu’a la cliente de tomber enceinte. Les pharmaciens demandent également à quand remonte le rapport sexuel non protégé dans le but d’avoir une idée de l’efficacité qu’aura la pilule du lendemain.

Ce que nous explique une pharmacienne, qui a préféré garder l’anonymat, c’est que le but est d’évaluer à quel point la COU sera efficace. Plus la personne venant chercher le médicament est proche de l’ovulation, plus elle a des chances de tomber enceinte, et plus la prise du médicament s’éloigne du rapport sexuel non protégé, moins il est efficace. Dans les trois premiers jours, les probabilités d’efficacité sont «élevées», nous dit-on.

Des questions portant sur la raison de la consultation sont également posées. Bien que cela puisse rendre mal à l’aise, il s’agit d’une nécessité, car si la raison de la venue en pharmacie est, par exemple, un condom brisé, d’autres méthodes d’urgence peuvent être utilisées. Si la personne a besoin de la COU en raison d’une agression sexuelle, la pharmacie se doit de la rediriger vers des organismes et le cas est géré comme une affaire criminelle.

L’importance de savoir quel moyen de contraception est utilisé est nécessaire pour savoir comment la COU va réagir ainsi que pour évaluer d’autres moyens de contraception (par exemple dans le cas de bris ou glissement d’un condom).

Selon l’expérience menée par Métro, aucune justification quant au choix de ne pas se protéger n’a été demandée à nos journalistes. La moitié des pharmacien.ne.s ont rappelé l’importance de se faire tester, puisque la pilule ne protège pas contre les ITSS. Certain.e.s pharmacien.ne.s ont posé un peu plus de questions que d’autres.

Dans la majorité des cas, les raisons derrière les questions posées ont été expliquées à nos journalistes.

Questionné par rapport à ce que dit le code de déontologie à cet effet, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) a tenu à rappeler que des questions doivent inévitablement être posées puisqu’il s’agit d’un acte pharmaceutique, et que les client.e.s sont libre de porter plainte s’iels jugent avoir été victimes d’un jugement de valeur. Il n’a pas été spécifié ce que représente un jugement de valeur digne de sanctions.

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