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COP15: participer ou s’opposer?

La COP15 qui se déroule à Montréal depuis le 7 décembre est loin de faire l’unanimité. Alors que des militants pour l’environnement participent activement aux négociations d’un nouvel accord international pour la protection et la préservation de la biodiversité, d’autres se mobilisent dans la rue pour bloquer la conférence onusienne… et d’autres encore ne s’intéressent tout simplement pas à cette dernière.

La Coalition anticapitaliste et écologique contre la COP15 (CAECC) appelle à «bloquer» l’événement. Elle invite les gens à employer les moyens de leur choix, «à faire ce qui leur tente», pour mettre des bâtons dans les roues de la Conférence internationale, dit George, un militant souhaitant garder l’anonymat.

L’histoire le démontre, juge le militant: les COP ne règlent pas le problème de la crise environnementale.

En employant des noms d’emprunt et en camouflant leur identité, lui et d’autres membres de la coalition espèrent se protéger «de la surveillance policière et des groupes d’extrême droite». Il s’agit également d’un geste symbolique pour protester contre un système.

Le Collectif COP15, de son côté, adopte une tout autre philosophie. Le rassemblement, qui compte près d’une centaine de groupes de la société civile, dont des syndicats et des organisations non gouvernementales, participe à la COP dans le but de défendre l’importance de la préservation de la biodiversité. Anne-Céline Guyon, de Nature Québec, souligne que la conférence internationale est le moment idéal pour mettre l’importance de la biodiversité «au-devant de la scène».

«On comprend qu’il y ait du cynisme dans la population et chez certains groupes militants», dit Anne-Céline Guyon. Mais selon elle, les COP restent des plateformes incontournables pour mettre de l’avant la parole des peuples et des communautés marginalisées, comme celles et ceux issu.e.s du sud global ou des communautés autochtones.

Parallèlement, il y a ceux et celles qui militent pour l’environnement, mais qui font le choix de tout simplement ne pas se mêler de la COP15. Ils et elles espèrent plutôt profiter du fait que les yeux du monde soient rivés sur Montréal pour attirer l’attention sur les enjeux de biodiversité et d’environnement.

Jacob Pirro est de cette école de pensée. Récemment, lui et sa collègue Isabelle Grondin Hernandez ont publié une lettre ouverte. Tous les deux ont interrompu leurs études pour se consacrer à temps plein au militantisme environnemental, «parce que nos luttes sont le seul espoir d’un avenir meilleur. D’un avenir tout court», écrivent-ils. Participer à la COP15 ne les intéresse pas, confirme Jacob à Métro en entrevue. «Saisir l’opportunité que la COP présente pour faire passer nos messages de manière efficace», voilà ce que fera Jacob Pirro d’ici à la fin de l’événement.

Il ne faut pas s’attendre à ce que les gagnants du jeu changent les règles pour nous.

Jacob Pirro

Pour George, militant œuvrant avec la CAECC «depuis ses débuts», les personnes assises autour de la table de négociation ayant «un vrai poids» sont des parties, des groupes, qui n’ont pas «la biodiversité à cœur» et qui vont tout faire pour que les retombées de la COP15 aillent dans le sens de leurs intérêts, qui sont «économiques». Toutefois, il insiste: la CAECC comprend et respecte la lutte choisie par le Collectif COP15. «On ne s’oppose pas à ces groupes-là», assure-t-il, soulignant au passage que la menace, «elle est en cravate et en costume, entre les murs de la COP15».

Aux yeux de Jacob Pirro, la COP15 semble être un événement presque risible, qui «fait un peu le travail pour nous», dit-il le sourire en coin. Selon lui, elle démontre explicitement, par elle-même, qu’elle «ne change rien».

Ultimement, ces militants aux allégeances différentes considèrent tous deux lutter pour un écologisme se traduisant par une prise de pouvoir de la population sur son avenir et un rejet du système capitaliste.

Anne-Céline Guyon insiste en parallèle sur le fait qu’il demeure important de comprendre que les différentes actions militantes pour l’environnement s’étant déroulées à Montréal ces dernières années ont eu des retombées concrètes. Elles auront permis de «stopper [la construction des oléoducs de] GNL Québec et d’Énergie Est». Elle ajoute que le travail des différentes forces militantes québécoises, «fortes de leur capacité à travailler ensemble», a fait de la province la seule juridiction infranationale à avoir une «vraie loi qui interdit l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures».

Bien que les approches des environnementalistes en marge de la COP15 soient différentes, aucun de ces «camps» ne se trouve en conflit avec les autres. Tous assurent qu’ils se respectent et comprennent leurs points de vue respectifs.

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