Cinq nouvelles rues piétonnes à Montréal en 2016
Cinq nouveaux projets pilotes de rue piétonne et partagée s’ajouteront cette année aux quatre qui ont été initiés l’an passé à Montréal.
La rue Dijon, dans Montréal-Nord, ainsi que la Place Shamrock, dans Rosemont-La Petite-Patrie et le secteur Notre-Dame des Victoires, dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, seront davantage accessibles aux piétons au cours des prochains mois. L’arrondissement du Sud-Ouest fera de même sur une partie de la rue de Biencourt et du boulevard Monk, ainsi que l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, sur un tronçon du chemin de la Côte-des-Neiges et de la rue du Frère André, près de l’Oratoire Saint-Joseph.
«Les projets de piétonnisation, ça n’intéresse pas seulement les arrondissements centraux, a dit la conseillère en aménagement à la Direction des transports de la Ville, Marie-Hélène Armand, en entrevue à Métro. Il y a aussi des demandes des arrondissements péricentraux également. Les approches sont simplement différentes.»
Six arrondissements ont proposé des projets pour permettre au cours des prochains mois à leurs citoyens de déambuler plus librement dans leur quartier et cinq de ceux-ci ont été sélectionnés par la ville-centre, qui injectera 1,5M$ dans ces initiatives.
Mme Armand n’y voit pas un manque d’engouement de la part des arrondissements. «La plupart des arrondissements de l’édition 2015 préféraient mettre leur énergie dans la poursuite du projet, a-t-elle expliqué. Et il y a plusieurs arrondissements qui nous ont dit qu’ils trouvaient que c’était un peu trop rapide et ils préféraient attendre la prochaine édition.»
C’est que les arrondissements doivent présenter à la ville centre un projet «pertinent», tout en s’assurant que leurs citoyens appuient leur démarche. «Il faut que ça soit motivé par une demande du milieu et qu’il y ait une discussion», a dit le responsable des Transports, Aref Salem.
Au cours de la dernière année, des projets de piétonnisation et de repartage de la chaussée ont été lancés sur la rue Ontario, dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, sur la place De Castelnau, dans Villeray–Saint-Michel–Parc Extension, sur l’avenue Park-Stanley, dans Ahuntsic-Cartierville et sur la rue Stanislas, dans Saint-Laurent. Selon les arrondissements, des placotoirs ont été mis en place, la chaussée a été colorée, des nouvelles plate-bandes ont été installées et des activités y ont été organisées. Ces aménagements sont temporaires pendant deux ans, le temps que les citoyens les approuvent et que des modifications soient apportées en cas de besoin. Ils deviendront permanents à la troisième année.
«Peu importe le type de piétonnisation qui est mise en place, dès qu’on les met en place ces mesures, les piétons affluent», a dit Marie-Hélène Armand. Sur la rue Ontario, par exemple, les allées et venues ont plus que doublé, passant de 8000 à 20 000 par jour.
Les projets pilotes ont aussi fait en sorte que les automobilistes, qui avaient encore accès à ces rues locales, ont réduit leur vitesse sous la barre des 30km/h, sinon ils évitaient le secteur. L’expérience sur la place de Castelnau a démontré que plus dans le sud du quartier, les automobilistes préféraient emprunter les grandes artères.
Des commerçants de la place Castelnau ont toutefois été déçus de l’impact du projet sur leurs chiffres d’affaires. Près de 38% d’entre eux se sont dit peu satisfaits des retombées économiques.
«C’est justement l’idée d’avoir des concepts temporaires, a fait savoir M. Salem. Il y a des ajustements qui peuvent se faire avant d’aller de l’avant avec un concept permanent.»
«À la base, les gens sont réticents au changement, mais on chemine avec eux, a ajouté le responsable des Transports. On essaie d’avoir l’adhésion la plus large possible.»
Au final, les projets pilotes de piétonnisation et de repartage de la chaussée qui ont été proposés l’an passé ont obtenu des taux de plus de 90% en moyenne.
«On vient de donner l’habitude aux gens de profiter de la rue et on se dit qu’une fois que les gens auront pris goût, peut-être qu’ils vont en demander plus. (…) Le seul risque, c’est qu’on n’a pas les effets les plus structurants tout de suite, mais on va y arriver pas à pas.»
Félix Gravel, responsable des campagnes transport, GES et aménagement du territoire au Conseil régional de l’environnement de Montréal
«Ce sont des interventions assez complètes localement. C’est un programme intéressant qui demanderait d’être développé à la grandeur de la ville de Montréal et qui pourrait servir d’inspiration pour d’autres villes.» Jeanne Robin, porte-parole de Piéton Québec