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Le Montréal à ciel ouvert de Valérie Plante

Valérie Plante
La mairesse de Montréal, Valérie Plante prend un bain de foule avant une conférence de presse. Photo: Josie Desmarais/Métro

Je retrouve Valérie Plante au marché Atwater un samedi après-midi entre deux annonces politiques.

La mairesse sortante aime les marchés publics, celui-là pour sa proximité avec le canal Lachine. Mais elle fréquente surtout le marché Jean-Talon.

On s’est rendu compte, mon chum et moi, que quand on voyage à l’étranger, on va toujours dans les marchés. Parce que c’est là où on voit la vie locale.

Valérie Plante, mairesse sortante de Montréal

Je lui fais remarquer qu’il y a des villes où les gens vont remplir leur auto au Costco et que ça ne semble pas vraiment leur manquer, de ne pas avoir de marché public. Elle le reconnaît, tout en plaidant que ces marchés ouverts rendent aussi les villes plus sécuritaires.

«Ce qu’on sait, c’est que n’importe quel espace qui est désert, comme des stationnements abandonnés ou des terrains vacants, ça crée de l’insécurité.» Elle cite les Jardins Gamelin en exemple. «Oui, il y a des personnes en situation d’itinérance, mais il y a aussi un bar, on y fait de la danse, du yoga… Moi, cette idée de cohabitation sociale, j’y crois. Parce que dans une ville, il y a toute sorte de monde.»

Pendant qu’on parle dans une allée, un homme élève la voix pour se plaindre qu’on lui bloque le passage. Il y a du trafic, ici, au marché, «comme partout en ville», lance-t-il en nous dépassant.

«Il a fait passer son message», réagit la mairesse sortante sans sembler s’offusquer.

Je ne suis pas surprise, je sais que ce genre de reproche lui est souvent fait. Je sais aussi que ce n’est pas l’avis de tous. Quelques jours plus tôt, alors que je faisais une entrevue devant l’hôtel de ville, un homme m’a apostrophée en me disant qu’il venait de l’accueil Bonneau. Il m’a demandé si c’était bien Valérie Plante qu’on voyait de loin sur le perron de l’hôtel de ville de Montréal en train de donner une conférence de presse. Je lui ai répondu que oui, et il m’a expliqué être venu exprès pour la voir. «Je suis un fan!»

Valérie la vigilante

Tout au long de la rencontre, même avant l’interruption bourrue, la politicienne m’apparaît toujours très alerte par rapport à l’espace qui l’entoure: elle suggère qu’on se déplace un peu pour ne pas bloquer l’entrée d’un commerce, elle tient à ce qu’on s’informe pour savoir si on peut ou non retirer nos masques dehors, elle met en garde le caméraman qui marche à reculons pour nous filmer…

Je reconnais en elle une attitude présente chez beaucoup de femmes, politiciennes ou non. Une conscience constante de l’environnement autour et l’autosurveillance aiguisée qui en découle.

Ni l’un ni l’autre de ces traits ne semble toutefois la décourager de vouloir occuper l’espace. Après avoir été la première femme à obtenir un mandat à la mairie de la métropole, elle en redemande.

Que pense-t-elle du fait d’être la seule femme dans la course? «Je suis un peu déçue», dit-elle.

Ça me fait un peu peur, parce que je ne veux pas être l’exception qui confirme la règle.

Valérie Plante, mairesse sortante de Montréal

Un portrait de la ville en vert et bleu

Nous nous rendons au centre-ville, sur Sainte-Catherine, où elle achète des fleurs locales avant qu’on reprenne l’entrevue. Je lui demande quel serait son centre-ville idéal, dans un monde idéal.

«Avec du vert partout!»

Elle aimerait pouvoir verdir les toits, en faire des terrasses, des marchés publics, des refuges pour personnes vulnérables… et réhabiliter des rivières souterraines qui ont été enfouies au fil du développement.

Il y a des villes, en Europe, qui ont commencé à ressortir des rivières, avec des aménagements sur les bords, et ça vient complètement changer les quartiers.

Valérie Plante, mairesse sortante de Montréal

Elle m’apprend qu’à l’emplacement de la rue Larivière, dans le Centre-Sud, entre Fullum et Parthenais, il y avait autrefois une rivière. Et c’est pour ça que la rue a été nommée ainsi.

Je lui demande si elle a l’impression que sa vision de la ville plaît davantage aux jeunes qu’aux vieux. Un sondage de Métro en septembre l’associait aux moins de 40 ans, et donnait une avance à Denis Coderre chez les plus de 40 ans. Mais non, elle ne perçoit pas de clivage générationnel, m’assure-t-elle. D’autant plus que la boucle se boucle d’elle-même: ce sont souvent les personnes aînées qui vont lui dire «ben là, là, faut penser à nos enfants!»

Une date au mont Royal

Nous nous rejoignons finalement au lac aux Castors, dans le parc du Mont-Royal. La montagne est le poumon collectif des Montréalais, mais aussi leur «grande cour arrière», considère-t-elle. Elle fréquente cette cour publique depuis son arrivée dans la métropole, quand elle vivait sur un 3e étage avec un tout petit balcon. Elle y amenait ses dates et elle «allait aux tamtams».

Elle voit dans l’attachement des citadins aux parcs «une volonté de démocratie verte», au sein de laquelle tous peuvent socialiser.

Il y a des gens qui ont la chance d’avoir une belle cour en arrière, mais il y a plein de gens qui n’en ont pas.

Valérie Plante, mairesse sortante de Montréal

Une constante m’apparaît quant à la vision de la métropole de la mairesse sortante, qu’elle évoque les parcs, le transport ou les marchés publics: Valérie Plante aime que la ville soit mise en commun. Elle aime qu’on s’y expose, qu’on s’y frotte les uns aux autres.

Heureusement pour elle, la pandémie tire à sa fin.

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