Un rideau de papier journal hors du commun

Minutie et patience. Ce sont les qualités que possède l’artiste Myriam Dion, qui découpe des motifs dans les journaux. La Maison du développement durable accueillera son exposition Dentelles de journaux du 10 au 25 mai. Cette exposition vise à susciter une réflexion sur la réutilisation du papier journal. Métro s’est entretenu avec l’artiste.

Ça représente quoi, d’être exposée à la Maison du développement durable?
C’est un cadeau pour moi de pouvoir combler cet espace. Je trouve que cela a aussi une belle portée environnementale et que ça s’adapte bien à mon travail. Je peux facilement accorder une visée environnementale étant donné que je travaille avec du papier journal. Tous mes projets qui seront exposés dans l’atrium de la Maison sont faits avec du papier du journal Métro que j’ai ramassé par terre dans les transports en commun. Pour cette exposition, les motifs seront en forme de feuillage pour rappeler l’utilisation des journaux et d’où ils proviennent. C’est aussi pour sensibiliser les gens au matériel du papier qui est précieux.

Pourquoi découpez-vous dans le journal exactement?
Ce qui est intéressant, c’est que le journal est un reflet d’un flux constant d’actualité qui se renouvelle chaque jour. C’est incessant, on est happé par la vitesse de l’information, et je découpe là-dedans, comme si je retirais cette information. C’est un moyen pour moi de me positionner à contre-courant de la société puisque je suis complètement à l’opposé d’une société de vitesse. Je prends mon temps pour découper dans un matériel qui reflète le rythme de vie aliénant dans lequel on vit. Ce que j’aime aussi, c’est que le journal, je ne choisis pas ce qu’il y a dessus. Je dois donc composer avec ce qu’il y a sur la page.

Comment procédez-vous pour faire vos dentelles en journaux?
Je choisis une page dans le journal, que ce soit une page couverture ou autre. Je travaille avec différents journaux. Je trouve cela très intéressant, car ils n’ont pas tous les mêmes papiers. S’il y a un événement tragique qui se passe, je prends la page couverture de plusieurs journaux pour voir comment ils ont traité la nouvelle. Selon les images, j’investis la page avec les motifs que j’aimerais faire. Je travaille avec un petit exacto et je découpe tous les motifs à la main, un par un. Je ne trace rien avant de faire les motifs, c’est vraiment aléatoire.

Cela vous prend combien de temps pour faire une page?
Ça dépend combien de temps je veux y consacrer. Si je trouve une page très intéressante et que la mise en page m’inspire, ça peut me prendre jusqu’à trois jours. Sinon, ça peut prendre 30 minutes pour un journal moins travaillé. Souvent, je m’installe pour une journée complète et je fais juste ça, c’est vraiment une recherche sur les motifs et sur les détails, ça me fait du bien.

Depuis combien de temps faites-vous de la dentelle en journaux?
Ça fait trois ans que j’ai commencé. Cette technique de découpage vient des traditions artistiques asiatiques et je trouvais important de faire un retour aux techniques manuelles. On est beaucoup rendus dans une ère de technologie. Je ressentais le besoin de ralentir, et le découpage me permet de faire tout ça.

Une création de Myriam Dion / Collaboration spéciale