L’avenir des moteurs à combustion interne dépend des biocarburants
Malgré l’essor des véhicules électriques, des millions de voitures utilisant de l’essence ou des combustibles fossiles continueront d’exister dans les décennies à venir. Métro enquête sur la situation et découvre comment réduire les dommages qu’elles causent à notre planète.
Les véhicules électriques gagnent en popularité. Malgré cela, les véhicules alimentés par des combustibles fossiles continueront d’être utilisés au cours des prochaines décennies. Et c’est pourquoi les biocarburants pourraient contribuer à réduire la pollution qui nuit à l’environnement.
«Oui, les véhicules à combustion interne pourraient encore exister pendant de nombreuses années, et une des façons de les rendre moins polluants est de remplacer certains combustibles fossiles comme l’essence et le diesel par des carburants renouvelables comme le bioéthanol et le biodiesel, respectivement», explique le professeur d’agronomie à l’Université de Sydney, en Australie et spécialiste du sujet, Daniel Tan.
Selon les experts, les technologies non électriques réduiront considérablement la pollution des véhicules à combustion interne dans un proche avenir.
Remplacer l’essence
Même si d’ici 2030 seuls les véhicules électriques sont vendus, la moitié des voitures sur les routes utiliseront encore des moteurs à combustion interne. Et investir dans les e-carburants – des hydrocarbures synthétiques neutres en carbone – serait idéal pour les moteurs à essence qui ne vont pas disparaître.
«Les biocarburants comme le bioéthanol et le biodiesel peuvent remplacer l’essence et les combustibles fossiles dans une certaine mesure. Nous avons besoin que les biocarburants soient fabriqués à partir de matières premières non alimentaires telles que la biomasse, les déchets afin qu’ils ne soient pas en concurrence avec la production alimentaire», affirme M. Tan.
Il ajoute qu’«il est important que la production de biocarburants vertsait un bilan énergétique positif basé sur l’évaluation du cycle de vie, dans le sens qu’elle devrait avoir des émissions nettes de GES négatives ou neutres pendant sa production et son utilisation.»
L’universitaire souligne que certaines entreprises de biocarburants se démarquent dans le monde. Par exemple, «en Australie, nous avons des sociétés comme Licella (avec la nouveau plateforme Cat-HTR), Wilma Bioethanol et Manildra. Au Brésil, aux États-Unis et en Europe, les biocarburants sont largement utilisés.»
«Dans un proche avenir, il pourrait y avoir une transition vers les voitures électriques et peut-être, également vers les véhicules à pile à hydrogène alors que leur production deviendra moins dispendieuse. Toutefois, en attendant, les biocarburants pourraient représenter le carburant de transition», résume-t-il.
«On peut s’attendre à ce que les biocarburants avancés adaptés aux produits difficiles à électrifier tels les moteurs diesel et les moteurs à réaction connaissent une forte croissance de la production dans un avenir prévisible, d’autant plus que les efforts nationaux visant à réduire les émissions de GES s’accélèrent. La demande d’éthanol, en revanche, devrait se stabiliser et décliner progressivement au cours de la prochaine décennie, à mesure que les véhicules électriques légers deviendront de plus en plus populaires.» – Tristan R. Brown, professeur associé de gestion durable des ressources à l’Université d’État de New York, aux États-Unis
Cinq carburants de rechange
Éthanol
Produit à partir de maïs et d’autres cultures, il produit moins d’émissions de GES que les carburants conventionnels.
Électricité
Produite à partir de diverses sources telles que le charbon, le gaz naturel, l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables. L’alimentation électrique des véhicules n’entraîne pas d’émissions de gaz d’échappement, mais la production d’électricité peut produire des polluants et des GES.
Biodiesel
Composé d’huiles végétales et de graisses animales, il produit généralement moins de polluants atmosphériques que le diesel à base de pétrole.
Gaz naturel
Le gaz naturel est un combustible fossile qui produit moins de polluants atmosphériques et de GES.
