Des employés d’Aéroports de Montréal dénoncent une gestion «inhumaine»
Une centaine d’employés d’Aéroports de Montréal (ADM) et de représentants syndicaux ont manifesté dimanche devant l’aéroport international Pierre-Elliot-Trudeau pour protester contre l’attitude «injustifiée» de leur employeur depuis les dernières semaines.
L’administration de l’aérogare a lancé il y a quelques jours un ultimatum à 93 de ses préposés à l’accueil et agents d’administration, à quelques semaines seulement du temps des Fêtes.
«En gros, soit ces employés acceptent de réduire de beaucoup leurs salaires, soit ils vont être congédiés et remplacés par des sous-traitants», a expliqué à Métro le porte-parole de l’Alliance la fonction publique du Canada, région du Québec (AFPCQ), Yvon Barrière.
Pour la présidente de l’Union des cols blancs d’ADM, Josée Dubois, la situation est «inacceptable». «Considérant la situation financière de l’organisation et la croissance des passages qui ne cesse d’augmenter, on voit mal pourquoi il faudrait couper des salaires de 27 à 33%.»
Certains employés touchés par les mesures de compression travaillent pour l’entreprise depuis 25 ans, a déploré Mme Dubois.
«Ces gens-là risquent de perdre leur maison, de ne pas pouvoir payer leur hypothèque. Tout ça pour faire des économies? Personne ne gagne une fortune.» – Josée Dubois, présidente de l’Union des cols blancs d’ADM.
Yvon Barrière, lui, s’en prend aux salaires «faramineux» de la direction dans ce conflit. «Le PDG [Philippe Rainville] s’octroie un salaire de plus de 400 000$, et juste en bonis de gestion, on parle de 1M$ l’an dernier pour les dirigeants», a martelé le leader syndical. Il estime qu’en congédiant 93 personnes, ADM sauverait «à peu près» le même montant. «Ils s’enrichissent sur le dos des travailleurs», a-t-il condamné.
Se disant «sans mots devant cette sauvage position» de l’administration, M. Barrière voit un paradoxe clair de gestion chez ADM. «On se vante d’avoir un excellent service à la clientèle, on se dit fiers de nos employés, et de l’autre côté, on fait des appels d’offre pour réduire le service client. On est subjugués, c’est une gestion inhumaine. On ne sait pas exactement c’est quoi leur intention.»
D’après le syndicat, qui a déjà déposé des griefs, Aéroports de Montréal «se cache derrière une disposition sur la sous-traitance dans la convention collective» pour forcer ses employés à «accepter l’inacceptable». «L’article 44 prévoit que l’employeur doit privilégier l’utilisation des ressources internes et consulter les employés pour trouver idées d’amélioration», a tranché le syndicat.
Malgré plusieurs sorties publiques, la situation ne va pas en s’améliorant, d’après Josée Dubois. «Il n’y a pas grand-chose qui se passe», a-t-elle indiqué. Elle affirme que son groupe n’a eu que «des demi-réponses à ses questions» lors des deux dernières rencontres avec l’administration. Le PDG lui-même aurait refusé de s’entretenir avec le syndicat à au moins une reprise, alors qu’il était sur les lieux de travail.
Lundi, l’AFPCQ a l’intention d’amener le dossier devant la Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec (FTQ).
«On va voter une résolution qui va faire en sorte que 650 000 ouvriers vont venir appuyer une section locale de 93 membres.» – Yvon Barrière, porte-parole de l’AFPCQ, estimant que la force du nombre pourra convaincre la direction de négocier.
«Par respect pour les discussions en cours entre les parties», ADM a expliqué à Métro ne donner aucune entrevue dans le dossier. Le 6 décembre dernier, dans une entrevue avec La Presse canadienne, la responsable des communications de l’entreprise, Anne-Sophie Hamel, a toutefois souligné que la direction «souhaite que le syndicat fasse une contre-proposition qui va nous permettre de garder ces emplois à l’interne». Un premier retour du syndicat est d’ailleurs attendu le 28 décembre prochain, selon ses dires.
«Comme toute autre organisation à but non lucratif qui est autofinancée, on est toujours en train de revoir ses façons de faire pour être agile, être compétitif dans le marché», a-t-elle fait valoir. Mme Hamel estime qu’à court terme, il n’y aura pas de perte d’emplois, et ce même si le choix de l’administration s’oriente vers «un fournisseur externe».