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Maison Tangente: 35 ans au service des populations les plus vulnérables

Photo: Marie-Pier Gagné / Métro Média

Pauvreté, décrochage scolaire, toxicomanie, disputes familiales, la centaine de jeunes qui débarquent chaque année à la Maison Tangente n’ont qu’un souhait: reprendre une vie normale. Milieu phare pour les jeunes sans-abri, l’organisme hochelagais célèbre cette année son 35e anniversaire.

Avec ses 15 places d’hébergement offertes à une clientèle mixte de jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans, la Maison Tangente est bien plus qu’un gîte. Les jeunes qui y séjournent y trouvent accueil, soutien et accompagnement.

Chaque personne qui y est admise peut y demeurer pendant un maximum d’un an, un délai normalement suffisant pour lui permettre de reprendre le contrôle de sa vie. Tout le monde suit le même programme, mais chacun le fait à son rythme.

«L’objectif est d’aider ces jeunes-là à amorcer un projet, comme un retour au travail ou aux études par exemple, explique Johanne Cooper, directrice générale de la Maison Tangente. On les aide à atteindre l’autonomie, à se responsabiliser.»

Fondée en 1983, la Maison Tangente, l’une des maisons d’hébergement pionnières au Québec, a ouvert ses portes sur la rue Saint-André, sur le Plateau Mont-Royal. Six mois plus tard, la ressource déménageait dans Hochelaga-Maisonneuve, rue Aird. C’est en 1988 que l’organisme a élu domicile dans ses locaux actuels de l’avenue Desjardins. Selon les dires de Mme Cooper, c’est à ce moment que les services ont été révisés et améliorés.

«Au départ, on ne pouvait pas garder les bénéficiaires plus de trois semaines, affirme-t-elle. Depuis qu’on a acheté le triplex, nous avons créé des places dans des appartements supervisés, qui sont carrément la continuité du séjour à la Maison. Grâce à ce module d’hébergement, nos jeunes peuvent se préparer à la vie en appartement tout en bénéficiant d’un accompagnement soutenu.»

Profils variés

Victime de son succès, l’organisme a dû refuser 436 demandes d’admission en 2017.

«On n’a pas de liste d’attente, souligne Mme Cooper. Quand toutes nos places sont occupées, on réfère à d’autres organismes.»

Environ 80% des personnes admises sont des hommes. La détresse psychologique, l’isolement social, le manque d’estime personnelle et la pauvreté sont les problèmes les plus souvent vécus.

«Il n’y a pas vraiment de profil type, c’est très varié, renchérit la directrice. Les 100 jeunes à qui on vient en aide annuellement sont 100 personnes différentes, avec des histoires différentes.»

Depuis quelque temps, les intervenants de la Maison sont toutefois confrontés à une nouvelle réalité.

«On a de plus en plus de cas de santé mentale. Il y en a beaucoup qui sont diagnostiqués à l’école, mais les ressources ne suivent pas», dénonce Mme Cooper.
À l’emploi de l’organisme depuis bientôt 30 ans, Johanne Cooper garde toujours la même passion pour sa profession.

«En 30 ans, je pourrais compter sur les doigts d’une main les matins que ça ne me tentait pas de venir travailler, mentionne-t-elle. J’ai quitté les écoles pour le milieu communautaire et je n’ai jamais regretté mon choix. C’est tellement valorisant de faire la différence dans la vie de ces gens-là.»

Le taux d’échec serait assez bas, selon les dires de la directrice, qui agissait auparavant en tant qu’intervenante. Les jeunes participants en tirent généralement que du positif.

«Tangente m’a apporté un toit sur ma tête, des responsabilités, en plus de me permettre de découvrir la valeur des choses, comment organiser mon argent», témoigne l’un d’eux.

Certains anciens résidents développent même un attachement spécial pour l’endroit et reviennent à la Maison faire du bénévolat, une fois leur programme terminé.

«J’ai choisi de redonner ce que j’ai reçu, ça me fait plaisir de pouvoir souligner leur travail en redonnant de mon temps. La maison est remplie de trouvailles, ça m’aide à changer ma routine de tous les jours. Quand je rentre à Tangente, je me sens comme chez nous», affirme Fred, un ancien bénéficiaire des services de la Maison.

Financement
À la Maison Tangente, environ 200 000$ du budget annuel de 650 000$ doit être comblé par des activités de financement populaire.

«Le financement, c’est un enjeu majeur chez nous, confie Mme Cooper. Cela mobilise une grande partie du temps du personnel administratif. Ce n’est pas toujours drôle, mais ça fait partie de la réalité.»

Aidé par Moisson Montréal pour la nourriture, l’organisme dépense tout de même près de 25 000$ par année pour servir à manger à ses occupants.

«On reçoit peu d’argent du gouvernement. La bataille que nous livrons afin de faire reconnaître le travail que nous faisons auprès des populations les plus vulnérables et notre besoin de financement est loin d’être terminée», conclut la femme.

Les personnes intéressées à soutenir l’organisme peuvent le faire sur leur site internet: maisontangente.qc.ca

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