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Montréal, la ville la plus durable au monde?

Photo: benedek - istock

En raison de sa consommation énergétique provenant à 99,95% de sources renouvelables, Montréal serait la ville la plus durable au monde, selon un palmarès produit par Comparethemarket, un groupe d’analyse du marché énergétique. Vancouver, en quatrième position, est la seule autre ville canadienne apparaissant au sein du palmarès.

Pour établir son classement, Comparethemarket évalue le pourcentage de l’énergie consommée par la ville provenant de sources renouvelables, de même que la qualité de l’air et le nombre de parcs qu’elle compte.

Montréal mérite-t-elle donc une bonne tape dans le dos? Pas nécessairement, si l’on se fie à l’analyse de l’expert en développement durable aux Hautes études commerciales (HEC) Jean-Michel Champagne. Si les «données recueillies ont une valeur informative, elles peuvent difficilement servir pour évaluer la durabilité d’une ville», croit-il.

[Des classements du genre], il faut les prendre avec des pincettes.

Jean-Michel Champagne, expert en développement durable aux HEC

Déjà, l’évaluation de la consommation énergétique comme critère de durabilité est problématique à un certain niveau. «Aucune énergie n’est parfaite; la meilleure énergie c’est celle qu’on ne consomme pas, affirme M. Champagne. Dans le classement, Tokyo a 0% de consommation énergétique renouvelable, mais c’est pourtant une ville très propre et très efficace énergétiquement comparativement à Montréal.»

Ainsi, lorsque l’on regarde la «consommation par habitant», Montréal ferait bien piètre figure dans le monde, selon l’expert, qui rappelle aussi que si l’énergie consommée par Montréal est renouvelable, c’est en raison des infrastructures provinciales qui s’appuient sur l’hydroélectricité.

Une mesure problématique

Si les instances publiques peuvent avoir une incidence sur la qualité de l’air, comme Montréal qui impose des «contrôles antipollution sévères», une partie de celle-ci demeure difficilement contrôlable, souligne M. Champagne.

Ainsi, Montréal a «l’avantage géographique» d’être sur un territoire où la pollution se disperse plus facilement. «Mexico, qui est l’une des villes les plus polluées au monde, l’est notamment parce qu’elle est située dans une cuvette dans les montagnes, où les particules restent prisonnières», rappelle M. Champagne.

En plaçant Montréal au sommet du classement, on «implique à tort qu’elle est meilleure qu’une autre», déplore l’expert. Le problème, selon lui, est qu’on ne prend pas en compte le fait que puisque Montréal est une «industrie de service et pas de production, notre pollution est faite ailleurs». À l’opposé, Mexico serait entre autres plus polluée parce que «son industrie en est une de production». Les biens qui y sont produits sont revendus ailleurs, comme à Montréal.

«On ne pourrait utiliser ce classement pour féliciter les instances publiques; ce n’est pas une question de choix», conclut le chercheur en développement durable.

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