Politique du taxi: caméras et code vestimentaire dès janvier
L’administration Coderre a donné davantage de précisions, mercredi, sur les changements qu’elle imposera à l’industrie du taxi de la métropole pour moderniser sa flotte.
Ces nouvelles dispositions deviendront obligatoires dès le 1er janvier 2016 et les chauffeurs auront un an pour s’y conformer.
L’installation d’une caméra de surveillance dans chaque voiture de taxi deviendra notamment obligatoire à partir de cette date. La Ville de Montréal estime que cet outil aura un effet dissuasif sur la criminalité et permettra d’identifier les contrevenants. Rappelons qu’un chauffeur de taxi a été abattu par un client dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce en 2013, et un chauffeur de taxi a également frappé deux clients ayant refusé de payer en août dernier. Seuls les policiers et les agents de la paix autorisés auront accès aux bandes vidéo des caméras pour des fins d’enquête.Un pictogramme sera collé sur la voiture pour informer les clients de la présence d’une caméra.
Les chauffeurs devront en partie payer pour l’acquisition et l’installation de ces caméras, mais le Bureau du taxi de Montréal assure qu’il tentera de réduire le plus possible la somme qui leur sera exigée. Le Fonds de développement qui verra le jour prochainement, avec des revenus provenant de la publicité et des fonds publics, devrait financer en partie ce nouvel outil.
Impossible de savoir pour le moment combien coûteront ces caméras. L’appel d’offres, qui déterminera le fournisseur de cette technologie pour tous les propriétaires de taxi, devrait être lancé dans les prochaines semaines.
Certains chauffeurs de taxi devront également revoir leur garde-robe, alors qu’un code vestimentaire leur sera désormais imposé: pantalon noir, chemise blanche (ou chandail de type «polo») et souliers fermés avec chaussettes. Entre le 1er mai et le 30 septembre, le bermuda ou la jupe, pour les femmes, seront permis.
L’administration municipale souhaite également rajeunir la flotte de voitures de taxi. Une nouvelle voiture de taxi qui entre en service ne devrait pas être sur la route depuis plus de 3 ans, alors qu’actuellement la limite est de 5 ans. Les voitures qui atteindront l’âge de 8 ans ne pourront plus être utilisées comme taxi, alors qu’actuellement la limite est établie à 10 ans. La Ville estime qu’en donnant un délai d’un an aux propriétaires pour se conformer, seulement 6% des véhicules seront à remplacer.
Ces nouvelles dispositions sont accueillies favorablement par les chauffeurs qui se disent en faveur de la modernisation de l’industrie, bien qu’ils s’inquiètent du coût des nouvelles technologies qui leur seront imposées et souhaitent que les autorités fassent davantage d’efforts pour éliminer le transport illégal.
«On voudrait tous avoir la Cadillac de l’année. C’est certain que ces mesures peuvent favoriser l’industrie du taxi. Mais tout est une question de coût et je ne pense pas que les propriétaires de taxis peuvent assumer facilement un changement de voiture [plus fréquent]», soutient Kamal Sabbah, administrateur du Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal au sujet des mesures de rajeunissement de la flotte de taxi. Il espère qu’un crédit d’impôt sera associé à cette mesure pour aider les propriétaires dans ces changements. Même son de cloche pour l’acquisition de caméras de surveillance. «Nous avons hâte, car cela permettra d’assurer la sécurité du chauffeur et de régler plus facilement les litiges avec les clients. Mais j’espère que le Fond de développement nous aidera», a-t-il précisé.
«Nous sommes tout à fait en faveur d’une modernisation de l’industrie du taxi, mais cela peut se faire en parallèle d’une élimination du transport illégal avec des gestes concrets, ajoute Dory Saliba, président du Comité de concertation et de développement de l’industrie du taxi. Si demain matin on commence à saisir les permis de conduire des chauffeurs de UberX, je peux vous dire que tous les propriétaire de taxi vont crier victoire et vont aller de l’avant avec la modernisation.
Les chauffeurs fautifs qui ne se conformeront pas à ces nouvelles dispositions dans les délais prescrits s’exposent à une amende dont le montant sera déterminé en fonction de la loi provinciale.
Le Bureau du taxi travaille actuellement à revoir les formations continues obligatoires pour tous les chauffeurs.
Ces nouvelles dispositions s’ajoutent à l’obligation d’offrir le paiement électronique dans toutes les voitures de taxis de Montréal dès le 15 octobre prochain.