Un déversement de carcasses d’animaux remet Sanimax sur la sellette
Un déversement de restes d’animaux ravive la grogne de résidents de Rivière-des-Prairies envers l’entreprise de récupération de sous-produits alimentaires Sanimax.
Mardi soir dernier, le contenu d’une remorque se dirigeant à l’usine de Sanimax s’est partiellement déversé sur le sol à l’angle des boulevards Maurice-Duplessis et Rivière-des-Prairies. Selon l’entreprise, la remorque conduite par le chauffeur d’un fournisseur était couverte d’une toile qui s’est déchirée après que le chauffeur dut freiner brusquement.
Cependant, tout était ramassé par Sanimax en une heure, fait valoir le directeur général Eric Caputo.
«On comprend que certains citoyens soient déçus. Le fournisseur a été mis au courant, un plan de mesures correctives lui est demandé et des mesures administratives seront prises contre l’entreprise fautive», a assuré M. Caputo, au lendemain des faits.
«Estomac à l’envers»
Plusieurs internautes ont publié des photos de l’incident sur Facebook. L’une d’eux, Rosanna Ang, raconte avoir eu «l’estomac à l’envers» en voyant et en sentant les carcasses.
«Sanimax doit changer sa façon de faire les choses, pas juste s’attaquer aux odeurs l’été», a indiqué Mme Ang.
Avec «deux à sept déversements» sur «20 000 camions» circulant dans le secteur chaque année, Sanimax a tout de même «une bonne moyenne au bâton», fait valoir son directeur général.
«Inacceptable», pour la mairesse
La mairesse de l’arrondissement juge le déversement «absolument inacceptable», «intolérable» et injustifiable.
Chantal Rouleau réclame de Sanimax un «plan d’action concret à court terme» afin, notamment, de résoudre les litiges judiciaires qui durent depuis des années entre la Ville et l’entreprise.
«J’ai appelé le président de Sanimax et lui ai demandé d’agir dès maintenant et de donner instruction à ses avocats pour qu’ils contactent ceux de la Ville.»
«Là, ça suffit. Rien ne justifie qu’un camion renverse son chargement de carcasses d’animaux morts sur un stationnement ou dans une rue.»
– Chantal Rouleau
Couvrira, couvrira pas
Depuis le début mai, des internautes signalent le passage de camions de carcasses non couverts près de l’usine de Sanimax. C’est que la Ville veut obliger l’entreprise à couvrir tous ses camions, ainsi que ceux de ses fournisseurs, ce que conteste Sanimax devant les tribunaux.
«Ça fait 60 ans qu’on est là et tout d’un coup, ce n’est plus correct que ces camions-là n’aient plus de toit. Pourquoi? La question mérite d’être posée.» – Eric Caputo, directeur général de Sanimax
Selon M. Caputo, seul un petit nombre de camions ne sont pas couverts, soit ceux qui transportent de la matière comestible provenant de boucheries.
Problème persistant
Accusée depuis des années d’empuantir l’air de résidents de Rivière-des-Prairies, l’entreprise Sanimax assure qu’elle tente «le mieux possible d’avoir une cohabitation harmonieuse».
«Il faut arrêter de penser que Sanimax n’est pas responsable», clame le directeur général de l’entreprise de récupération de sous-produits agroalimentaires, Eric Caputo.
Comme il l’a déjà fait, M. Caputo évoque des investissements de 70 millions de dollars en 15 ans dans les transports et l’usine d’équarrissage de Sanimax à Montréal. Il ajoute que l’entreprise a l’intention d’emprunter une bretelle aménagée par l’arrondissement dans la 7e Rue afin d’éviter le très passant boulevard Maurice-Duplessis.
En outre, afin de contrôler les odeurs, elle ne ferme pas la porte à l’installation de filtres à charbon dans ses camions. Toutefois, «il faut prendre le temps de bien regarder les choses» en ce qui concerne cette technologie peu répandue, dit M. Caputo.
Grogne envers les élus
En cette année électorale, la grogne se tourne maintenant vers les élus, selon un porte-parole du Mouvement Citoyens de RDP.
«C’est triste parce que je sais que la Ville essaye de faire de quoi contre cette société-là, mais […] le silence de notre mairesse, de l’Équipe Coderre en général et des députés provincial et fédéral face à nos cris répétés fait en sorte que les citoyens se sentent laissés à eux-mêmes», estime Elias J. Elias.