Cigarettes et vapoteuses encore très présentes chez les jeunes
Un sondage Léger réalisé en décembre 2022 révèle que plus du quart des 17-25 ans du Québec fument la cigarette au moins occasionnellement, presque autant que ceux qui affirment consommer la vapoteuse (un tiers). Un résultat «étonnant» selon le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ), commanditaire du sondage.
«Les tendances ont énormément changé dans les dix dernières années, affirme Stéphane Boudreau, directeur général du RSEQ. La consommation tabagique des jeunes adultes a augmenté, surtout depuis la pandémie.»
Dans le cadre de sa campagne annuelle De Facto de prévention et de sensibilisation à la consommation tabagique auprès des jeunes adultes, le RSEQ a mandaté à la firme Léger une étude auprès de 510 Québécois(es) âgé(e)s de 17 à 25 ans. Le but? Connaitre leurs habitudes et leurs perceptions sur la consommation tabagique.
Quelques données probantes
- 26% des jeunes interrogés fument la cigarette, ne serait-ce qu’à l’occasion.
- 39% des jeunes de 17 à 19 ans interrogés fument la cigarette, ne serait-ce qu’à l’occasion, ce qui représente une augmentation de 11 points de pourcentage par rapport à l’étude de 2021.
- 59% des jeunes sondés disent avoir déjà fait l’essai de la cigarette électronique.
- 28% des jeunes interrogés fument la cigarette électronique, ne serait-ce qu’à l’occasion.
Source: Sondage Léger auprès de jeunes âgés de 17 à 25 ans en décembre 2022 (mandaté par le RSEQ)
«Ces données se situent au-dessus de la moyenne nationale et provinciale, ce qui est alarmant, surtout venant d’une génération normalement alerte des risques», souligne M. Boudreau.
Selon lui, la cigarette est de plus en plus banalisée au sein de la société, surtout chez les jeunes. «Il suffit de passer devant une école secondaire pour voir que des jeunes fument, sans que ça n’interpelle qui que ce soit. S’ils avaient des bouteilles de vodka à la main, ça choquerait plus.»
Interrogées sur leur vision de la place de la cigarette au sein de leur génération, les 24 à 25 ans pensent qu’il s’agit d’un problème de société important (81%). Ceux de 17 à 19 ans sont en revanche significativement moins nombreux à le penser (58%). La vapoteuse est cependant perçue par ces jeunes comme encore plus problématique que la cigarette; 93% d’entre eux estiment que la cigarette électronique constitue un problème de société important chez les jeunes de leur âge.
«Il y a plusieurs études qui suggèrent que c’est plus facile pour les jeunes de développer une dépendance à la vapoteuse, étant donné l’expérience différente qu’elle peut apporter par rapport à la cigarette», explique le Dr Nicholas Chadi, pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en toxicomanie et en médecine de l’adolescence.
Les jeunes seraient beaucoup plus facilement attirés par la vapoteuse en raison de plusieurs facteurs, dont le fait qu’elle soit inodore ou sente meilleur que la cigarette. La panoplie de goûts proposée permet aussi de les attirer vers quelque chose de nouveau.
En 2019, le Dr Chadi avait effectué, avec le Programme canadien de surveillance pédiatrique (PCSP), un sondage ponctuel qui avait révélé 88 cas de blessures ou de maladies liées au vapotage chez les enfants et les adolescents au pays.
«Même si c’est peu fréquent, certains jeunes qui vapotent rapportent souvent de la toux, ont de l’essoufflement ou des problèmes de sommeil. Ça peut aussi jouer sur leurs émotions, car ils sont toujours en train de penser à consommer de la nicotine par exemple», indique le Dr Chadi.
Parmi les jeunes de l’étude qui n’ont jamais fait l’essai de la cigarette électronique, seulement 3% croient l’essayer un jour.
À qui la responsabilité?
Cette année, les jeunes fumeurs du sondage ont indiqué à 21% avoir commencé à fumer pour essayer, et à 19% pour le plaisir qu’ils en retirent. En 2021, les résultats révélaient plutôt comme raison principale un moyen de se calmer et de lutter contre le stress.
«Il est difficile de faire comprendre à un jeune les conséquences que sa consommation peut avoir sur sa santé à long terme, car à cet âge, on se sent invincible», avance Stéphane Boudreau.
On peut aussi remarquer dans les résultats la place que prend la pression des pairs dans la décision d’un jeune de commencer à fumer; 11% des répondants disent avoir commencé à fumer car on leur a offert une cigarette, et 8% car leur entourage fumait. Seulement 6% des répondants ont indiqué avoir débuté par choix personnel.
En ce qui concerne le vapotage, le Dr Chadi dénonce la commercialisation de ce type de produit, qu’il ne juge pas assez sévère. «Le gouvernement du Québec parle de la possibilité de bannir les parfums dans le vapotage. Je pense qu’il est important de le faire, car ça permettrait de diminuer son attrait chez les jeunes», souligne-t-il.
Pour les deux hommes, le plus important passe par l’éducation et l’information que l’on transmet aux jeunes sur les risques liés au tabac et à la vapoteuse. «Il faut éveiller leur sens critique, sans pour autant avoir un message moralisateur. C’est un défi du quotidien», pense M. Boudreau.
Selon le Dr Chadi, le plus tôt on informe les personnes des risques de la cigarette et de la vapoteuse, le mieux c’est. Cela laisse le temps à leur cerveau de bien se développer, pour qu’il y ait le moins de dommages possible.