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Itinérance: une «crise humanitaire au cœur de la métropole», dit l’ombudsman

La nouvelle clôture au coin Milton/Parc Photo: Dominic Gildener/Métro Média

Dans son rapport rendu public aujourd’hui, l’ombudsman de Montréal brosse le portrait d’une «crise humanitaire au cœur de la métropole». Me Nadine Mailloux émet cinq recommandations pour que la Ville de Montréal et les autorités passent à l’action.

Cette enquête a vu le jour à la suite des plaintes d’un comité de citoyens et citoyennes du quartier de Milton-Parc. Ces derniers dénonçaient la dégradation de la qualité de vie du quartier, où se trouve une communauté de personnes en situation d’itinérance d’origine autochtone et inuite.

Il faut absolument apprendre à mieux se concerter.

L’ombudsman de Montréal, Me Nadine Mailloux

L’enquête de l’ombudsman souligne le manque de concertation entre les entités concernées. Une vingtaine d’entités agissent dans le quartier auprès des personnes en situation d’itinérance.

«Il est clair que la question de l’itinérance appelle une approche globale et nécessite un travail en complémentarité, entre autres, des instances municipales, des organismes communautaires et du Réseau de la santé et des services sociaux (RSSS), déclare l’ombudsman de Montréal, Me Nadine Mailloux. Or, ces intervenants opèrent à l’intérieur de structures étatiques ou communautaires quelquefois difficilement compatibles, d’où un vide d’imputabilité (chacun se renvoie la balle).»

L’ombudsman dénonce un «manque flagrant» de planification des mesures hivernales et de leur mise en place. L’important, selon elle, est de répondre au besoin d’hébergement toute l’année, et non ponctuellement.

«Nous trouvons surprenant qu’aux mois de décembre et janvier, ces mesures soient encore en phase d’initiation, que la recherche de site soit toujours en cours et surtout, qu’elle soit tributaire de la déclaration d’état d’urgence local par l’agglomération de Montréal», souligne le rapport en mentionnant que la crise sanitaire et les conditions climatiques n’avaient rien d’imprévisible en 2021.

Agir sur l’hébergement

La première recommandation de l’ombudsman concerne les ressources d’hébergement. Me Mailloux recommande à la Ville d’introduire plus de flexibilité quant à la règlementation d’urbanisme et à son interprétation, afin de favoriser l’implantation de ressources d’hébergement.

L’ombudsman demande ensuite à la Ville d’inscrire la concertation entre les différents acteurs comme une priorité pour le développement de ressources d’hébergement. Un porteur de dossier décisionnel responsable du développement de ces ressources devrait être désigné et les différentes entités devraient lui rendre des comptes.

L’ombudsman recommande aussi le développement de projets d’hébergement et de logements pour les personnes inuites de Montréal. Elle demande la mise sur pied, dès cette année, d’une ressource d’hébergement d’urgence stable répondant aux besoins des personnes inuites.

Inclure les citoyens et réviser le financement des organismes communautaires

Dans sa troisième recommandation, l’ombudsman appelle la Ville de Montréal et l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal à inclure davantage les citoyens dans le comité responsable de la sécurité de Milton-Parc et dans la recherche de solutions.

Le rapport souligne la nécessité de les tenir informés de l’avancée des projets et des décisions prises.

La quatrième recommandation de l’ombudsman invite la Ville à réviser le mode de financement des organismes communautaires. L’objectif est que ceux-ci puissent offrir leurs services de manière continue et permanente pour les personnes en situation d’itinérance.

Un resserrement des mécanismes existants de reddition de compte liés au financement des organismes est également recommandé.

Prévenir l’itinérance dans les communautés

Dans sa dernière recommandation, l’ombudsman exhorte la Ville à développer une approche préventive à l’égard de l’itinérance dans la communauté. Pour cela, Me Mailloux recommande la création de programmes d’accueil et d’accompagnement communautaires pour les personnes inuites qui arrivent à Montréal.

L’ombudsman recommande à la Ville de se positionner comme un partenaire actif dans le développement de services et d’un lieu de rassemblement communautaire et de diffusion culturelle. Pour finir, l’ombudsman demande à la Ville de définir concrètement son rôle ainsi que ses responsabilités et son apport dans la réalisation de ces programmes.

De son côté, la Ville de Montréal dit accueillir avec «grande ouverture et intérêt» les recommandations et le rapport de l’ombudsman, et déclare vouloir les mettre en place.

«En collaboration avec les gouvernements du Québec et du Canada, le réseau de la santé et des services sociaux et nos partenaires communautaires et autochtones, nous nous engageons à implanter les 5 recommandations de l’ombudsman de Montréal», déclare le cabinet de la mairesse, Valérie Plante.

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