Projet de loi 10: inquiétudes au CUSM
L’abolition de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, prévue dès le 1er avril prochain, arrive à un bien mauvais moment, celui du déménagement du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), soulèvent des employés et des usagers de l’établissement de santé.
«Il y a de l’inquiétude à tous les paliers, autant chez les médecins, que chez les cliniciens et les patients, a déclaré à Métro la Dre Ewa Sidorowicz, directrice générale adjointe aux affaires médicales au CUSM, elle-même inquiète. On est dépendants des responsables de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal pour coordonner les changements dans le réseau, mais seront-ils là dans trois mois?»
Le déménagement des quatre hôpitaux du CUSM, entre la fin janvier et le début juin prochain, c’est la première étape d’une transformation historique dans le réseau. Se conformant à une orientation ministérielle, le nouvel hôpital du site Glen concentrera ses activités sur des soins complexes et spécialisés, si bien que le volume de certains services de première et deuxième lignes sera diminué.
Par exemple, 120 000 visites en soins ambulatoires de moins seront possibles par année. Le nouvel hôpital aura une capacité d’une centaine de lits de moins. En réorientant son unité de néonatalogie vers les grossesses à risque, le nombre d’accouchements par année passera de 3700 à 3000.
«Beaucoup de gens, qui utilisent présentement ces services du CUSM, devront aller ailleurs. Mais où?» demande Pierre Hurteau, porte-parole de la nouvellement formée Coalition montréalaise des comités des usagers et coprésident du comité des usagers du CUSM.
La réponse à la question de M. Hurteau n’est pas claire. Ce qui est certain, c’est qu’une partie du réseau de la santé doit se réorganiser et que d’autres établissements de santé devront absorber ces patients.
«On travaille fort présentement avec l’Agence de Montréal à identifier d’autres points de services, a expliqué la Dre Sidorowicz. Mais ça arrive très vite et il y a encore beaucoup à faire.»
Les Médecins québécois pour le régime public (MQRP), tout comme la Dre Sidorowicz, craignent que les responsables de l’Agence soient distraits par les chamboulements de structures causés par le projet de loi 10.
«Si on se met à couper des postes et qu’on restructure, tout le monde passe plus de temps à gérer sa restructuration qu’à offrir des soins, estime Isabelle Leblanc, présidente de MQRP. À prévoir: chaos, diminution de soins, difficultés de naviguer dans le système et des patients qui vont passer entre les craques.» Le MQRP considère que le réseau se remet à peine de la réforme de 2004-2005, qui avait entraîné la fusion de nombreux établissements de santé.
En entrevue avec Métro, l’Agence de Montréal s’est faite toutefois rassurante. «Nous avons des groupes de travail à l’interne pour gérer les impacts du déménagement du CUSM sur le réseau, dont les mandats vont se poursuivre même si l’agence est abolie», a indiqué Michel Garceau, coordonnateur régional des mesures d’urgence.
Des porteurs de dossier devraient être identifiés pour assurer une transition adéquate peu importe les changements structurels. M. Garceau reconnaît toutefois qu’il reste plusieurs variables inconnues concernant ce dossier au-delà du 1er avril.
«Nous comprenons les inquiétudes et tenons à rassurer les Montréalais, a de son côté répondu l’attachée de presse du ministre Barrette, Joanne Beauvais. Le CUSM ne sera pas intégré à un Conseil intégré de santé et de services sociaux (CISSS) et les corridors de service prévus ne disparaîtront pas. Nous avons à coeur que le déménagement du CUSM se déroule bien et surveillerons étroitement le tout.»