La consultation sur les violences sexuelles critiquée
Plusieurs intervenants jugent «précipitée» la démarche de consultation sur les violences sexuelles du ministère de l’Enseignement supérieur, annoncée le 17 novembre, qui demande aux universités et aux cégeps d’avoir consulté leur communauté et déposé un bilan pour le 6 janvier.
En réponse à cette demande, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a incité lundi ses étudiants et les autres membres de sa communauté à remplir un sondage en ligne. «L’échéance fixée par la ministre pour compiler les résultats étant très serrée, vous êtes invités à remplir ce questionnaire au plus tard le 14 décembre 2016», peut-on lire dans le courriel de l’université.
Les questions suggérées par le ministère exigent que les répondants se prononcent sur diverses mesures de lutte contre les violences à caractère sexuel. Les réponses issues des établissements d’enseignement doivent alimenter les discussions au cours des cinq journées de réflexion qui se tiendront cet hiver.
Sandrine Ricci, doctorante en sociologie, chargée de cours à l’UQAM et coordonnatrice du Réseau québécois en études féministes, doute de la qualité de ce processus. «C’est une approche qui est imposée à la fin de la session, deux semaines avant Noël, alors que les étudiants et les employés sont dans un tourbillon. Ce n’est pas sérieux», a déploré mardi la co-chercheuse du projet ESSIMU, une large enquête faisant le portrait des violences à caractère sexuel en contexte universitaire au Québec, dont le rapport doit être publié en janvier.
«Cette problématique exige qu’on prenne le temps de bien faire les choses.» – Sandrine Ricci, coordonnatrice du Réseau québécois en études féministes
Paradoxalement, Shanie Morasse, déléguée du Syndicat des étudiants employés (SÉTUE), estime que cette démarche de consultation retarde la révision de la politique de l’UQAM contre le harcèlement sexuel par un comité dont elle fait partie. Depuis le début de 2016, ce comité a pour mandat d’y intégrer toutes les formes de violence sexuelle.
«Nos temps de réunion ont été pris par la préparation de cette consultation. Les membres du comité voulaient qu’on écrive une lettre à la ministre [Hélène David] pour lui dire que les délais sont déraisonnables. Mais l’UQAM ne nous a pas écoutés», a rapporté Mme Morasse, qui déplore plus généralement la lenteur des travaux d’adoption de la nouvelle politique.
Selon Mme Ricci, le rapport de recherche ESSIMU recommandera l’adoption de politiques claires en matière d’agression sexuelle dans les universités, notamment pour multiplier les façons de signaler les comportements problématiques. Lors de la dernière année, les universités McGill et Concordia ont adopté des nouvelles politiques à ce sujet, alors que l’UQAM et l’Université de Montréal y travaillent.
Il n’a pas été possible, mardi, de savoir si les autres universités du Québec ont entamé les consultations auprès de leurs communautés.