Dark Shadows: Eva Green la sorcière
Après avoir fait ses débuts dans The Dreamers, de Bernardo Bertolucci, et avoir connu la célébrité en jouant une Bond girl dans Casino Royale, Eva Green a pu se montrer très sélective dans le choix de ses rôles. Davantage attirée par les productions indépendantes à diffusion restreinte, elle revient aux superproductions avec Dark Shadows.
Qu’est-ce qui vous a intéressée dans ce film?
Tim Burton. J’ai toujours aimé son univers. Et le scénario était très amusant. C’est un film un peu étrange. En fait, il est assez difficile à vendre. Mais mon personnage est cinglé et haut en couleur.
Et vous ne jouez pas qu’une simple sorcière, mais une sorcière qui a près de 200 ans.
En effet. On la voit d’abord au 18e siècle, alors qu’elle est une sorte de domestique française, simple et bonne. Puis, on traverse le temps et on la retrouve dans les années 1970, alors qu’elle est devenue une femme d’affaires déterminée et puissante. Je peux dire que la transition n’a pas été simple. J’avais constamment peur d’en faire trop ou de surjouer, et je me demandais aussi tout le temps comment Johnny allait s’y prendre? Parce qu’il était important pour moi que nos deux personnages soient dans le même monde, sur le même plan. J’étais également nerveuse parce que nous n’avions pas eu l’occasion de répéter.
Il est plus amusant et plus gratifiant de jouer le vilain, non?
C’est vrai qu’il est plus amusant de jouer un méchant – mais pas un méchant de style dessin animé –, parce qu’il faut constamment se demander pourquoi il est comme ça. La sorcière que j’incarne a quand même une bonne raison : on lui a brisé le cœur. Et elle est un peu excessive. Un peu folle. Mais il y a quelque chose là : il y a l’amour fou. On peut comprendre cette passion et comprendre le désir de vengeance qui anime mon personnage.
Après The Golden Compass et Camelot, c’est la troisième fois que vous jouez une sorcière ou une magicienne. Est-ce une coïncidence?
C’est arrivé comme ça. Mais je dois dire que ces trois sorcières sont très différentes. Ce sont des êtres humains qui ont des pouvoirs, certes, mais ces pouvoirs n’ont rien en commun.
Drôle de scène d’amour
Dans une scène de Dark Shadows, le vampire incarné par Johnny Depp et la sorcière jouée par Eva Green se retrouvent seuls et se lancent, littéralement, dans des ébats amoureux «surnaturels». Volant d’un mur à un autre, frôlant le plafond, ils font si bien qu’ils finis-sent par détruire la pièce. Tim Burton affirme qu’il s’agit de la première scène d’amour qu’il ait réalisée – et vraisemblablement la plus athlétique jamais tournée. «J’ai essayé de faire une vraie scène d’amour. Tout ce qu’on a obtenu était faux et sans intérêt, explique-t-il en riant. C’est comme ça que j’aime le faire. Ça coûte cher, c’est vrai – surtout dans une chambre d’hôtel où on casse tout.»
Eva Green n’a pas trouvé la scène très érotique. «J’appelle ça la scène d’amour à la Ken et Barbie, parce que c’est tellement bête. C’est si peu sensuel; il n’y a aucun mouvement de bassin. C’est du Team America, dit-elle. Et puis, des cascadeurs ont fait le plus dur du boulot pour nous. Ç’a été comme une danse. Mais ç’a surtout été très amusant à tourner.»
Bien que le recours aux cascadeurs, l’usage de câbles et la destruction de matériel auraient pu donner l’impression qu’il s’agissait d’une scène d’action, l’atmosphère qui régnait sur le plateau était un peu plus… adulte. «On avait l’impression bizarre d’être en train de tourner un porno. C’est le sentiment qu’on avait sur le plateau, raconte Burton. Ce qui est amusant aussi. Je pense que tous les réalisateurs ont secrètement envie de faire un film porno!»
Dark Shadows
En salle dès le 11 mai