Il rêve d’ouvrir une «banque haïtienne» à Montréal
Un chef d’entreprise originaire de Montréal-Nord rêve d’ouvrir une banque qui pourrait investir dans les projets entrepreneuriaux de la communauté noire et haïtienne, mais aussi faciliter les transferts d’argent entre Haïti et le Québec.
«Peu de banques actuellement au Canada ont une sensibilité sur le quotidien de notre communauté, car on est très peu représenté dans les directions de ces institutions. Ça ne les pousse pas à investir ou à sortir du lot, dans une marée de projets, ceux de notre communauté», assure Greg Excellent.
Ce dernier, fondateur de Capital Plus en 2012, n’est pas un inconnu dans le domaine de la finance. Spécialisée dans les prêts et la gestion de patrimoine, son entreprise compte une centaine de clients et aurait déjà consenti à une valeur de prêts de plus de 800 000$ depuis sa création, selon des données fournies par la firme installée dans l’incubateur du 3737 boulevard Crémazie.
Natif de Montréal-Nord, Greg Excellent, 40 ans, a «un rêve qui est devenu concret»: ouvrir une banque à Montréal-Nord ou dans le quartier de Saint-Michel, en plein cœur de l’importante communauté haïtienne de Montréal.
«Toutes les banques ont des vocations différentes. Nous-aussi, on voudrait orienter nos investissements selon nos idées: investir auprès de notre communauté», clame-t-il.
«Pas une idée folle»
Alors qu’il assure être, depuis plus de cinq ans, en contact avec de potentiels partenaires, mais également des particuliers «qui font de bons salaires», Greg Excellent veut «regrouper toutes ces personnes prêtes à investir pour créer une structure qui pourrait générer un tel projet.»
Même s’il reconnaît des contraintes pour sa concrétisation, l’ex-responsable du financement lors de la campagne électorale de Kerlande Mibel (Projet Montréal) à Montréal-Nord se montre optimiste.
«Apporter les fonds nécessaires (voir ci-dessous), ce ne sera pas facile, mais ce n’est pas une idée folle. On a les outils pour le faire. La communauté en a besoin et le réclame. Elle a longtemps été laissée pour compte et veut se prendre en main.»
«C’est une idée intéressante et un projet viable. Il est nécessaire que la communauté noire, et pas seulement haïtienne, ait sa richesse à elle. Avoir des leviers financiers pour notre communauté, c’est un besoin. En regroupant nos richesses, qui sont réelles, on pourrait investir et permettre de développer de nouvelles PME.»
Marjorie Villefranche, directrice de la Maison d’Haïti de Montréal
Investir dans une grande surface d’alimentation haïtienne ?
Prenant en exemple la communauté chinoise «qui est dynamique et qui a assemblé ses forces», Greg Excellent imagine l’un des premiers investissements d’envergure.
«À Montréal-Nord, il y a de multiples petits commerces d’alimentation, spécialisés dans la cuisine haïtienne. Mais il n’y a aucune grande surface. On pourrait concentrer ce capital et le réinvestir.»
Un lien avec Haïti
Disponible pour tous les citoyens qui pourraient y ouvrir un compte en banque, cette institution financière pourrait également permettre des transferts monétaires vers Haïti à coût réduit.
«J’aimerais que l’on crée un lien avec une banque installée sur place, explique le patron de Capital Plus. On pourrait réduire les frais, faciliter ces transferts d’argent qui sont très nombreux au sein de notre communauté. On pourrait aussi, par ce biais, financer des projets d’investissement en Haïti ou même en Afrique.»
Greg Excellent fixe l’ouverture de cette banque «d’ici les trois prochaines années.»
Quelles conditions pour ouvrir une banque ?
Selon un document fourni par le Bureau du surintendant des institutions financières du Canada, une institution financière fédérale (IFF) «est tenue de déposer un montant d’au moins cinq (5) millions de dollars canadiens en capital d’apport, ou un montant supérieur précisé par le Ministre (des finances) avant que l’ordonnance ne soit délivrée.» Un «plan de capitalisation et des cibles internes de fonds propres proposés» doit également être fourni.