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Les golfeurs

Photo: Pierre Brassard | www.pierrebrassard.com

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Ligne orange, direction Montmorency. Nous sommes vendredi, il est 10 h 15.

Au moment d’écrire ces lignes, la saison de golf n’est pas encore officiellement ouverte. Ce qui n’empêche pas deux comparses, ce matin-là, de monter à bord de la voiture où je me trouve munis de leurs sacs remplis de bâtons. J’allais dire de fers, mais comme je n’y connais rien, j’irai prudemment avec un terme sûr.

Certains de ces bâtons, donc, sont protégés par des petits chaussons de laine. On dirait des marionnettes au long cou, sans castelets et sans histoire à raconter.

Les deux amis, qui ont la soixantaine bien tonique, sont vêtus de tenues sportives adéquates. Ils ont l’air de bonne humeur et se tirent mutuellement la pipe, s’amusant déjà de leur dextérité certainement rouillée par l’hiver.

Je comprends rapidement que les deux amis seront cueillis au terminus par un troisième joueur et que le trio se rendra dans un club de pratique intérieur.

L’idée de frapper des balles intra-muros me laisse perplexe. Encore plus que l’idée du golf en plein air. Et ce n’est pas peu dire, car je ne comprends pas à ce jour l’intérêt de ce «loisir», malgré le fait qu’autour de moi tant de gens dont je pense le plus grand bien pratiquent le golf, s’entêtant à qualifier cette activité de sport.

Est-ce que prendre une marche en kickant une cannette ou un caillou est un sport? Ben voilà! C’est pourquoi ma mauvaise foi et moi trouvons qu’il en va de même pour le golf!

J’écoute discrètement la conversation des deux amis pour comprendre que les balles qu’ils sont sur le point d’aller frapper vont s’écraser sur des écrans sur lesquels défileront les paysages des plus beaux clubs de golf au monde.

Ainsi, ces deux sportifs se retrouveront au bout du terminus, à quelques minutes de l’Écosse, de l’Irlande ou encore de la Guadeloupe.

Et ça, franchement, c’est quand même pas mal. Ça pourrait presque me donner envie de m’y mettre!

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