À vos slogans, prêts, partez!
Méticuleusement choisis, les slogans représentent la signature des partis. Reste à voir comment les politiciens et les électeurs se les approprieront.
«Ce qui m’a frappé cette année, c’est qu’ils correspondent bien aux personnalités des partis», déclare Bernard Motulsky, professeur au département de Communication sociale et publique de l’Université du Québec à Montréal.
Le Parti libéral du Québec (PLQ) mise sur trois mots: «Pour le Québec.» «C’est simple, ce qui est la première qualité d’un slogan, explique M. Motulsky. Ça dit peu de choses, mais c’est clair : pour les intérêts du Québec», ajoute le professeur.
Les libéraux jouent aussi sur le terrain du Parti québécois (PQ) en s’appropriant le sentiment national par l’utilisation du mot «Québec».
Du côté du PQ, le slogan «À nous de choisir» exprime deux choses. La première signifie «à nous de choisir notre destin», ce qui évoque le sentiment national. «Le PQ doit faire le plein de souverainistes tout en allant chercher les mécontents des libéraux», ajoute M. Motulsky. Le slogan suggère aussi cet objectif en invoquant la nécessité de choisir un nouveau gouvernement.
La CAQ opte pour un slogan plus long : «C’est assez, faut que ça change.» Le ton familier [«faut que» et non «il faut»] peut s’expliquer par un souci de se rapprocher du peuple, mais il est probable qu’il relève d’une tentative pour faire court.
«Ce qui est clair est la référence à Jean Lesage et à son slogan de 1960, «C’est le temps que ça change», ajoute M. Motulsky. C’est par ce slogan que les libéraux de M. Lesage ont ouvert la porte à la modernité et mis fin au règne de 16 ans de l’Union nationale de Maurice Duplessis.
C’est Québec Solidaire qui remporte la palme de la simplicité avec «Debout», ce qui correspond à la forte personnalité du parti. «On suppose que les gens sont assis ou couchés; c’est une invitation à manifester, et c’est conforme à ce qu’ils sont», conclut M. Motulsky.
Mais malgré tout le potentiel de ces slogans, M. Motulsky rappelle qu’il revient aux partis de les faire vivre et de leur donner tout leur sens. «Il n’y a pas un slogan qui fera la job tout seul.» Un slogan est positif dans la mesure où la campagne s’articule autour de l’élément qu’il évoque. Et selon le professeur, les quatre slogans ont le potentiel de teinter la campagne, mais tout dépendra de la façon dont ils seront exploités.
Top 3 des meilleurs slogans
- La force tranquille : François Mitterrand, France, 1981
- Hope : Barack Obama, États-Unis, en 2008
- C’est le temps que ça change : Jean Lesage, Québec, 1960
Pendant ce temps, sur Twitter
Sur Twitter le slogan des libéraux «Pour le Québec» a suscité plusieurs réactions. Sous le hashtag #PourLeQuebec, Jérôme Boucher a invité la Twittosphère a compléter la phrase. Cela a donné lieu à plusieurs Tweets :
- Pour faire taire le Québec qui parle rouge
- Pour priver le Québec d’espoir
- Pour vendre le Québec au plus offrant
- Pour donner le Québec à nos petits amis