Les taxis s’unissent et montent aux barricades
Les chauffeurs de taxi du Québec montent aux barricades contre l’entente conclue la semaine dernière entre le gouvernement du Québec et Uber pour encadrer les activités d’Uber. Ils déposeront une injonction jeudi contre ce projet pilote qu’ils estiment illégal.
Le dépôt de cette injonction sera précédé de l’envoi d’une mise en demeure mercredi demandant au gouvernement la résiliation du projet pilote d’Uber.
Les différents groupes de l’industrie du taxis, dont le Regroupement des travailleurs autonomes Métallos (RTAM) et le Comité provincial de concertation et de développement du taxi (CPCDT), se sont rencontré mardi matin à Montréal pour discuter de leur plan d’action en réaction au projet pilote négocié entre Québec et Uber.
«Ce que le gouvernement fait présentement, c’est de la discrimination», a lancé mardi Guy Chevrette, porte-parole du CPCDT, lors d’un point de presse. Il explique que le gouvernement leur avait toujours promis une loi équitable et «qu’il n’y aurait pas deux régimes». «Mais on peut prouver en tout temps qu’il y a deux régimes présentement, ajoute-t-il. Le gouvernement a beau dire que cette entente est légale, on a les preuves qu’elle ne l’est pas», précise-t-il sans donner plus de détails.
Les chauffeurs ont formé un «comité spécial» qui sera responsable de décider des moyens de pression à mettre en place. «On en a envisagé beaucoup et on n’en exclut aucun», a précisé M.Chevrette. Les regroupements de chauffeurs ont convenu également du financement de leurs actions.
Le projet pilote n’est toutefois pas encore en vigueur. L’arrêt ministériel, qui le mettra à exécution, doit d’abord être publié (à un moment qui n’a pas encore été dévoilé), et les modalités du projet pilote doivent être publiées sur le site internet du ministère des Transports et de la Commission des transports au moins 20 jours avant son entrée en vigueur.
Le ministre des Transports, Laurent Lessard, a précisé lundi que c’était à la discrétion des autorités policières d’appliquer la règlementation jusqu’à l’entrée en vigueur du projet pilote. Trois saisies de voitures Uber ont effectivement été réalisées à Montréal jeudi dernier, soit après la signature de l’entente, par le Bureau du taxi de Montréal (BTM). Le BTM dit avoir appliqué la loi concernant le service de transport par taxi, puisque le projet pilote n’est pas encore en vigueur, et estime qu’Uber est actuellement «en dehors du cadre légal».
«Ils fonctionnent toujours dans l’illégalité puisque le projet pilote en soi n’est pas effectif, ce qui fait en sorte qu’on est en mesure d’appliquer la loi 100 qui est entrée en vigueur le 8 septembre dernier», a pour sa part confirmé le porte-parole de Contrôle routier Québec, Éric Santerre, en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.
Selon le dernier relevé disponible mardi, les inspecteurs du contrôle routier étaient intervenus auprès de 12 chauffeurs d’Uber, trois à Québec et neuf dans la périphérie de Montréal, alors que le Bureau du taxi de Montréal avait fait de même dans trois cas sur l’île de Montréal. Dans tous les cas, les chauffeurs d’Uber ont reçu un constat assorti d’une amende et de frais totalisant 3750 $, leurs véhicules ont été saisis pour sept jours et leurs permis de conduire suspendus pour la même durée. Uber Canada s’est également fait signifier des constats d’infraction pour chacun des chauffeurs interpellés.
«Si le ministre confirme que l’entente n’est pas en vigueur et que Uber est illégal, pourquoi Uber continue de travailler illégalement sur le territoire? On demande la résiliation pure et simple de cette entente», a affirmé à Métro Benoît Jugand, porte-parole du RTAM.
«Si le ministre avait du guts et de honnêteté politique, il dirait à Uber d’arrêter tout de suite ses activités s’il veut être pris au sérieux par le gouvernement avant le dépôt du protocole», a ajouté M.Chevrette.
Le cabinet du ministre des Transports indique qu’Uber a l’obligation de se conformer pour l’entrée en vigueur du projet pilote, mais qu’il y a une période de prépublication à respecter avant. «La situation va se stabiliser après la prépublication», indique Mathieu Gaudreault, attaché de presse du ministre. Donc les chauffeurs Uber ne sont pas légaux en ce moment? «Quoi qu’il en soit, ils le seront bientôt», répond M. Gaudreault.