Itinérance dans Milton-Parc: l’Ombudsman déplore «un match de ping-pong» entre les différents partenaires
L’Ombudsman de Montréal critique durement le «match de ping-pong» qui se joue entre les différents partenaires, en premier lieu la Ville de Montréal et le ministère de la Santé et des Services sociaux, pour régler les enjeux d’itinérance dans le secteur Milton-Parc. Dans son rapport annuel 2022 dévoilé le 12 juin, Me Nadine Mailloux fait toutefois preuve d’un «optimisme lucide et prudent», encouragée par la volonté de la Ville.
Les instances «imputables» sont souvent «plus enclines à utiliser leur ricochet qu’à prendre le problème à bras-le-corps, avec force et nuance», déplore Me Nadine Mailloux, l’ombudsman de Montréal, en ouverture de son rapport.
«Il faut absolument, de façon capitale, que toutes ces entités-là s’assoient, collaborent et continuent de le faire, même quand elles ne sont plus sous les projecteurs des médias», réitère-t-elle à Métro, au téléphone.
Pensons seulement à l’itinérance, à la pénurie de logements ou aux situations de discrimination; au final, ce sont les gens vulnérables qui souffrent le plus de l’inertie que crée ce dialogue difficile entre les instances.
Extrait du rapport annuel 2022 de l’Ombudsman de Montréal
Rappelons qu’en 2022, l’Ombudsman avait brossé un portrait sombre des conditions dans lesquelles vit la communauté de personnes en situation d’itinérance d’origine autochtone et inuite de Milton-Parc, qualifiant la situation de «crise humanitaire».
L’Ombudsman avait alors émis cinq recommandations à l’égard de la Ville de Montréal. «Deux de ses recommandations sont sur la bonne voie d’être satisfaites (création d’un comité de bon voisinage) ou entièrement réalisées (financement des organismes à but non lucratif)», précise-t-on dans le rapport.
Deux autres recommandations, soient la pérennisation d’une ressource d’hébergement d’urgence pour la communauté inuite et le développement d’une approche préventive, se font attendre, note Me Mailloux en entrevue. Toutefois, elle considère que les actions envisagées par la Ville attestent de son engagement à mettre en œuvre les deux recommandations.
Plus de concret, plus rapidement
En prévention, les actions de la Ville restent trop «vagues», souligne l’ombudsman dans son rapport. «Il faut s’éloigner à tout prix des slogans, des feuilles Excel qui ne servent qu’à cocher des cases plutôt qu’à concrétiser véritablement les objectifs finaux», précise-t-elle.
L’itinérance n’est pas «inévitable», plaide Me Mailloux. «Il faut accrocher les gens dès qu’ils arrivent à Montréal, avant qu’ils puissent tomber dans une problématique d’itinérance.»
Par ailleurs, les solutions «tardent à se réaliser», souligne l’ombudsman dans son rapport. Une affirmation qu’elle nuance toutefois en entrevue. Le dernier suivi effectué en mars 2023 laisse croire que des actions concrètes «sont en train d’éclore», précise-t-elle.
Si je me place dans la posture d’une des personnes en situation d’itinérance ou d’un citoyen qui habite Milton-Parc, c’est sûr que je trouve ça long.
Nadine Mailloux, ombudsman de Montréal
L’Ombudsman effectuera un suivi trimestriel jusqu’à l’entière réalisation des recommandations. Il s’agit de la première fois que l’entité effectue un suivi aussi serré d’un dossier, note Me Mailloux.
«Il ne faut pas lâcher la pression sur la Ville de Montréal, déclare-t-elle, tant qu’on ne sera pas capables de constater nous-mêmes que la situation s’est améliorée.»
Malgré tout, Me Mailloux a bon espoir de voir la population itinérante dans le secteur Milton-Parc être davantage soutenue. «On ne règlera jamais complètement l’itinérance […], mais est-ce qu’on peut améliorer la situation de la communauté inuite qui souffre d’itinérance? Je pense qu’on est définitivement capable de le faire.»