On aura tout vu

En novembre dernier, on croyait avoir tout vu. Deux maires démissionnaient à cause de poursuites criminelles, et un autre lançait la serviette dans la foulée de la commission Charbonneau. Ces démissions en série amenaient avec elles une facture salée : 216 455 $ pour Gérald Tremblay, 246 947 $ pour Gilles Vaillancourt. À cela s’ajoutent Frank Zampino et Richard Marcotte, qui ont reçu des sommes avoisinant les 200 000 $.

Primes de départ et allocations de transition, les sommes additionnées avaient de quoi choquer. Tant Gilles Vaillancourt que Richard Marcotte avaient droit à leur prime. Présomption d’innocence oblige, les règlements municipaux devaient s’appliquer. La facture était cependant dure à avaler pour les contribuables.

Comme si c’était le jour de la marmotte, la ronde des primes reprend de plus belle cet été. Encore une fois, des sommes importantes sont versées à des élus qui se sont retirés en cours de mandat. Michael Appelbaum recevra plus de 260 000 $, et Alexandre Duplessis, 170 000 $. Dans le cas du maire de Montréal, il a démissionné assez rapidement pour qu’un citoyen n’ait pas le temps de se prévaloir de la toute nouvelle Loi 10. On aurait pu demander à un tribunal de le reconnaître inapte à siéger, et s’il avait été reconnu coupable, il aurait perdu tous les privilèges liés à ses fonctions.

Déjà en novembre, le ministre des Affaires municipales sentait l’urgence d’agir. Il disait vouloir revoir rapidement les règles en collaboration avec la Fédération des municipalités du Québec et l’Union des municipalités du Québec. Il semble bien qu’il ait trop tardé.

À Montréal, Louise Harel a dit vouloir agir dès le mois d’août, à la prochaine séance du conseil municipal. Sa formation politique déposera un projet, semblable à celui présenté à l’Assemblée nationale sur les primes accordées aux députés. S’il devait être adopté, ce projet priverait de prime tout élu montréalais qui quitterait sa fonction en cours de mandat.

La colère n’est certes pas toujours bonne conseillère. Il faudra bien sûr faire la part des choses et établir des distinctions entre un élu qui se retire à la suite de poursuites criminelles, qui est condamné, et un élu qui se retire pour manque de jugement ou perte de confiance.

Le ministre Gaudreault a dit vouloir accélérer le pas et déposer un projet de loi à la rentrée parlementaire de septembre. C’est un incontournable. Les membres de l’Assemblée nationale devront se concerter. Même si on peut croire avoir tout vu, on sait maintenant que le monde municipal peut toujours nous surprendre dans ce qu’il y a de meilleur et de pire.

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