Un restaurant afghan déplore que la Ville veuille retirer sa devanture
Un restaurant de fine cuisine afghane sur le Plateau-Mont-Royal, Khyber Pass, déplore que la Ville lui oblige de retirer sa façade en bois qui attire l’œil des clients. Le cabinet du maire de l’arrondissement, Luc Ferrandez, allègue de son côté que la construction de ladite devanture, réalisée en 2009, est «illégale».
«Chers clients, venez contempler la façade pendant qu’il est encore possible de le faire», a lancé l’administration de l’établissement sur sa page Facebook mardi soir, s’expliquant la décision de la Ville par le fait que la façade «n’est pas assez contemporaine [ni] au goût des fonctionnaires».
«Quand une façade qui ne dérange en rien devient un dossier prioritaire pour la Ville, c’est très inquiétant», condamne-t-on dans la même publication. Celle-ci semble avoir créé un engouement sur les réseaux sociaux avec près de 300 partages et 700 réactions en 24 heures à peine. La grande majorité des internautes disent se ranger du côté du restaurant afghan dans ce litige.
«Il nous faut conserver cette façade originale qui ne nuit en rien au cachet de la rue, tout au contraire. La Ville doit accorder des exceptions à ses règlements quand le bon sens et la volonté des citoyens le commandent», a dit une internaute, visiblement frustrée par la situation.
Abondant dans le même sens, d’autres ont affirmé que la décision aura pour effet de «détruire» le cachet de l’endroit «très recommandable» et ont invité les propriétaires à lancer une pétition pour se faire entendre. «C’est bien triste, c’est ridicule», a clamé un autre usager sur la toile.
Le point de vue de l’arrondissement
Le directeur du cabinet de Luc Ferrandez, Sébastien Parent-Durand, a indiqué à Métro que l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a multiplié les tentatives «de bonne foi» depuis 2009 pour accompagner le propriétaire dans la recherche de solutions qui correspondraient au Règlement sur les plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA).
Cette politique s’assure qu’un nouveau projet «s’intègre à son milieu» et prévoit une évaluation qualitative par le comité consultatif d’urbanisme (CCU). «Les plans s’appliquent à l’ensemble du territoire», plaide l’arrondissement dans son document disponible sur Internet.
«Le propriétaire n’a malheureusement jamais proposé de compromis architectural, et ce malgré plusieurs engagements non tenus dans le temps», a expliqué le porte-parole.
Une entente entre les deux parties datant du 31 juillet dernier, dont Métro a obtenu copie, montre que le défendeur Faruk Ramisch s’engage à «déposer une demande de construction complète, avec des plans d’architecte, afin de retirer la devanture installée» dans les 30 jours suivant l’émission du permis de travaux.
Aux dires de M. Parent-Durand, il faut comprendre, dans ce dossier, que les règles architecturales visant à protéger le patrimoine bâti et le paysage de rue s’appliquent à tous les commerçants et les résidents du quartier, «sans exception».
«C’est pourquoi l’arrondissement déploie depuis plusieurs années des efforts importants afin de bien vulgariser ces règles et procédures, qui ont été maintes fois communiquées au propriétaire du restaurant, par écrit et en personne», a-t-il argué.
Historique du conflit
Printemps 2009: La façade est construite devant le restaurant sans permis.
Juin 2009: Date à laquelle l’arrondissement affirme avoir prévenu pour la première fois le propriétaire qu’il devait obtenir un permis de travaux.
Octobre 2009: Dépôt d’une demande de permis pour la façade par le restaurant. Le comité consultatif d’urbanisme recommande le refus du projet quelques jours plus tard, ce qui sera fait par le conseil d’arrondissement en avril 2010. Un mois plus tard, le propriétaire dit vouloir trouver une «solution architecturale».
Décembre 2010: Le dossier est transféré aux tribunaux. Le propriétaire sera reconnu coupable en novembre 2011, selon les informations de la Ville.
Février 2012 – Juin 2017: Plusieurs constats d’infraction sont émis par la Ville, mais la façade demeure toujours en place. Le propriétaire est trouvé coupable par les tribunaux une seconde fois.
Juillet 2018: Une entente est signée entre le propriétaire et la Ville pour s’engager à refaire une façade qui respecterait le règlement.