Gaz propane
Aussi appelé gaz de pétrole liquéfié (GPL), c’est aussi un combustible fossile qui produit moins de polluants atmosphériques et de GES.
Source : Département américain de l’Énergie
Quatre questions à…
Tristan R. Brown, professeur associé en gestion durable des ressources à l’Université d’État de New York, aux États-Unis
Malgré la montée des véhicules électriques, les voitures à combustion interne sont susceptibles d’exister encore pendant de nombreuses années. Comment les rendre moins polluantes ?
L’augmentation continue de l’efficacité énergétique des véhicules à combustion interne réduira à la fois leurs émissions climatiques et environnementales. Les nouvelles technologies de moteur diesel réduiront de la même manière les émissions environnementales dans le transport lourd. Finalement, la rapide expansion de la production de carburant à faible émission de carbone qui est présentement en cours pour l’utilisation dans les moteurs diesel réduit déjà les émissions climatiques et environnementales des véhicules au diesel. Ensemble, ces technologies non électriques réduiront considérablement la pollution des véhicules à combustion interne dans un proche avenir.
Est-ce que les biocarburants peuvent concurrencer ou remplacer l’essence et les combustibles fossiles ?
La réponse dépend du type de combustible fossile qui se trouve à être remplacé. Le biocarburant sous forme d’éthanol est mélangé à de l’essence, ce qui signifie que la taille du marché de l’éthanol est dictée par la taille du marché de l’essence. Le marché de l’éthanol diminuera donc régulièrement à l’avenir, car le nombre croissant de véhicules légers électriques sur les routes remplacera l’essence et, par extension, la demande d’éthanol. L’électrification des véhicules lourds équipés de moteurs diesel n’est cependant pas aussi avancée, de sorte que les biocarburants sous forme de biodiesel et de diesel renouvelable qui remplacent le pétro diesel remplacent de plus en plus les carburants fossiles. Le carburant d’aviation durable sera le biocarburant le plus efficace pour remplacer les carburants fossiles à l’avenir, car le carburéacteur sera l’un des derniers carburants fossiles à être remplacé par l’électricité, si jamais cela se produit.
Que faudra-t-il pour que les biocarburants soient massivement utilisés ?
Les biocarburants de la génération actuelle tels que l’éthanol et le biodiesel ont du mal à concurrencer les carburants fossiles bon marché d’aujourd’hui si on considère uniquement le prix, et ils ont besoin de subventions qui reflètent leurs avantages climatiques et environnementaux pour être compétitifs. Les biocarburants avancés tels que le carburant d’aviation durable nécessitent également un développement technologique supplémentaire avant de pouvoir être déployés à l’échelle commerciale, et cela peut être possible par des subventions gouvernementales. Enfin, les mesures incitatives étatiques telles que la norme californienne sur les carburants à faible teneur en carbone sont efficaces pour encourager les producteurs de biocarburants à améliorer régulièrement leurs avantages climatiques et environnementaux, et le déploiement de programmes d’incitation similaires par les gouvernements nationaux renforcerait le lien entre les biocarburants et les efforts de réduction des changements climatiques.
Pouvez-vous nous donner des exemples de sociétés ou des endroits dans le monde où les biocarburants sont largement utilisés ?
La Californie est rapidement devenue un grand consommateur de biocarburants bien qu’elle soit l’une des plus grandes économies du monde. Plus de 20% de la consommation de pétro-diesel de cet État a été remplacée par les biocarburants, par exemple, tandis que l’éthanol et le gaz naturel renouvelable sont également fournis au secteur des transports en grande quantité. La Californie a réussi à faire croître rapidement son marché des biocarburants grâce à sa norme de carburant à faible teneur en carbone, et l’adoption de politiques similaires par l’Oregon et l’État de Washington devrait entraîner une augmentation de la demande de biocarburants sur la côte ouest des États-Unis.