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Le taxi collectif 2.0 prend de l’ampleur dans le Grand Montréal

taxi Photo: Josie Desmarais

Le taxi collectif sur demande à la fine pointe de la technologie se présente comme un moyen privilégié par les sociétés de transport du Grand Montréal pour attirer plus de citoyens vers le transport collectif. Un projet pilote tenu à Saint-Bruno connaît un franc succès.

Depuis novembre dernier, les clients du Réseau de transport de Longueuil (RTL) demeurant dans un secteur d’environ 5 km carrés de la municipalité de la Rive-Sud peuvent commander sur une application mobile un taxi collectif qui viendra les prendre en quelques minutes pour les mener ensuite au centre-ville de Saint-Bruno ou à deux gares de train aux heures de pointe du matin et du soir en semaine.

Un point de rencontre à quelques mètres du lieu où la demande de transport est effectuée est ensuite déterminé par un algorithme. Grâce à la géolocalisation des taxis, le client du RTL peut sortir à la dernière minute de sa demeure pour s’y rendre et paie ensuite son trajet en montrant sa carte Opus au chauffeur, qui arrêtera à quelques reprises en cours de route pour embarquer d’autres personnes se rendant à une destination commune.

«Ça fait longtemps qu’on cherche des solutions pour desservir des secteurs qui sont plus difficiles à desservir parce qu’ils sont à basse densité [de population]», a expliqué à Métro le directeur général du RTL, Michel Veilleux. 

Le projet pilote, qui prendra fin en juin, connaît un succès marqué alors que plus de 200 citoyens sur les 3000 habitants du secteur ciblé à Saint-Bruno ont téléchargé l’application «RTL à la demande» sur leur téléphone intelligent. «C’est énorme», s’est réjoui M. Veilleux, qui envisage de réaliser des projets pilotes similaires dans d’autres «secteurs priorisés», par exemple à Longueuil, à Boucherville ou à Brossard.

«Il y a beaucoup de personnes qui veulent se rendre au travail en transport en commun, mais c’est difficile pour nous de faire en sorte que ce soit rentable [d’avoir une ligne d’autobus] dans de tels secteurs», a souligné M. Veilleux.  

Le taxi collectif sur demande, en contrepartie, ne nécessite pas l’aménagement d’infrastructures lourdes et, en ajustant l’offre en fonction des requêtes formulées sur l’application mobile par des citoyens, permet d’éviter que des trajets soient réalisés inutilement.

«C’est une façon de construire la demande et ça coûte moins cher qu’un minibus pour transporter trois ou quatre personnes», a noté le président de l’organisme Trajectoire Québec, François Pépin. 

«On pourrait éventuellement migrer vers des autobus électriques de petite taille» si les projets pilotes à venir permettent de conclure que la demande est suffisante pour justifier l’aménagement d’infrastructures de transport plus lourdes dans d’autres secteurs, a par ailleurs indiqué Michel Veilleux.

Pareil à Laval
Actuellement, la majorité des services en taxi collectif dans le Grand Montréal fonctionne de façon conventionnelle avec un horaire et des points de rencontre fixes. Il est également possible dans certains arrondissements et municipalités situés sur l’île de Montréal et en banlieue de réserver un trajet en ligne ou sur appel à condition de s’y prendre environ une heure à l’avance et de se rendre au point de rendez-vous une dizaine de minutes avant l’arrivée du taxi.

«Les gens veulent pouvoir suivre leur taxi en direct. Quand il fait -15 degrés dehors, ils veulent savoir s’ils peuvent attendre un peu dans leur maison avant de se rendre au point de rencontre.» – Le conseiller stratégique en transport à la Coop Carbone, Vincent Dussault.

Il n’y a toutefois pas que le RTL qui est prêt à moderniser ce mode de transport, qui dessert essentiellement des secteurs où l’accès au transport en commun est limité.

À la Société de transport de Laval (STL), les taxis collectifs circulant sur les 13 lignes actuellement en place sur l’île Jésus pourront être suivis en temps réel sur le web d’ici à la fin de mars, tout comme le sont déjà les autobus de la STL.

«L’application mobile pour commander son taxi, on ne l’a pas encore, mais ça fait partie des choses qu’on explore», a confié la porte-parole de la STL, Estelle Lacroix, ajoutant que cette application pourrait être développée d’ici la fin de l’année. 

«Nous analysons donc les options qui s’offrent à nous et une application semblable à celle offerte par le RTL fait partie des solutions à envisager», a fait savoir par courriel le porte-parole de la Société de transport de Montréal, Philippe Déry. 

La conseillère aux relations avec les médias d’Exo, Catherine Maurice, a quant à elle indiqué que l’organisme de transport, qui gère les six lignes de train de banlieue du Grand Montréal et un vaste réseau de lignes d’autobus, compte se «positionner au sujet de ce genre de projets dans l’année qui vient».

Congestion routière
En plus de désengorger les stationnements incitatifs des gares de train de banlieue, une plus grande utilisation du taxi collectif pourrait freiner la congestion routière en réduisant le nombre de personnes choisissant pour l’auto-solo pour se déplacer aux heures de pointe.

«Si ce sont quatre personnes qui montent dans le même taxi pour se rendre à la gare de train, ce sont trois voitures de moins sur la route, donc on réduit la congestion routière», a noté le professeur agrégé à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal et spécialiste en transport urbain, Jean-Philippe Meloche.  

Le taxi collectif à la demande pourrait également s’intégrer aux mesures d’atténuation qui seront annoncées dans les prochaines semaines pour pallier les travaux de construction du Réseau express métropolitain (REM), qui entraîneront la fermeture partielle des lignes de train de Mascouche et de Deux-Montagnes dès janvier 2020, estime le président de Trajectoire Québec, François Pépin. 

«Ça pourrait être une belle solution pour se rendre au premier point de chute en transport collectif, comme un arrêt d’autobus ou la station de métro la plus près», a-t-il précisé. 

«Il vaudrait mieux mettre en place les mesures d’atténuation les plus intéressantes en matière de transport en commun pour que les gens migrent vers le REM par la suite. S’ils migrent vers la voiture, ils ne retourneront peut-être pas au transport en commun après [l’arrivée du REM]», a prévenu M. Meloche, qui croit lui aussi que le taxi collectif pourrait être intégré aux solutions de transport que développe actuellement l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). 

L’ARTM n’a toutefois pu confirmer à Métro si ce mode de transport fera partie des mesures d’atténuation qui seront annoncées dans les prochaines semaines.

 

 

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