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Ottawa donne son feu vert à Northern Gateway

VANCOUVER – Le gouvernement fédéral a donné son feu vert conditionnel, mardi, au projet Northern Gateway, un oléoduc destiné à acheminer le pétrole de l’Alberta jusqu’aux côtes de la Colombie-Britannique, pour exportation vers les marchés asiatiques.

Le ministère fédéral de l’Environnement et l’Office national de l’énergie (ONE) avaient déjà recommandé conjointement, en décembre, qu’Ottawa approuve le projet, en imposant toutefois 209 conditions.

Ottawa, qui juge prioritaire de trouver de nouveaux marchés pour le pétrole canadien, exige maintenant qu’Enbridge respecte ces conditions et consulte davantage les communautés autochtones pouvant être affectées par le projet controversé, évalué à 7 milliards $.

«Cela représente une autre étape dans le processus», a déclaré par communiqué le ministre des Ressources naturelles, Greg Rickford.

«Désormais, le promoteur doit démontrer à l’organisme de réglementation indépendant, l’ONE, comment il respectera les 209 conditions», a ajouté le ministre.

Les 209 conditions ratissent large, de la protection de l’habitat du caribou à la recherche sur la façon dont le pétrole se comporterait dans un environnement marin, en passant par les plans d’urgence de l’entreprise face à un éventuel déversement.

La commission conjointe avait estimé que les «avantages potentiels» du projet pour le Canada et la population canadienne l’emportaient sur les «fardeaux et les risques éventuels».

Le document proposait qu’Enbridge prouve qu’elle dispose des ressources financières pour répondre à tout déversement. L’une des conditions oblige l’entreprise à disposer d’une couverture d’assurance de 950 millions $ et d’un «accès sans limites» à 100 millions $ dans les 10 jours ouvrables suivant un déversement.

La commission avait aussi recommandé qu’Enbridge ait l’obligation d’effectuer des recherches sur le comportement et le nettoyage du pétrole lourd, en eau douce ou dans un environnement aquatique.

Enbridge a salué mardi l’approbation du projet par Ottawa, parlant aussi d’une autre étape dans le processus. La société établie à Calgary a indiqué par communiqué qu’elle aurait désormais trois priorités: respecter les conditions du comité conjoint; travailler avec la province de la Colombie-Britannique sur ses cinq conditions; et continuer de discuter avec les communautés autochtones pour augmenter la confiance envers le projet.

La première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, a réitéré mardi que le projet ne respectait pas les cinq conditions fixées par la province pour l’approbation de tout projet d’oléoduc, incluant la consultation des Premières Nations et une part équitable des revenus pour la province.

Sa ministre de l’Environnement, Mary Polak, a affirmé que Northern Gateway respectait seulement la première condition, soit d’avoir passé un examen environnemental fédéral.

«Notre position sur l’oléoduc Northern Gateway demeure inchangée», a dit la ministre en conférence téléphonique avec les médias.

«Northern Gateway a encore beaucoup de travail pour respecter les cinq conditions de la Colombie-Britannique», a-t-elle soutenu.

Les opposants ne baissent pas les bras

Quelques minutes après l’annonce, des opposants au projet ont dit croire que l’oléoduc ne verrait jamais le jour malgré le feu vert d’Ottawa.

«Les Premières Nations iront immédiatement devant les tribunaux pour tenter avec force par tous les moyens légaux disponibles de stopper le projet d’Enbridge», indique un communiqué transmis par une large coalition de groupes autochtones de la Colombie-Britannique.

La déclaration a été signée par 28 groupes particuliers et par les trois principales organisations autochtones dans la province: l’Assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique, le Sommet des Premières Nations et l’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique.

«Ce projet, et le processus fédéral pour l’approuver, violent nos droits et nos lois. Nous nous unissons pour défendre nos terres et nos eaux de nos territoires respectifs», ont-ils martelé.

Ils soutiennent que la majorité des Britanno-Colombiens s’opposent au projet qui acheminerait vers l’Ouest, sur 1200 kilomètres, environ 525 000 barils de pétrole par jour, estimant qu’il représente un «risque inacceptable» pour l’environnement et la santé de tous dans la province.

Le projet fait déjà l’objet de contestations devant les tribunaux. Plusieurs communautés des Premières Nations et groupes environnementaux ont déposé en Cour fédérale des demandes de révision judiciaire du rapport fédéral conjoint recommandant l’approbation de Northern Gateway.

Le Gitxaala et la Coastal First Nations ont déjà dit préparer des poursuites plus larges contre le gouvernement fédéral ou l’entreprise concernant les droits des Autochtones. L’oléoduc traverserait les territoires de plus de 50 Premières Nations.

Le groupe environnemental Sierra Club B.C. a qualifié la décision de «claque au visage» des Britanno-Colombiens. «Mais ultimement, cela ne change rien: l’oléoduc Enbridge ne sera pas construit», a affirmé la porte-parole Caitlyn Vernon.

En point de presse, le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, a indiqué qu’il ne favoriserait pas ce projet en tant que premier ministre. «L’oléoduc met non seulement en péril l’économie côtière de la Colombie-Britannique, mais aussi met en danger l’emploi de milliers de Canadiens qui font leur vie de l’océan Pacifique», a-t-il dit en français.

«Je comprends la responsabilité que nous avons en tant que pays fournisseur de ressources naturelles d’arriver à amener nos ressources vers les marchés à l’international, mais nous devons le faire de manière responsable, a ajouté M. Trudeau, souhaitant faire valoir une approche nuancée. Ce gouvernement appuie aveuglément ce projet, et n’est pas en train d’appliquer l’approche responsable qui rassure les Canadiens.»

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