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Les fissures dans le plafond

FILE - Deb Haaland poses for a portrait Tuesday, June 5, 2018 in a Nob Hill Neighborhood in Albuquerque, N.M. Haaland is one of two Native American women who marked historic congressional victories as a record number of women were elected to the U.S. House following an election cycle that also saw a significant boost in Native American female candidates at the state and local level. (AP Photo/Juan Labreche) Photo: The Associated Press

Le 21 janvier 2017, elles étaient près de quatre millions dans le pays à scander leur mécontentement quant à l’arrivée d’un président dont les propos et les politiques dévalorisent leur place dans la société. Plusieurs doutaient de la longévité de ce mouvement. Et pourtant. Les femmes se sont mobilisées sans relâche et au lendemain des élections de mi-mandat, elles sont plus que jamais actives sur la scène politique nationale. Force est de constater que la multiplication des attaques à leur endroit n’a que nourri leur volonté d’action et de changement, et pour certaines cela est passé par les urnes.

Uniquement au Congrès, elles étaient 257 femmes sur les bulletins de vote. À titre comparatif, en 1998, alors qu’on parlait de l’«année des femmes», elles avaient été 131 à se présenter. Outre leur nombre, leur méthode de campagne est en changement. Là où le genre était souvent perçu comme un handicap à faire oublier, il est aujourd’hui célébré. Nombre de ces candidates ont mis de l’avant leur genre et leur origine ethnoculturelle, qu’elles considèrent comme un atout à leur candidature. Cet atout influence les idées dont elles sont porteuses et leur méthode de campagne.

Cette méthode a porté ses fruits : le soir du 6 novembre a été celui des records et des premières. À la Chambre de représentants, sur les 235 candidates aux élections, 100 ont remporté leur pari – établissant un nouveau record (le précédent était de 85) et augmentant la part des femmes à 23% de la Chambre. Parmi elles, plus de 30 en seront à leur premier mandat. La majorité de ces percées sont le fait de candidates démocrates, qui ont réussi à remporter des sièges-clés dans les banlieues, les villes, mais également dans des États majoritairement républicains – tels le Texas et le Kansas – et des États qui avaient basculé vers le rouge en 2016 – tels le Michigan et la Pennsylvanie. Au niveau du Sénat, 22 femmes siégeront en janvier – avec un potentiel de 23 (le nombre actuel de femmes au Sénat), selon l’issue du second tour au Mississippi. Au Tennessee et en Arizona, une femme a été élue sénatrice pour la première fois.

La victoire est également à l’extérieur de Washington. Les 36 courses au poste de gouverneur ont permis d’augmenter de 6 à 9 le nombre de femmes élues au plus haut poste électif dans les législatures d’État (égalisant le record de 2004). Au Maine et au Dakota du Sud, Janet Mills (démocrate) et Kristi Noem (républicaine) deviendront les premières femmes à occuper ce poste.

Au-delà des chiffres, ces femmes ont également écrit l’histoire de la diversité états-unienne à la Chambre des représentants. Pour la première fois, des femmes autochtones (Sharice Davis et Deb Haaland) et musulmanes américaines (Rashida Tlaib et Ilhan Omar) siégeront. Se joindront à elles de nombreuses nouvelles élues latino-américaines et afro-américaines. Pour reprendre les mots de l’ancien président Barack Obama, il s’agit d’un pas vers un Congrès réellement représentatif de la population états-unienne – dans toute sa diversité et sa richesse.

Pour les femmes blanches, il s’agit donc d’une fissure de plus dans un plafond de verre de plus en plus fragilisé. Pour les femmes de couleur, souligne Ayanna Pressley, première femme afro-américaine à représenter le Massachusetts à la Chambre des représentants, ce plafond est plutôt en béton. Or, le béton n’est pas à l’épreuve des séismes. Et le 6 novembre, un séisme de 4 sur l’échelle de Richter a traversé les États-Unis: des secousses notables, avec des dommages certains au plafond de béton et des conséquences à Washington et au-delà.

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