L’«ubérisation» de l’aide aux travaux universitaires
Après l’application pour faire déneiger son entrée, voici helpr, l’application qui permet de se faire aider dans ses travaux universitaires ou de monnayer son savoir.
Lancée en janvier à l’Université McGill, l’application couvrira, à la mi-septembre, les trois autres universités montréalaises et l’Université Laval.
Voici comment ça fonctionne: vous êtes à la bibliothèque et vous coincez, par exemple, sur un problème avec le tableau de nomenclature chimique du cours AECH111. Vous tapez alors le numéro du cours dans l’appli helpr pour vérifier si d’anciens élèves ayant obtenu au minimum A- dans ce cours sont intéressés à vous aider.
Vous pouvez ensuite indiquer vos besoins en termes précis et où vous souhaitez organiser la rencontre, ainsi qu’une plage horaire de disponibilités. Le premier «helpr» qui vous répond remporte le contrat. Il vous facturera 35 cents la minute (21$ l’heure), auxquels s’ajoute des frais fixes de 2,50$. Les fondateurs de l’application gardent 20% de cette somme. Il est aussi possible d’organiser la rencontre par vidéo interposée.
«Nos tarifs sont environ 50% moins chers que les tuteurs traditionnels qui offrent leurs services sur le campus. Mais surtout, le service est facturé à la minute, et on peut obtenir de l’aide dès qu’on en a besoin. C’est beaucoup plus flexible qu’un tuteur traditionnel», explique Michael Hasenfratz, qui a développé l’application de A à Z.
Pourquoi avoir choisi McGill pour commencer? «À Montréal, c’est le campus où il y a le plus de vie communautaire et où les étudiants habitent le plus proche les uns des autres, donc ça favorise la réactivité», explique Julien Nolin, spécialiste en développement des affaires et membre du trio de fondateurs.
À McGill, helpr compte des «aidants» dans plus de 300 cours. Contrairement à l’application HelpHub (déjà présente sur plusieurs campus au Canada), helpr ne fait pas affaire avec des tuteurs extérieurs aux campus. À l’inscription, ceux-ci doivent fournir une adresse courriel valide de l’université et télécharger les notes qu’ils ont obtenues dans les cours pour lesquels ils comptent offrir leurs services. Une brève entrevue téléphonique permet de vérifier leurs capacités de vulgarisation.
Est-il possible que l’application favorise la sous-traitance illégale de travaux, qui est considérée comme de la fraude? «Nos “helpr” signent un code de bonne conduite. Et comme ils sont encore rattachés à l’université, le risque est bien plus grand pour eux», répond Emmanuel Cohen, qui gère le volet financier du projet.
Du côté de l’Université McGill, le premier vice-recteur exécutif adjoint, Ollivier Dyens, dit «apprécier l’idée de base du logiciel, soit l’entraide entre étudiants». Il indique aussi que «l’université a des réserves quant à la commercialisation de leur collaboration» et qu’elle se questionne sur le respect de la vie privée. «Nous ne pensons pas que cela augmenterait le plagiat […] Cela étant, nous regarderons de près comment le logiciel pourrait être utilisé», conclut M. Dyens.
En règle?
- L’économie du partage n’a pas toujours bonne réputation, notamment auprès du fisc, qui craint que les revenus ne soient pas déclarés.
- helpr dit qu’elle fournit tous les documents nécessaires à la déclaration d’impôts.