Partager une voiture? Pourquoi pas!
Vous en avez assez des mauvaises nouvelles à l’égard de la ville, de la congestion routière et de l’environnement? Voici de bonnes nouvelles! Trois tendances me donnent (enfin!) l’espoir que mes enfants connaîtront des villes plus propres et sécuritaires que celles d’aujourd’hui. Ces tendances sont l’électrification, l’automatisation et le partage de véhicules. Je vous parle aujourd’hui du partage.
Les écolos font la promotion du cocktail transport depuis de nombreuses années. L’idée derrière ce concept est simple: aucun mode de transport écologique ne peut concurrencer (seul) la voiture solo. Une voiture nous offre un service porte-à-porte pour faire notre épicerie, aller au boulot ou partir à la plage en Floride! Difficile à battre! Pourtant, le cocktail transport offre un service presque égal mais à un prix bien inférieur, en combinant transport collectif, vélo et partage de voiture (autopartage). Le troisième ingrédient est le nerf de la guerre. Sans lui, on oublie le service porte-à-porte.
Lorsque j’ai lancé les premières campagnes de sensibilisation sur le cocktail transport, partager une voiture au Québec signifiait soit de prendre un taxi soit de louer une voiture chez une entreprise de location traditionnelle. Il était donc possible de bénéficier de la flexibilité d’une voiture pour un court trajet urbain ou pour un voyage d’au moins une journée. Il devenait toutefois très dispendieux d’utiliser une voiture pour des trajets de distance et de temps moyens (entre 20 et 200 km et moins de 24 heures). En effet, rares sont les gens qui prennent des taxis pour aller travailler tous les jours ou qui louent une voiture (pour 24 heures) pour aller jouer au hockey le dimanche soir!
Or les téléphones intelligents ont permis au partage de voitures au Québec et dans le monde de connaître un essor exponentiel. Les Communauto, auto-mobile, Lyft, Uber, Turo et autres start-ups multiplient les façons d’utiliser une voiture – avec un chauffeur ou que l’on conduit soi-même – à des prix et selon des modalités de plus en plus accessibles.
La tendance est tellement importante que plusieurs manufacturiers de voitures (GM, Ford, Daimler/Mercedes-Benz, Tesla) achètent ou lancent maintenant des entreprises d’autopartage. GM déclarait récemment que le marché mondial du partage de voitures, qui compte déjà des millions d’utilisateurs, doublera au cours des deux prochaines années.
Grâce au partage de véhicules, je peux facilement avoir trois enfants en bas âge sans posséder de voiture. J’en utilise pourtant à chaque semaine: je loue une (grande) voiture pour que l’on puisse partir les cinq en vacances à la mer, je réserve une Car2Go pour aller à une rencontre en banlieue et lorsque le camp d’été me demande de venir chercher ma fille à 100 km de la maison, je réserve en 30 secondes une Prius C de Communauto; deux heures plus tard, ma fille est à la maison et un autre usager utilise déjà la Prius. Très efficace!
En revanche, je ne paie pas pour une voiture lorsque je n’en ai pas besoin et je ne passe jamais de temps à magasiner des accessoires ou des garagistes.
Je vous entends dire: «Bien facile lorsqu’on habite un quartier central» et vous avez raison. Il n’y a toutefois aucune raison pour que l’on ne puisse pas trouver ces services dans toutes les villes et banlieues du Québec. Il ne s’agit que d’une question d’offre et de demande. Plus il y aura de clients, plus il y aura de services et plus il deviendra intéressant de devenir client. Ce n’est qu’une question de temps.
En partageant, on réduit drastiquement le nombre de voitures sur les routes. À titre d’exemple, si tous les Québécois étaient membres de Communauto, le nombre de véhicules privés passerait de 4,5 millions à 450 000! Bye bye l’heure de pointe!
L’automatisation viendra accélérer cette tendance et l’électrification des véhicules au Québec éliminera la pollution atmosphérique et sonore des véhicules restants.
Mais des trois tendances, le partage est celui qui pourrait nous amener les plus grands bénéfices à court terme. Reste à voir si nos gouvernements permettront à ces services de prendre toute la place qui devrait leur revenir…