Un «temps d’arrêt» demandé pour le Royalmount
La commission municipale mandatée pour étudier les impacts du Royalmount demande un «temps d’arrêt» et une «suspension du projet» pour redéfinir celui-ci.
Dans son rapport rendu public jeudi, la commission sur le développement économique et urbain et l’habitation dit vouloir «procéder, sans délai, à une planification intégrée […] afin que le projet final puisse offrir une réponse adéquate aux besoins de la population».
Le groupe d’élus présidé par le conseiller du Mile End, Richard Ryan, estime que Montréal, Ville de Mont-Royal et Côte-Saint-Luc devraient profiter du temps d’arrêt «pour planifier le développement du secteur Namur/De la Savane», de concert avec l’agglomération, les arrondissements concernés, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), le ministère des Transports (MTQ), la Société de transport de Montréal (STM) et l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).
Pour obtenir l’acceptabilité sociale, la commission recommande de réduire «de manière substantielle» le nombre de places de stationnement du Royalmount. Le complexe prévu à l’angle des autoroutes 15 et 40 devrait aussi intégrer la production d’énergies renouvelables pour atteindre la carboneutralité, envisagent les élus.
D’après ceux-ci, la Ville doit aussi sommer Québec «de faire les modifications législatives nécessaires» afin d’assurer la cohésion dans le dossier du Royalmount, et de tout autre «développement d’envergure régionale». Autant la Ville que l’agglomération de Montréal devraient d’ailleurs exiger un plan de gestion de la qualité de l’air et du bruit, d’après le groupe.
En plus d’insister sur l’importance d’une aire résidentielle, la commission a plaidé pour une inspection rigoureuse par le MTQ «des mesures de mitigation» du promoteur sur la circulation et pour une réflexion sur «l’interconnectivité avec les réseaux [de transport en commun] existants». Il importe en ce sens de revoir la «distribution des superficies et la localisation» des bureaux, commerces, espaces culturels et unités d’habitation du projet, selon la commission.
Carbonleo «à l’écoute», les villes liées contrariées
Le vice-président exécutif du promoteur Carbonleo, Claude Marcotte, a dit comprendre les demandes de la commission, avec certaines réserves. «On ne prend pas ça comme un coup de massue. On voit que certains éléments doivent être revus, mais il y a aussi une méconnaissance du projet. Plusieurs éléments n’ont pas été présentés», a-t-il insisté, soulignant que plusieurs recommandations de la commission «sont déjà prises en compte dans le projet».
L’entreprise veut «continuer de travailler avec les organismes, les municipalités et l’agglomération» afin de «créer un vrai TOD [transit-oriented development] à Montréal». «Je suis content de voir qu’on recommande de réduire le stationnement, […] qu’on veut une place pour le résidentiel. On est à 50% de stationnement si on le compare à d’autres projets. Ce projet-là est un exemple de mobilité, avec une passerelle vers le métro», a illustré M. Marcotte. Même si les échéances demeurent serrées, a-t-il plaidé, il reste encore «amplement de temps» pour apporter des modifications.
Treize élus de la commission ont voté pour l’adoption des 15 recommandations du rapport, alors que deux d’entre eux – le maire de Montréal-Est Robert Coutu et le conseiller municipal à Dollard-des-Ormeaux Alex Bottausci – s’y sont opposés.
«On a l’impression qu’on vient empiéter sur l’autonomie des villes liées, a déploré M. Coutu. On joue sur les mots. On demande un temps d’arrêt, mais on parle en même temps d’imposer une suspension du projet. On est en désaccord. Désormais, les villes liées ne seraient plus autonomes et libres d’aménager leur territoire.» «C’est quoi un temps d’arrêt, combien de temps ça va durer? J’aurais aimé qu’on soit plus clair», a-t-il ajouté.
La mairesse de Montréal Valérie Plante réagira publiquement au rapport de la commission vendredi, à 9h30.