Ce qui se cache derrière le conflit étudiant
C’est pour tenter d’élucider les raisons qui expliquent l’enlisement et la durée du conflit étudiant que l’Institut du Nouveau Monde (INM) tiendra mercredi une table ronde sur la question.
Depuis la suspension des négociations entre les associations étudiantes et le gouvernement, la crise est dans une impasse et les manifestations se poursuivent. «On a voulu savoir ce qu’il se passait dans la société, pourquoi ça dure si longtemps?, explique Michel Venne, directeur général de l’INM. Il y a eu la loi 78, la suspension des cours, la suspension des négociations, le premier ministre nous a renvoyés aux élections, mais entre-temps il y a encore quelque chose qui se passe dans la société.»
L’INM réunit donc un panel de «spécialistes de la société» qui ne sont pas des intervenants directs dans le conflit. Il s’agit de sociologues, d’économistes et de professeurs de sciences politiques qui présenteront des points de vue différents. Le public est également invité à prendre la parole.
«On essaie de comprendre ce qui se passe, ajoute M. Venne. On ne peut pas attendre les élections, car le conflit continue. Une fois qu’on aura compris, peut-être que ce sera plus facile de trouver la fameuse sortie de crise. Si on ne comprend pas ce qu’il se passe, on ne pourra pas trouver la bonne solution.»
L’institut a déjà suggéré la mise en place d’une commission indépendante de consultations sur le financement des universités et sur l’accès à l’éducation supérieure, pour se pencher sur la question des droits de scolarité.
Cela permettrait de sortir cette question du conflit, croit M. Venne, ce qui pourrait faire apparaître les autres dimensions de cette crise qui expliquent qu’il y a encore des gens qui manifestent dans la rue pour d’autres motifs.
Plusieurs experts ont proposé leurs interprétations de cette crise sociale. «Il y a eu au cours des dernières années une polarisation des opinions sur la sociale démocratie face au libéralisme», souligne M. Venne. La crise étudiante aura permis de révéler ces oppositions.
«D’autres pensent que c’est une révolution, mais je ne suis pas sûr qu’on en est rendu là, poursuit M. Venne. Est-ce qu’il y en a pour qui, ce n’est qu’un ras-le-bol envers le gouvernement? Ça se peut. Est-ce un conflit de génération, un conflit sur la conception du rôle de l’État dans le financement des services publics?» Le but de la table ronde sera donc de discuter de ces hypothèses.
Chose certaine, les élections ne régleront rien. «Si on n’a pas bien compris les motifs du mécontentement, comment voulez-vous que les partis politiques nous trouvent des réponses?» La question est lancée.
Les invités de la table ronde
- Marcos Ancelovici, professeur adjoint au département de sociologie de l’Université McGill en Science politique, spécialiste des mouvements sociaux. Il prépare un livre sur le mouvement Occupied.
- Mathieu Bock-Côté, sociologue et chroniqueur au Journal de Montréal.
- Pier-André Bouchard St-Amand, ex-président de la FEUQ en 2005, et enseigne la macroéconomie à l’Université Queen’s à Kingston.
- Madeleine Gauthier, professeure honoraire au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS et membre de l’Observatoire Jeunes et Société, et experte sur la jeunesse québécoise.
- Diane Lamoureux, professeure de science politique, Université Laval, spécialiste des questions relatives à la participation citoyenne