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Le techno en Afrique : une ruée vers l’or

Photo: Glyn Riley

Hors du campus de l’Université d’Addis-Abeba, les chiens errants traînent dans les rues, alors que de jeunes garçons mènent des chèvres. L’Éthiopie est plus connue pour l’aide internationale contre la famine que pour ses firmes de haute technologie. En effet, des millions de personnes dans le sud du pays meurent de faim à nouveau.

Pourtant, à l’intérieur du campus, des étudiants munis de leur iPad sont réunis dans une remorque qui dispose d’une connexion WiFi et d’un espace de travail (mais pas de toilettes). Un d’entre eux, Nathaniel Gossaye, 21 ans, présente sa nouvelle application sur un iPad emprunté – le sien a récemment été volé.

«C’est un guide touristique d’Addis-Abeba, explique-t-il. On clique sur les attractions pour avoir leur emplacement, leur numéro de téléphone et leur site internet, si elles en ont un. On peut même les appeler directement.» Bien sûr, peu de touristes s’aventurent autour de la capitale éthiopienne, encore moins avec un iPad. Mais Gossaye reste optimiste : «On n’a pas besoin d’un iPad ou d’un iPhone pour utiliser mon application. Nokia fonctionne aussi bien.»

L’Afrique arrive au XXIe siècle avec l’aplomb d’une personne participant à une ruée vers l’or. «Évidemment, beaucoup d’Africains veulent toujours partir, mais les gens les plus créatifs restent ou reviennent, observe Markos Lemma, cofondateur du concentrateur iceaddis. Un de mes amis a étudié la conception d’applications en Finlande. Il vient tout juste de revenir au pays parce qu’il voit plus de potentiel ici.»

Sarah Yusuf, une conceptrice et architecte de 29 ans, est revenue récemment de ses études en Allemagne et en Chine : «L’Éthiopie est comme une grande start-up. À chaque pas qu’on fait dans la rue, on voit quelque chose de nouveau. J’aime ça.»

«Faire du café n’a rien d’innovant»

Que fait exactement votre concentrateur pour les jeunes Éthiopiens?
Depuis que nous sommes dans le campus de l’université d’Addis-Abeba, nous aidons surtout les étudiants qui veulent démarrer des compagnies, mais qui ne connaissent pas bien le monde des affaires. Nous sommes un lien entre l’université et le monde.

Le ministère de l’Éducation nous a donné le mandat de créer le plus de start-up possible. Nous sommes cependant prudents quant à ceux que nous invitons. Faire du café est une bonne idée qui peut générer des profits, mais ce n’est pas une innovation. Les membres potentiels doivent faire un argumentaire de vente, et s’ils passent, nous agissons tel un incubateur. Nous aidons nos membres à créer des prototypes et nous les présentons à des investisseurs.

Les applications pour téléphones cellulaires sont vues comme une sphère en forte croissance. Êtes-vous d’accord?
Absolument. Chaque semaine, nous tenons un atelier pour les concepteurs d’applications. Les membres peuvent faire du réseautage avec des compagnies et des investisseurs potentiels.

La majorité de nos membres créent des applications pour les téléphones Android. C’est le type de téléphone le plus acheté par les Africains, parce qu’il est moins cher que le iPhone. Mais beaucoup de gens ne savent pas comment faire de l’argent avec leurs téléphones, parce que la carte de crédit et le système bancaire ne sont pas vraiment développés en Éthiopie. Alors, ils essaient de trouver des moyens différents pour que les concepteurs puissent facturer leurs applications mobiles. Nous avons l’intention d’étendre notre concentrateur à d’autres villes éthiopiennes.

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